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Critique de jeranjou


Que diriez-vous d'une petite visite vers les bas-fonds de l'espèce humaine ?

Après avoir délaissé un de mes auteurs fétiches depuis des mois, je salive à l'avance au moment de découvrir « Des cliques et des cloaques ».

Il faut dire que la couverture avec une photo de pieds et de mains dénudés est extrêmement aguichante. Lorsque j'ai lu ce roman dans le métro, je remarquais les coups d'oeil interrogatifs et intéressés de mes voisins, ne parlons pas de mes voisines...

Hé bien détrompez, chers lecteurs et chères lectrices ! Point de sexe, il est question, dans ce roman noir… au pire est-il suggéré !

Alors, vais-je rencontrer un humour ravageur à l'image de 1275 âmes, un tueur fou comme dans « L'assassin qui est en moi », un personnage aussi cru et sadique que dans « Rage noire » ou encore des indiens un peu cinglés comme dans Sang-mêlé ?

Non, non... Comme à chaque fois, Thompson réinvente un nouveau style et nous embarque dès la première page vers un autre univers.

Dans cet ouvrage, l'argent et les femmes prennent une place importante et deviennent l'unique moteur de notre protagoniste Frank Dillon.

Notre pauvre Franck est en effet pris en étau entre sa femme Joyce, avec qui la vie est un enfer, et son patron Staples qui le harcèle sans arrêt pour réaliser son chiffre d'affaire de la journée. Pour gagner péniblement sa croûte, Franck est représentant de commerce pour le « Bazar à cent sous » et tente de vendre sa camelote aux pauvres habitants du coin.

Aujourd'hui même, il cherche à refourguer une ménagère huit couverts à trente trois dollars à une dame âgée logeant dans une vieille bicoque à la campagne. Contre toute attente, celle-ci lui propose de coucher avec sa nièce Mona pour payer en nature l'objet tant convoité.

Tombant sous le charme de Mona, Frank a pitié de la jeune fille et donne la ménagère sans coucher ni toucher d'argent de la vieille. En revanche, Franck est bien décidé à sortir Mona de cet enfer dans lequel sa tante l'a plongé depuis près de vingt ans.

A vous de découvrir le plan élaboré par Franck pour libérer sa belle Mona et du même coup empoché un GMEV… Gros Magot En Vue pour ceux qui suivent les romans de Marc Behm.

Sorti sous le titre original en 1954, « A Hell of a Woman “, “Des cliques et des cloaques » démarre tambour battant par la rencontre entre Franck et Mona et la recherche d'un avenir meilleur.

Contrairement à Charles Williams dans "La fille des collines" qui tente de décrire un amour impossible, Thompson focalise essentiellement sur le personnage de Franck et nous dévoile son mode de fonctionnement quasiment paranoïaque.

Alternant le récit classique et la lecture de lettres en italiques écrites par Franck Dillon lui-même, nous découvrons petit à petit le bourbier dans lequel Franck s'est plongé irrémédiablement.

Maniant la noirceur et la folie à son comble, Thompson réussit encore à me faire sourire dans les pires situations alors que je devrais normalement en pleurer. Bon, il est vrai qu'il m'en faut beaucoup pour verser une petite larme mais de là à rire des pires horreurs, il faut tout le talent d'écriture de Jim Thompson pour y parvenir...

Pour conclure, je ne qualifierais pas ce roman de chef d'oeuvre mais de très bon cru car le livre baisse de rythme durant un certain moment avant de repartir de plus belle sur la fin. En outre, même si je comprends la construction de l'ouvrage et le point de vue de Thompson, la perception de la relation avec Mona me semble quelque peu sous exploitée, sans vouloir dévoiler évidemment la fin du roman.

En somme, je vous suggère de vérifier par vous-même si « Des cliques et des cloaques » reflète totalement « les aventures véridiques d'un homme en proie à la poisse et aux mauvaises femmes ». Très bonne lecture à tous !
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