AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


Antan, village imaginaire situé au centre de l'univers, traversé par deux rivières la Noire et la Blanche, chacune des quatre frontières étant gardée par un archange : Raphaël, Gabriel, Michel et Uriel, chacune frappée d'un « fléau » : orgueil, soif de posséder, bêtise etc.

Dans ce village, les habitants ont des patronymes plutôt symboliques : Séraphin, Céleste, Chérubin et même Divin et on va suivre leur histoire sur pratiquement un siècle, le récit commençant à l'été 1914 avec le départ à la guerre de Michel Céleste, pour ce qui devait durer tout au plus quelques semaines, laissant son épouse Geneviève. Cette dernière est enceinte, mais Michel ne le sait pas.

Dans ce récit outre la famille de Michel qui va accueillir Misia puis plus tard un fils, Isidor, qui ne se développe pas normalement et restera un peu handicapé.

On rencontre aussi la Glaneuse qui vit plus ou moins dans la forêt, cueillant fleurs racines pour en faire des potions. Pour survivre elle se prostituait, et elle accouchera dans des conditions terribles d'un petit garçon qui ne survivra pas. Tout près, il y a le château dont le maître des lieux Popielski, a un comportement plutôt étrange.

Les destins de Geneviève et la Glaneuse évoluent en parallèle, des maternités en même temps, mais chacune aura sa part de souffrance. La seconde fois, pour la Glaneuse, c'est une fille, Ruth.

Dans la forêt, il y a aussi des êtres étranges, tel le mauvais Bougre qui a fui la compagnie des humains.

Ces personnages vont traverser les deux guerres, vivant dans des conditions difficiles, Misia va épouser Paul Divin et la famille va continuer à évoluer, chaque fois, un homme de la maison sera obligé d'aller à la guerre, et reviendra couvert de plaies psychologiques, en fonction de ce qu'il aura vu.

Le communisme, tendance Staline, modifie les données antérieures, le nazisme va s'accompagner de la persécution des Juifs. Tout est prétexte à saccager, à maltraiter semer la désolation. Chaque évolution entraînant son lot de souffrances, alors que les anges, et les archanges supervisent et dissertent.

Olga Tokarczuk nous raconte, certes, l'histoire de quelques familles, sur près d'un siècle, mais elle nous entraîne aussi dans des réflexions intenses sur la vie, la survie, la mort, et le temps qui passe, avec des allusions à Dieu, « au monde qu'il a créé » ou à ses hésitations sur sa création et sur ce que devient l'Homme, sa créature.

J'ai bien aimé, le jeu que le Rabbin a donné au châtelain Popielski, qui parcourt les différents mondes de la création, pour passer d'un monde à l'autre, il y a des énigmes, qu'il faut résoudre avec les conséquences qui peuvent en découler quand la recherche tourne à l'obsession.

L'auteure découpe son roman en chapitre, qu'elle appelle « le temps de… » on a ainsi le temps de Geneviève ou le temps d'Isidor ou le temps d' Antan, le temps de l'ange gardien, mais aussi le temps des tilleuls, ou le temps du mycélium, la Nature étant aussi importante que les êtres humains.

L'écriture est belle, tout est affûté, précis, et pourtant le style est poétique et c'est un plaisir de la suivre dans des contrées où je n'ai pas l'habitude de me retrouver… j'ai aimé notamment ces âmes qui errent sur le village, qui défilent parfois et finissent par se croire, vivantes, réincarnées en quelque sorte.

C'est ma première incursion dans l'univers d'Olga Tokarczuk, qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 2019, et j'ai adoré, ce village, ces personnages, la réflexion sur la vie. Tout m'a plu et je vais continuer à explorer ses romans avec, notamment, « Sur les ossements des morts ».

C'est ma deuxième lecture dans le cadre du challenge « le mois de l'Europe de l'Est » et ce magnifique roman est un coup de coeur.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          575



Ont apprécié cette critique (55)voir plus




{* *}