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3,56

sur 140 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Paradoxalement, l'enquête ne joue qu'un rôle mineur dans les polars d'Arni Thorarinsson, L'ange du matin compris, et cela peut éventuellement décevoir les vrais amateurs du genre. Ce n'est pas mon cas, loin de là.

Car je suis véritablement fan des personnages, de l'ambiance et des thèmes. Côté personnages, on suit Einar, un journaliste vaguement bougon détaché dans un trou perdu, Akureyri, très sympathique, plutôt perspicace et discrètement chaleureux. Il aime à se dépeindre comme un ours solitaire, pourtant sa fille Gunnsa, ses collègues proches ou même sa voisine ne sont jamais loin.

Côté ambiance, c'est évidemment l'Islande qui est à l'honneur, à la fois la grande ville de Reykjavik et les provinces, Akureyri en tête. Ici, l'angle est celui de la crise économique des Années 2008-2010, notamment des élites financières qui ont plongé le pays dans le marasme sans en assumer les conséquences.

Côté thèmes, enfin, l'auteur aborde à nouveau le rôle du journalisme, la place des handicapés, la vie particulière des rock-stars ou les difficultés des plus jeunes et plus vieux dans la société moderne...

Dans ce contexte, l'enquête n'est qu'un prétexte pour lier le tout, à base de meurtres, de kidnappings, d'interviews, de malentendants, de policiers et de dingues en tout genre. Plutôt désespérant, cet Ange du matin, mais ce serait dommage de ne pas s'y intéresser.
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"Je tape quelques caractères sur mon clavier. Les bras m'en tombent. Je ne me souviens pas qu'on m'ait dit un jour que j'étais génial."


Etes-vous du matin ?
Bof plutôt la flemme par cette chaleur.
Et je ne suis pas non plus un ange. du coup, pas envie de raconter une belle histoire. de toute façon une postière assassinée, tout le monde s'en fout et en premier chef la police dont les crédits ont fondu plus vite que neige au soleil sous le réchauffement climatique et par la faillite des banques et de l'état islandais. Seul un journaliste, et encore son rédacteur en chef n'est pas chaud - oui c'est l'hiver -, faut dire que le premier journal islandais est lui aussi obligé de restructurer, fermer une succursale. Bref c'est la mouise.


Tout le monde se voit donc obligé de tirer le diable par la queue. le diable justement en profite pour sortir la sienne. le climat est lourd dans une déliquescence générale : la faute à la corruption, à l'avidité de quelques-uns faisant collusion, mais en creusant la glace, il faut le reconnaître pour toutes et tous un estompement de la norme, une déglingue des valeurs morales, le recours permanent à l'auto-justification. Ainsi balance la décadence. Donc le climat sociologique et la psychologie des personnages prennent ici le pas sur l'intrigue policière elle-même.


Pas de belle histoire, juste un constat, message subliminal d'Arni Thorarinsson.
"Personnellement, je pencherais pour L'ange du matin, car ce livre parlera d'espoir, d'illusions, de mort, et aussi d'innocence perdue.
Je ne nierai pas que j'ai hâte de revoir l'auteur." p.350


Et cette chanson en forme d'énigme pour ce bouquin qui devrait résonner comme une petite musique : tu n'es pas un ange.
https://www.youtube.com/watch?v=_40RplSVXK0
https://www.youtube.com/watch?v=5irwXp0ciLs
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Ce roman policier plaira beaucoup à ceux qui comme moi ne connaissent l'Islande que par les yeux et surtout le moral quelque peu neurasthénique du rugueux commissaire Erlendur d'Arnarldur Indridason, sans oublier les éruptions volcaniques qui mettent le bazar dans le trafic aérien, ce que pour ma part, je trouve assez cocasse.

Oubliée la lande, ce roman se déroule principalement à Reykjavik bien que la scène d'introduction se déroule à Akureyri : Einar, journaliste, assiste plus ou moins à l'agression inexpliquée d'une postière qui se révèle être sourde, détail (enfin, par pour elle) qui prendra toute son importance au cours du roman.
Einar est correspondant à Akureyri pour le Journal du Soir, basé à Reykjavik, et c'est là qu'il va être chargé d'interviewer Olver, peu sympathique homme d'affaires qui a participé à la crise financière ayant frappé l'Islande à partir de 2008 (le livre a été écrit en 2010) et qui veut faire amende honorable ou plutôt se racheter une virginité pour pouvoir replonger dans les affaires une fois que la crise aura passé, si on est cynique et désabusé.
Olver a été jusqu'à peu propriétaire du Journal du Soir, mais ses parts appartiennent maintenant à la Banque.

