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Jean-Paul Gratias (Autre)
EAN : 9782869300897
250 pages
Payot et Rivages (01/09/1987)
3.83/5   97 notes
Résumé :
Quand on mesure un mètre cinquante avec des talonnettes, qu'on parait dix-sept ans au lieu des trente qu'on croit avoir, qu'on est presque aveugle et en train de crever de tuberculose, on a du mal à se faire prendre au sérieux. Mais ce n'est sûrement pas par hasard si c'est à vous qu'on offre 30.000 dollars pour descendre un mafioso trop bavard. Et ce n'est pas par hasard non plus que deux superbes filles vous tombent dans les bras, même si l'une d'elles souffre d'u... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Jim Thompson fait partie de mes auteurs favoris, il excelle dans l'art de créer des atmosphères dérangeantes et ambiguës.
Pour nuit de fureur il va une fois de plus se montrer captivant, les personnages qu'il nous propose de suivre sont assez originaux pour tout dire.
Un tueur à gage tuberculeux d'1,50 mètres de haut au passé tourmenté, une jeune servante handicapée, une cible paranoïaque, un shérif méfiant et assez tordu, un bon samaritain probablement trop sympa pour être ce qu'il paraît être et bien sûr la femme fatale de service.
Une construction impeccable comme d'habitude, lente et progressive à souhait, un contexte assez étouffant, un contrat à exécuter mais la paranoïa s'installe et tout ne sera pas aussi simple que ça.
Je referme pourtant ce livre avec une pointe de déception, je suis ma foi un peu désappointé par une conclusion qui m'a déçu, je n'expliquerai pas pourquoi bien sûr, je n'exprime qu'un ressenti.
4 étoiles quand même pour les 90% qui m'ont ravi et dans lesquels j'ai trouvé le Jim Thompson que j'aime !
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-Toujours très en avance sur son temps, Thompson délocalise l'auberge espagnole à Peardale en Amérique dans une version pour estropiés en tous genres :

-Héros malgré lui, Carl Bigelow, talonnettes au pied pour rehausser son petit mètre cinquante, de multiples dentiers pour cacher ses dents complètement pourries, toujours un mouchoir à la main pour masquer les effets sanglants de la tuberculose, débarque dans une pension de famille dans un état de santé très précaire malgré son allure qui parait toujours juvénile.

-Originaire de l'Arizona, Carl est un dangereux criminel qui ment comme il respire et qui se fait passer pour un nouvel étudiant dans la ville de Peardale pour mieux exécuter le propriétaire de la pension Jake Winroy, un mafieux rongé par l'alcool depuis qu'il a préféré se mettre à table avec les flics.

-Mais, loin de se concentrer uniquement sur son contrat, Carl est obnubilé par la présence de deux femmes, Fay maîtresse de maison qui tarifie avant tout le travail de maîtresse et Ruth, femme de ménage s'aidant de sa béquille coincée sous son aisselle pour se déplacer, qui s'avère être l'alter ego handicapé au féminin de Carl Bigelow.

-Pour compléter le tableau de personnages haut en couleur, M Kendall, propriétaire plutôt mystérieux d'une fabrique de pains, devient le confident de Carl et son mentor pour le protéger des attaques répétées du shérif de la ville.

-Sans lâcher Carl d'une semelle (compensée), l'auteur nous délivre tous les faits et gestes du tueur à gages qui semble au bout du rouleau après toutes ces années à échapper aux autorités américaines.

-Ouvertement provocateur, Jim Thompson se veut le dénonciateur de tous ces gens, défavorisés par leur physique (je pense également à la peau noire ou au sang indien dans d'autres romans), qui sont montrés du doigt et humiliés en public.

-N'ayant pas été convaincu par la fin, j'ai tout de même pris beaucoup de plaisir à lire cette oeuvre aux dialogues magnifiquement ciselés par le maître du roman noir mais qui n'atteint pas les sommets de la littérature noire comme «L'assassin qui est moi» ou «Rage noire».

