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Critique de PatriceG


Ce que j'adore chez tolstoï, c'est qu'il parle toujours de ce qu'il connait et vérifie cent fois ce qu'il écrit pour la justesse du mot et la pertinence de l'idée qu'il veut originale, pionnière. On pourrait citer quantité d'exemples où il a été un pionnier .. Je m'empresse d'ajouter que son style est absolument limpide car il écrit tout d'un jet, je ne sais pas si on se représente 6 brouillons de Résurrection (de 700 pages), bien sûr une masse considérable de travail ! Il convient de souligner que son écriture a évolué après Anna Karénine pour être plus accessible au public russe, paysannerie bien souvent analphabète. Quand il parle de chevaux ou de chasse à l'ours (*) à laquelle il a fini par renoncer en vertu de son éthique personnelle, quelques jours avant son départ légendaire il montait encore son cheval noir à 82 ans ; quand il parle de la paysannerie russe, on en a un aperçu dans la Matinée d'un gentilhomme rural, il s'est retrouvé avoir en héritage mille moujiks à charge, bien sûr cela ne veut pas dire les connaître, mais il a tenu à se rapprocher d'eux en devenant notamment juge territorial fonction qu'il finit par délaisser à cause des nombreux ennuis rencontrés avec des propriétaires, ses pairs qui lui reprochaient de prendre le parti des paysans contre eux, ce qui semble à priori difficilement audible, il suffit de lire pour cela la matinée d'un gentilhomme rural où il n'était nullement question de concessions faites aux paysans mais de les amener par l'éducation à une prise en charge de soi-même pour faire évoluer leur condition misérable ! .. Quand il parle de la guerre, c'est comme premier reporter de guerre, il était lieutenant et écrivain déjà connu, ses écrits percutants ont touché la tsarine .. Il y a une chose qu'il n'a pas fait, ce sont les camps, mais il a failli être emprisonné à Souzdal à cause de prétendus liens avec les américains sur fond de famine dans une province russe où il apporta assistance avec Sonia, pure invention de le presse réactionnaire délatrice de l'époque de mèche avec le ministère de l'intérieur.. Il ne dut son salut qu'à sa notoriété, le tsar considérant qu'il avait plus à perdre en l'emprisonnant. Il parle des camps néanmoins par le biais de Maslova dans Résurrection, le roman qu'il préférait et on peut croire sa volonté de tout connaître pour arriver à un résultat parfait comme il l'a fait pour "Guerre et paix" (genre à "abattre une forêt pour extraire un arbre" !). Quand il raconta la vie d'une paysanne dans "ma Vie" , c'était des témoignages directs, authentiques qui lui furent adressés : il crut bon néanmoins d'avertir le lecteur que l'histoire (pour cette fois là) n'était pas de lui .

Je recommande outre la Tempête de neige, Deux Hussards et la Matinée d'un gentilhomme rural (deux fois cent pages), le Cheval où l'auteur se met dans la peau d'un hongre qui connait des fortunes diverses. Tout cela est remarquable ! Barrault avait monté une pièce du Cheval m'a-t-on dit qui connut un vif succès. Albert, Poulikouchka, bien sûr .. sans oublier l'excellente préface de 30 pages signée Michel Aucouturier qui traite de tout ça mieux que je ne saurais le faire, le grand spécialiste français de tolstoï récemment disparu chez folio classique.


(*) Dans le récit "une Chasse à l'ours", l'auteur en raconte magnifiquement un épisode.

Bonne lecture

PG, 26 septembre 2019
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