Les choses vont se compliquer un peu avec l'enlèvement de Margret Bara, fille d'Olver...

Ce bouquin a plein d'énormes qualités, vraiment.

C'est d'abord un excellent polar, mêlant plusieurs fils avec beaucoup d'habileté, et dont l'issue se révèle doublement surprenante. L'air de rien, Arni dresse un portrait très amer de l'Islande, pays qui avait tout simplement l'Indice de Développement Humain le plus élevé au monde en 2007 et 2008 et qui s'est trouvé précipité dans une crise causée par la crise des subprimes mais aussi par l'extraordinaire endettement des banques du pays représentant plusieurs fois la richesse du pays.

Et ça fait mal, Arni en décrit les effets économiques dans la société, et plus particulièrement dans le Journal du Soir qui est obligé de licencier du personnel (dans la vraie vie, le journal 24 Heures a tout simplement mis la clé sous la porte).

Mais les effets ne sont pas qu'économiques, ils sont aussi et surtout sociaux et moraux : pessimisme, cynisme et immoralité font leur apparition, la classe politique tout entière est désavouée, le pays est complètement déboussolé.

Sans vouloir dévoiler la fin, Arni sait mélanger les genres et l'issue du roman illustrera parfaitement cette perte de repères.

Et puis, Arni (je l'appelle par son prénom non pas parce que je le connais mais parce que c'est la coutume en Islande où il n'existe pas vraiment de patronyme) prend son temps : et s'il a envie de vous parler pendant 10 pages de la surdité, de musique, de renoncement à l'alcool, de journalisme il le fait, et avec talent.

Lien : http://occasionlivres.canalb..
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Ce que j'aime chez les auteurs de policiers nordiques, c'est le ton. Dès les premières pages, je me cale dans l'atmosphère parce que le narrateur est plaisant et complet. Il n'y a pas que l'enquête, il y a la vie des gens, les discussions entre amis, parents ou collègues.
De plus, l'intrigue est intéressante et bien menée. Nous sommes juste après la crise économique en Islande, lorsque les nouveaux Vikings, ces hommes d'affaires qui ont un peu abusé de la situation se retrouvent ruinés.
L'auteur construit un complexe écheveau d'intrigues. Il y a d'une part la mort de cette jeune factrice malentendante découverte par notre journaliste, Einar. Puis cette interview du richissime homme d'affaires, Ölwer qui amènera la disparition de sa petite fille, Margret Bara. Einar couvre ces différents sujets dans le journal où il travaille, le journal du soir.
Sur ces deux enquêtes principales vient aussi se greffer une enquête personnelle d'une de ses collègues, Sigurbjörg, concernant un ancien chanteur de rock aujourd'hui sur la touche, Rikhardur Hansson.
Toutes ces recherches se mêlent habilement, avec le quotidien des personnages, si bien que vous ne pouvez plus lâcher le livre et que vous êtes complètement happés par le suspense.
Les personnages sont très bien analysés, les caractères se dévoilent. Ölwer, le père égoïste et avide de pouvoir et d'argent finit par craquer. Sa femme, en instance de divorce, lâche des vérités, meurtrie par le chagrin et perdue dans l'alcool. Mais ces sentiments mettent en évidence la décadence de cette classe pourrie par l'argent, la perte des valeurs de cette nouvelle société islandaise.
" Rien de ce que nous pouvons acquérir n'a plus de valeur que nos enfants. Sans eux, nous n'avons aucun avenir. J'avais perdu cette vérité essentielle et évidente."
Einar est un personnage très attachant, naturel, plaisant et humain. Il a son humour, ses valeurs, ses coups de gueule, ses affinités et ses rivalités au sein de la police.
Voici donc un roman policier comme je les aime, riche, bien construit et humain.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Roman tout à fait atypique qui marque ma découverte des romans islandais. Pas tout à fait un récit policier, ni tout à fait autre chose, ce roman mélange l'histoire d'une enquête journalistique à propos de la mort d'une factrice malentendante, celle d'un enlèvement, celle d'une crise économique ainsi que la vie d'un journaliste de faits divers plus ou moins éthique du Journal du soir.