Cela étant, un Jim Thompson reste un Jim THOMPSON
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Lorsque Carl Bigelow arrive à la pension Winroy de Peardale c'est pour tuer le propriétaire, Jake Winroy.
Tuer certes mais de façon élégante afin d'éviter que le meurtre puisse être considéré comme un règlement de compte.
Jake est un lâche et une balance. C'est aussi un poivrot invétéré.
Trouver une solution pour le descendre ne sera pas si facile que cela aussi Carl, pour brouiller les pistes, éventuelles, s'inscrit à la fac et cumule un emploi à la boulangerie industrielle dont le dirigeant est, également, un client de la pension Winroy.
Carl trouve la faille en séduisant l'épouse Winroy. Mal lui en pris car le commanditaire de l'assassinat l'apprenant sera tout sauf satisfait de cette méthode d'approche de la future victime.
Chasseur proie, proie chasseur et si la donne changeait de sens?
Qui connaît Thomson sait que ce n'est jamais une intrigue simple. L'écriture, elle même, n'échappe pas à une certaine complexité. C'est le cas ici, difficile au départ, détails et explications, mise en route peut-être nécessaire pour l'histoire mais pas forcément pour le lecteur. Dire que c'est mal écrit, que nenni, c'est tout le contraire! Ajouter à cela que l'auteur excelle dans les personnages sortant du commun des mortels : alcooliques, monstres, déjantés, nymphomanes, simples d'esprits, etc. cela donne un ouvrage réussi au final et un moment de lecture loin d'être désagréable. Il est normal de penser que Jim Thomson est un auteur hors du commun, Ses intrigues sont bâties sur une construction lente et étouffante à l'extrême pour aboutir, à une conclusion, une fin que l'on espérerait heureuse mais qui, jamais, ne se terminera autrement que dans la douleur, l'improbable, l'infernal.
Il valait quand même d'être lu.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Un écrivain déjanté déclare à Carl : « Oui, l'enfer existe, mon garçon, et il n'est guère besoin de creuser pour le trouver. » Un si mauvais augure ne saurait effrayer un homme qui est né dans la mélasse. Issu d'une famille de quatorze enfants durement touchée par la crise, il a traversé les Etats-Unis en accumulant les petits boulots et les crimes… Il se nomme en réalité Charlie (Little) Bigger et il est connu comme étant le tueur à gages le plus meurtrier, le plus insaisissable de l'histoire du crime. le « Little » fait référence à sa petite taille qu'il corrige tant bien que mal avec des talonnettes. Il s'est mis au vert pendant plusieurs années dans une station service de l'Arizona. Mais un parrain de New York a retrouvé sa trace et lui a confié un contrat. Il doit se rendre à Peardale et se faire héberger dans une pension. Jake Winroy, le propriétaire des lieux, est le témoin numéro un d'un scandale de paris truqués. le procès approche et il faut le faire taire, tout en s'arrangeant pour que ça ne ressemble pas à un meurtre. Carl doit donc trouver le moyen de le supprimer tout en restant insoupçonnable. La pension est gérée par son épouse, Fay, une belle femme qui garde dans la voix les accents d'un passé trouble. Une bonne difforme nommée Ruth s'occupe des tâches ménagères. Carl va faire la connaissance d'un autre pensionnaire, M. Kendall, qui est l'incarnation même de la probité et de la dignité. Carl va être rapidement apprécié par tous. Un peu trop peut-être…

Les vingt premiers chapitres sont noirs et tortueux à souhait. Carl multiplie les boniments et les manipulations pour apparaître comme un jeune étudiant au-dessus de tout soupçon. Il doit faire face à une triple pression : ne pas être démasqué par le shérif, ne pas contrarier un employeur intraitable et faire face aux attaques de la tuberculose. Les personnages du roman sont corrompus, manipulateurs, alcooliques, vénaux ou naïfs. Et quand ce n'est pas l'âme qui est détraquée, c'est le corps qui se révèle difforme et monstrueux. Mais alors qu'il a construit un récit alambiqué, Jim Thompson choisit une fin inattendue que je ne peux pas dévoiler. Mais vous l'avez deviné, le titre est explicite, la fin du roman est sombre et dérangeante. L'enfer existe bien et il n'est guère besoin de creuser pour le trouver
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Le polar pour les Nuls en disait le plus grand bien, signalant même que si on ne devait lire qu'un seul Jim Thompson, c'était celui-là qu'il fallait choisir.

Niveau noirceur, on baigne dedans, mais niveau "roman qui met le lecteur mal à l'aise", The Killer Inside Me (L'assassin qui est en moi) du même auteur était plus dérangeant, plus glauque, plus froid.

L'Amérique Profonde, je la connais, je l'ai explorée mainte et mainte fois, on devrait l'inscrire sur mon passeport lecture, tiens.

Ne me demandez pas pourquoi c'est celle que j'aime le plus, mais en tout cas, j'adore jouer à la voyeuse et regarder le quotidien des gens simples.

Peut-être pas si simple que ça, les personnages qui hantent ces pages !

Entre un tueur à gage de un mètre cinquante, qui a l'air d'avoir 17 ans alors qu'il en a plus de 30, une infirme (Ruth) qui fait le ménage chez Fay, une femme chaudasse mariée à Jake Winroy, une balance que le Patron aimerait faire liquider, on ne peut pas dire que Thompson ait fait dans la dentelle.

Aux oubliettes le tueur à gage grand, beau et fort, il est petit, tousse comme un tuberculeux, est sans dents et porte des culs de bouteille puisqu'il commence à avoir la vue qui baisse. Par contre, au niveau de sa queue, elle est comme la barrière d'un passage à niveau un jour de grève nationale des trains : relevée !

Entre deux séances de jambes en l'air avec la femme de celui qu'il doit refroidir, il doit mettre au point pour le faire taire définitivement sans que cela ait l'air d'un règlement de compte mais plutôt un malencontreux accident. Exit donc le suicide par 12 coups de couteau dans le dos ou la balle dans la nuque.

