La guerre actuelle, à l’inverse des autres guerres, ne peut pas comporter un gagnant et un perdant, mais seulement deux perdants ou deux gagnants. Jusqu’à présent, de part et d’autre, nous avons déployé de grands efforts pour tout perdre ensemble ; il en faudrait de moins grands pour tout gagner – à la condition d’assaisonner l’énergie déployée avec un peu de bon sens et de bonne foi.
Une société qui écrase les femmes, empêche leur information, leur formation, leur contact avec le monde extérieur, se condamne elle-même à la mort.
Je suis convaincue (…) qu’il n’existe pas un peuple qui soit à l’abri du désastre moral de l’Allemagne nazie.
Pour défendre le Juste et le Vrai, il faut parfois affronter de grandes souffrances pouvant aller jusqu’à la mort (…). Un autre courage est exigé quand Vérité et Justice exigent que nous affrontions aussi nos proches, nos camarades, nos amis…
Au cours de cette enquête, j’avais acquis la certitude (avec quelle honte ! avec quelle douleur !) de l’emploi quasi général de la torture. J’avais pu constater également le résultat prévisible de cette méthode, à la fois abominable et imbécile – je veux dire le ralliement en masse des derniers hésitants algériens au FLN.
À Ravensbrück même, j’ai essayé de reconstituer tout le système des camps. À partir de ce qui m’était dit, à partir de bribes cueillies ici et là. Je voulais comprendre (…) C’est tellement important de comprendre ce qui vous écrase. C’est peut-être cela qu’on peut appeler « exister ».
Je pense qu’il existe des situations où tous les hommes médiocres deviennent criminels. La guerre d’Algérie est une de ces situations. Seuls des chefs de grande valeur morale et intellectuelle auraient pu prendre conscience du glissement et, par des ordres stricts, l’enrayer.
On ne prépare pas l’avenir dans éclaircir le passé.
Dire le vrai ne suffit pas, il faut dire le juste.
Il y a des situations qui engendrent le crime : il faut essayer d’empêcher ces situations d’exister car elles créent des pentes que beaucoup de gens faibles se révèlent incapables de ne pas dévaler. On a le devoir de rester vigilant.