Roman parfois un peu difficile à suivre pour le novice en culture islandaise (le roman se positionne en pleine crise économique de 2008-2010 en Islande), d'ailleurs je me demande encore ce d'où vient exactement l'expression "les nouveaux Vikings" en parlant des financiers islandais et surtout si cette expression existe réellement. le récit est également empreint d'un humour sarcastique et d'un côté sombre qui n'est pas sans intérêt.
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Einar, journaliste au Journal du soir, est de retour à Akureyri pour quelques temps, et lorsqu'il se rend au travail un matin, il découvre une employée de la poste décédée sur la voie publique. Alors qu'il s'apprête à mener l'enquête sur ce meurtre, son patron le renvoie à Reykjavik pour interviewer un capitaliste malhonnête et en pleine faillite. La fille de celui-ci est enlevée quelques jours plus tard...
Encore une fois, c'est avec plaisir que j'ai retrouvé Einar et les autres personnages récurrents de cette saga. le suspens est toujours au rendez-vous et les situations toujours aussi difficiles (si vous cherchez du happy end, passez votre chemin).
En bref : toujours aussi bien !
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Ce qui est plaisant avec Arni T. et d'autres de ses compères, c'est que leur "polars" ne sont pas que... leurs auteurs sont des observateurs accomplis, fins, implacables aussi, de la société dans laquelle ils vivent. Et je vois leurs romans comme des prétextes, au niveau de l'intrigue, pour venir nous titiller quant à la société islandaise, la corruption, la perte d'identité, lacculturation, le mal, la destruction.
L'Ange du matin ne déroge pas à ma règle... on dénonce d'abord l'organisation d'une société, les biens-pensants, les corrompus...
Et puis il y a Einar. Moi je l'adore. C'est l'enquêteur. Est-ce que tous les enquêteurs islandais ressemblent à Einar ?
Bref, un livre très plaisant, bien construit, bien écrit, soigné, une touche (plusieurs en fait) d'humour. Un bon, très bon moment.
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D'abord merci à Éric Boury le traducteur, sans qui nous ne pourrions avoir accès à ce  « caillou glacé » qu'est l'Islande ni à ses auteurs tous aussi intéressants les uns que les autres, dans des registres littéraires bien différents.

Ici avec Arni Thorarinsson, nous plongeons dans une partie de la société islandaise d'après 2008, grande période de corruption des élites, ses paysages et des fragments de sa culture.

Texte assez décousu mais riche de diversité, sur fond d'enquêtes (surtout journalistique ici) dans lesquelles la police semble beaucoup piétiner et refuser de collaborer avec ce journaliste du «journal du soir », Einar.

L'auteur nous balade entre Akureyri une petite ville du Nord de l'île et Reykjavik. Mais quoiqu'il arrive, il fait toujours froid.

Ce sont certaines personnes qui apportent de la chaleur dans ce roman qui pose un éclairage particulier sur diverses facettes de la société islandaise en 2012: le ressentiment d'une classe moyenne à l'égard des escrocs milliardaires (les Vikings)qui ont appauvri le pays, la délinquance d'immigrés qui ne trouvent pas leur place, la difficulté de survie de la presse écrite (qui se renflouera grâce au crime), la complexité des liens familiaux, la perversité et la cruauté de quelques-uns….

Ce foisonnement de vies si diverses donne une belle consistance à ce roman.


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L'Ange du matin
Arni Thorarinsson
Métaillié noir 310p
trad.Eric Boury, 2019/ 2012


J'ai fait il y a quelques années déjà un voyage en Islande qui m'a enthousiasmée, et l'Islandais Jon Kalman Stefansson est l'un de mes écrivains préférés . Si bien que tout ce qui touche à l'Islande m'appelle.