Surtout que le Jake Winroy a beau être une épave alcoolique, il a des soupçons, surtout en voyant débarquer un petit homme nommé Carl Bigelow qui a tout du portrait de Little Bigger, LE fameux tueur dont personne n'a jamais vu le visage mais que tous savent petit. Il a beau porter des verres de contact et des dentiers, la petite taille, malgré les talonnettes, ça ne se modifie guère (voir votre ancien ancien prez).

Jim Thompson fait exploser les codes du roman noir avec un tueur à gage de cet acabit, intelligent et manipulateur comme pas deux, mais aussi parano.

Sachant de fondre dans la populace, il est l'ami des vieilles dames et sait très bien jouer l'innocent. Il fait peur, mais il attire aussi la sympathie. Il est inquiétant mais charismatique. Il est fourbe, sournois mais il n'est pas le seul, toute la population de la petite ville de Paerdale l'est aussi !

Il s'attaque aussi avec cynisme à cette société bien pensante qui ne donnera jamais sa chance aux handicapés, infirmes, quelque soit leur talent car on ne les laissera pas la possibilité de prouver leur valeur, on les cantonnera à des travaux subalternes. C'est leur destin et on n'y changera rien, voilà ce que les autres pensent et disent.

Durant tout le roman, Carl nous fera part de ses pensées, de sa parano, de son enfance merdique, de ses soupçons sur l'un ou l'autre personnage. Il a du bagout et ses pensées sont dégueulasses, mais on se plait à les suivre car c'est un narrateur hors pair.

Ce diable de Carl est même arrivé à me surprendre sur le final, qui a tout d'une descente aux enfers, qui m'a enchanté au départ mais qui s'est terminé un peu en eau de boudin dans les ultimes lignes.

Ou en truc de fou tellement fou que je n'ai jamais lu ça de ma vie. Ce final bizarre fout en l'air tout le reste, sauf si Carl est devenu fou car il voit et entend des chèvres partout. D'ailleurs, j'ai pas tout compris.

Anybref ! Chez Thompson, pas de happy end, peu de lumière, beaucoup de noirceur, mais le tout est jouissif car les personnages sont taillés au couteau et ont une présence énorme dans ces pages. Peu d'action mais beaucoup de tension.

Les dialogues sont ciselés, polis, lustrés, étudiés et pour cela, il est conseillé de lire l'édition de 2016 avec une nouvelle traduction de Jean-Paul Gratias qui a éliminé tous les mots argotiques inutiles de la version de 1987.

C'est à lire pour les amateurs de roman noir, pour les amateurs de Jim Thompson ou pour ceux qui souhaiterais s'encanailler et trouver des sympathies à un tueur à gages tel que Carl… Petit, mais nerveux !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
M. Kendall goûta ses asperges et dit qu’elles étaient très bonnes. Puis il goûta aux anchois, aux sardines importées et à la langue de bœuf et déclara que tout était très bon.
Il se tamponna la bouche avec sa serviette, et je m’attendais à ce qu’il dise qu’elle était très bonne, elle aussi. Ou il allait peut-être tourner un compliment bien juteux sur la qualité de son ouvre-boîtes.

(pour préserver la chute, je vous ai ajouté le texte qui précède la citation pour mieux comprendre le contexte:

Elle m’avait dit qu’elle allait « bricoler quelque chose pour le dîner » et ce n’était pas une simple façon de parler. Apparemment, elle avait foncé jusqu’au magasin le plus proche et elle en avait rapporté une brassée de boites de conserve. […] )
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Malgré ça, cependant, et malgré sa jambe – quelle qu’ait été sa difformité – elle avait quand même beaucoup pour plaire. Toutes ses corvées ménagères et ses efforts respiratoires lui avaient donné une poitrine qui passait aussi inaperçue qu’un barbu dans un pensionnat de jeunes filles. Et ses slaloms sur une béquille n’avaient pas fait de mal à son postérieur. Si on le regardait sans s’occuper du reste, on aurait pu croire qu’il appartenait à un poney des Shetlands. Mais je ne veux pas dire qu’il était énorme. Ce qui était fascinant, c’était l’allure qu’il avait, chez elle, la façon dont il se mariait avec son ventre plat et sa taille fine. C’était comme si on lui avait fait un cadeau, de ce côté-là, pour compenser tous les endroits où elle avait été lésée.
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"Je comprenais ce qu'elle ressentait. J'étais bien placé pour savoir ce que ça voulait dire, de passer pour un guignol, de se faire traiter comme un chien par tout le monde, comme si on n'avait été fait que pour ça. On ne s'y habitue jamais, mais on en arrive à croire que jamais personne ne vous traitera autrement."

" Le seul problème, quand il s'agit de tuer, c'est que c'est tellement facile. Vous finissez par le faire presque sans réfléchir. Vous tuez au lieu de réfléchir."
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Il y avait quelque chose de triste, dans cette ville, quelque chose qui me faisait penser à ces hommes chauves qui se ramènent sur le dessus du crâne les cheveux qu'il leur reste aux tempes.
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La Gnôle démarra, tellement gonflé d’orgueil qu’il tenait tout juste derrière le volant. Et j’avais envie d’éclater de rire. Ou d’éclater en sanglots. Parce que c’était sans doute un sale fils de pute, mais j’avais de la peine pour lui.
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