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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une partie du tout. Un titre énigmatique pour un livre monumental, extravagant, déconcertant. Une lecture distrayante pour les uns, rébarbative pour d'autres... Et qu'en ai-je pensé moi-même ? demandez-vous. – J'ai pris beaucoup de plaisir dans certaines parties, j'ai dû m'accrocher dans d'autres. – Mais ai-je aimé le livre ? insistez-vous. – Quelques minutes après l'avoir terminé, je n'aurais pas su quoi répondre. Quelques jours plus tard, après m'être penché sur sa structure et en avoir relu certains passages, je reste partagé mais ce sont quand même les bons côtés qui prennent le dessus. Une partie du tout, en quelque sorte !

Voilà qui me semble cohérent : j'ai bien aimé mais je reste réservé. Car je doute que tous les lecteurs aillent au bout des cinq cents pages écrites par le romancier australien Steve Toltz.

Une partie du tout est l'histoire d'un homme. Mais duquel ? Est-ce de Martin (ou Marty) Dean, le père ? de Jasper Dean, le fils ? Ou de Terry Dean, le frère… à moins qu'il ne soit l'oncle… on s'y perd un peu, au début. En fait, Terry est le frère de Martin et l'oncle de Jasper. Vous y êtes ?

Terry est un ancien grand champion sportif qui a mal tourné tout en restant une idole nationale en Australie. Une étoile inaccessible pour son neveu Jasper qui ne l'a pas connu. Une étoile noire qui aura absorbé toute la lumière auquel son frère Marty aurait pu prétendre, ce dont ce dernier ne se remettra jamais. Terry Dean, un gangster mythique dont l'éclat obscur rayonne jusqu'à la fin du roman.

Un roman en forme de puzzle, dont la construction très originale nécessite un minimum d'explications. le narrateur du roman, c'est Jasper. Mais Jasper laisse volontiers la parole à Marty, son père. Il nous branche ainsi en direct sur un très long monologue de Marty : vingt-deux heures d'affilée, transcrites en un chapitre de cent cinquante pages, pour raconter à Jasper son enfance dans l'ombre de Terry ; quasiment un roman dans le roman. Plus loin dans le livre, Jasper nous fait déchiffrer l'intégrale du journal intime tenu par Marty, lors de pérégrinations à Paris, juste avant la naissance de son fils ; puis peu avant les derniers événements du roman, il nous dévoile un ouvrage inachevé : l'« Autobiographie sans titre de Martin Dean, par Martin Dean », un non-titre saugrenu donnant le ton humoristique, parfois hilarant, qui caractérise l'ensemble de l'ouvrage. Comprenez donc, quand vous lisez « je », que ce peut être Jasper ou Marty qui s'exprime. de l'importance de savoir dans quel chapitre vous êtes, si vous ne voulez pas vous embrouiller !

Au fur et à mesure de la découverte des pièces du puzzle, c'est la vie et la personnalité de Martin Dean qui s'affichent : un misanthrope, philosophe, moraliste, indécis, dépressif, fragile, autodestructeur, probablement génial, peut-être carrément fou… Pour Jasper, la narration est un parcours initiatique à la recherche de lui-même au travers d'une relation père - fils complexe. Un père à l'évidence soucieux de ce que deviendra son fils, mais souvent incohérent dans ses actions. Un fils qui voit clair dans les traits de caractère de son père, mais qui a du mal à faire le tri entre les positifs et les négatifs, conscient qu'il en héritera naturellement certains et qu'il lui appartiendra de choisir, parmi les autres, ceux qu'il adoptera. C'est la loi de la transmission de père en fils : opter pour la bonne partie du tout. Pour le complément, on a une mère, et Jasper comme tout le monde…

Haïr plutôt qu'aimer, punir ! Un début d'envie chez Jasper comme chez Marty ; juste une velléité. Un père ne sait pas s'il aime son fils parce qu'il a les mêmes défauts que lui, ou au contraire parce qu'il a d'autres qualités. Et quand il n'y a que l'amour et pas de haine – comme moi avec mon père et mes deux fils – c'est de fierté ou de regret qu'il s'agit. Mais sait-on jamais ce qui est positif chez soi-même.