Même un roman policier, moi qui ne suis pas fan du genre, mais heureusement ce n'est pas qu'un roman policier. Il y a des morts, des flics, mais surtout il y a un journaliste Einar, divorcé, père attentionné -pour se racheter un peu- d'une ado de 17 ans. Avant, il était alcoolo. Beaucoup de personnages du livre ont des problèmes d'alcool (Les Islandais ont du mal avec l'alcool.) Einar est le narrateur à la première personne. Il s'interroge naturellement sur les enquêtes qu'il mène, il est journaliste d'investigation, mais aussi sur l'Islande, ce tout petit pays de 320.000 habitants, ce qui explique peut-être pourquoi les Islandais n'ont pas vraiment de noms de famille, «  une société de clans familiaux et de bandes qui ont conduit la nation à enfreindre la loi et à perdre ses repères moraux ». Je pense alors au documentaire 690 Vopnafjördur, de Sebastian Ziegler, qui m'a cassé définitivement -j'avais entendu parler de la grave crise financière et bancaire avec notamment l'affaire des Icesave, qui l'avait terrassée en 2008, amenant avec elle le chômage- l'image de cette île volcanique et des eaux tranquilles de ses lacs, en faisant voir le manque d'ouverture des Islandais qui se connaissent presque tous et veulent rester entre eux.
Je reviens au livre. Une factrice mal entendante de 32 ans a été tuée dans la rue d'un village du Nord alors qu'elle distribuait le courrier. Einar assiste à ses derniers instants. Sur un Ipod trouvé près d'elle, une seule chanson, L'ange du matin. Avant de mourir, elle a dit que quelqu'un lui parlait sans lui parler et que sa voix venait d'une autre direction. Elle est amie avec un autre malentendant. Ils ont une passion commune qui est la lecture.
Einar, dit le Solitaire - mais en fait il collabore avec la police quand elle veut bien travailler avec lui, une fois qu'elle s'est départie de ses problèmes personnels avec le journaliste, il a ses « nounours », ses indicateurs, il fait équipe avec sa fille qui prend les photos- est rappelé du Nord à Reykjavik parce que son journal connaît des restrictions budgétaires importantes et des licenciements douloureux, et n'a plus les moyens d'entretenir deux antennes. Il a cependant eu le temps d'interroger une femme du village qui a vu le chariot postal renversé sur la chaussée et noté les voitures qui sont passées là, et le lecteur retient avec Einar la grosse jeep bleue de frimeur. Dans la capitale, la petite fille d'un nouveau Viking, ancien propriétaire du journal où travaille Einar, dont les coups financiers ont ruiné le pays, est enlevée. Mais aussi Einar trouve sa vieille voisine blessée et dont l'appartement est en grand désordre. Et sa jeune collègue, qu'il estime beaucoup, a quitté brusquement le journal pour écrire la biographie d'une rock-star très sur le déclin, qui se plaît à rappeler que rock and roll signifie « musique pour baiser ».
C'est dire que la vie d'Einar ne manque pas d'intérêts. Ni d'élans. Au journal, les relations semblent fraternelles.
L'auteur noue admirablement les intrigues, qui permettent de voir comment vivent les Islandais et comment la crise les affecte. On a l'occasion de voir le paysage, quand les nuages, la pluie, la neige, ne prennent pas toute la place. le récit est coupé des écrits de la petite séquestrée, et de la jeune collègue, lesquels commencent à ennuyer le lecteur comme Einar, mais dont tous deux finissent par voir le motif. Des bouts de pistes sont signalés ingénieusement. On apprend grâce à l'humour du narrateur et de l'auteur l'existence de l'île de Tortola, l'île des Tourterelles, l'une des îles Vierges britanniques, abri des sociétés islandaises off-shore, où une ancienne amie d'Einar, oublieuse de scrupules moraux, profite mais seule de la chaleur. On lit enfin le livre intitulé L'Ange du matin qu'a écrit Einar, pour que le drame de la fillette de six ans, lié à la crise islandaise, ne soit pas oublié.
La lecture est prenante et enrichissante. Elle invite à lire Les rois d'Islande d'Einar Mar Gudmundsson,



qui a obtenu le prix Littérature-Monde 2018 au festival des Etonnants Voyageurs.



Et on se dit que c'est ça, un bon livre, un voyage et un étonnement.
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Un très bon roman!
J'ai accroché du début à la fin. Il y a de l'intensité, de la profondeur et l'intrigue m' a plu.
La société Islandaise y est bien décrite pour ce petit pays que l'on connait peu.
Même si INDRIDASON nous la décrit si bien...
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