Une partie du tout est un roman philosophique. On y évoque l'Homme, sa peur de la mort, sa peur de la peur de la mort, sa propension à construire son chez soi au centre d'un labyrinthe, sinueux comme la formation des idées et impénétrable comme les voies de Dieu. Les personnages s'interrogent, dissertent, débattent. Des commentaires pertinents, drôles, très drôles souvent, mais parfois incompréhensibles, longs, très longs et sans intérêt…

Le livre est aussi une saga romanesque bien maîtrisée, passionnante, amusante, aux péripéties surprenantes, originales, loufoques, qui pour l'essentiel prennent place en Australie, une démocratie éloignée et pourtant très similaire à la nôtre : une population de consommateurs en quête de sens, un microcosme de médias manipulateurs et manipulés, un monde politique à la recherche de l'efficacité, notamment face à l'immigration de Clandestins, un mot que l'auteur écrit avec un C majuscule, comme si c'était une nationalité ou une ethnie.

Et comme souvent, l'amour est la cause involontaire des pires trahisons. Celles qui font tout basculer.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Jasper Dean a été en conflit avec sa père jusqu'à la mort de celui-ci. Martin Dean, cet homme qui a vécu dans l'ombre de son grand bandit de petit frère, a eu une sacrée vie. Jasper Dean nous la raconte, par la voix paternelle, des carnets ou par sa présence auprès de lui.

Un sacré livre ! La vie de Martin Dean est un sacré labyrinthe, on se perd dans les descriptions pleines d'humour de l'auteur, mais on retombe finalement bien sur ses pattes à la fin. J'ai beaucoup aimé la prose de l'auteur parfois complexe, parfois frisant l'inconvenant mais ne lâchant pratiquement jamais cet humour qui donne à la biographie de Martin, une couleur et une saveur surprenante. Des longueurs parfois mais une belle découverte, merci pour ces bons moments Monsieur Toltz !
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Pour poser le cadre, un fils Jasper Dean retrace ses relations avec son père Martin Dean, chômeur, philosophe et dépressif et remonte à l'enfance de son père et ses relations avec son frère Terry Dean, célèbre criminel australien mort avant l'heure.

Le moins qu'on puisse dire est que ce roman ne laisse pas indifférent : on aime ou on déteste. On est balloté dans l'histoire plutôt compliqué de Martin Dean, qui est le vrai centre du livre et de ses relations avec son fils et son frère, mais ce qui fait que le roman plait ou dérange est le style de l'auteur, à la fois incisif, dynamique et bourré de tirades philosophiques.

On sent le mélange de haine et d'adoration, à la fois de la part de Martin pour son frère et de la part de Jasper pour son père. Certes les personnages se regardent pas mal le nombril à parler de leurs petites misères et l'histoire est souvent compliqué, peut-être un peu trop.

Mais j'avoue que je me suis laissé emporter par la dynamique de l'auteur et que j'ai dévoré ce livre.
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Le malheur de Martin Dean ? son frère, Terry, dont l'aura publique l'empêche d'exister.
Le malheur de Jasper Dean ? son père, Martin, dont l'aura personnelle l'empêche d'exister.
On retrouve finalement là un classique schéma d'amour / haine, le fantasme de la lueur intérieure qui, par sa seule nature, irradierait le monde, l'envie parallèle de l'ombre et de la tranquillité.
Tout cela relève surtout de l'éternelle réflexion sur les origines de son enfer privé, bref, du prétexte assez commun de chacun pour ne pas assumer sa personnalité et affronter sa vie.
Le fait que Steeve Toltz ait mis énormément d'esprit dans son récit n'en fait pas un livre saint, mais cela en fait une saine et rafraîchissante lecture.
Il y a du Irving, du Pennac, dans le style et dans cette façon de faire découvrir des personnages improbables, au travers d'une histoire dense, originale, et surprenante, qui tout à la fois amuse et donne à réfléchir.
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Un jour une étudiante chinoise m'a demandé ce que je préférais, être un cochon heureux ou un philosophe malheureux. J'avais trouvé la question stupide à l'époque mais étrangement, ca m'est resté. Dans cette saga familiale, la question de comprendre, de s'interroger sur tout et de tout remettre en question, la fameuse question de mon étudiante, marque le personnage central, ce père aimé et haï, sympathique et détestable qui d'un projet "innocent" à l'autre mène les siens à la catastrophe, se tourne en ridicule et joue les génies déchus. Les personnages sont haut en couleurs, les aventures palpitantes. Et jusqu'au bout, la question: tout ça pour ça? Un bon moment de lecture.
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