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Critique de ODP31


Don Camillo, version croate.
L'action ne se situe pas à Brescello, village et lieu de tournage du célèbre curé, parodié plus tard par Don Patillo (ma culture Pub des années 80), mais Smiljevo, à ne prononcer qu'enrhumé en se mouchant, un sympathique bourg, aux habitants aussi rocailleux que le maquis de la Dalmatie.
Cette région, popularisée par une race de chiens sapés comme des vaches normandes aux portées pléthoriques, abrite ce village un peu replié sur lui-même, dont les habitants s'unissent, parfois, et se pourrissent la vie, plus souvent, autour des trois E : Ecole, Eglise, Epicerie. La vitrine de l'épicerie étant comme souvent dans les petits patelins, la tenue de camouflage d'un bon vieux bistrot dont le zinc tient par les coudes des habitués.
Don Stipan, le jeune curé du village, muté sur place pour une trop forte appétence au vin de messe, est harcelé par une paroissienne qui aimerait bien le défroquer ou le désoutaner. D'une tentation de Christ à l'autre pour un ex-futur alcoolique pas vraiment anonyme.
Les autres brebis égarées du village ne sont pas galeuses mais les ouailles sont gouailleuses avec un épicier féru de de feuilletons mexicains, un poète incompris qui compose des haikus solaires, un ivrogne échappé d'un film d'Audiard, un enfant du pays revenu riche d'Allemagne avec une Mercedes et une fille attirée par l'idiot du village et un Ministre de la défense (surtout de ses intérêts) qui coordonne quelques manoeuvres militaires et sentimentales.
Bienvenue dans l'univers d'Ante Tomic, découvert l'année dernière avec son irrésistible « Miracle à la tombe des Aspics » dont je ne peux que conseiller la dégustation. « Qu'est-ce qu'un homme sans moustache ? » est son premier roman et si je l'ai trouvé moins abouti, cette satire légère post-guerre des Balkans, est néanmoins d'une extrême drôlerie. Comme souvent dans les premiers romans, j'ai cru sentir que l'auteur cherchait encore un peu son style au détriment du récit; Cela part un peu dans tous les sens mais le lecteur ne risque ici qu'une chose: une overdose d'humour.
L'auteur s'y moque du machisme un peu archaïque de ses congénères, d'une église à la foi et au foie malades, d'une armée valeureuse mais un peu artisanale, et de l'occupation principale des villageois : le commérage.
Quel plaisir aussi de retrouver ces têtes de chapitre à la Cervantes, qui font la réclame de la suite des évènements comme des camelots cyniques. Quelques exemples pour la route…cabossée :
« Chapitre 1 – Dans lequel nous faisons la connaissance de cette charmante bourgade où les plus chanceux se grattent l'oreille avec une clé de Mercedes, et ceux qui le sont moins avec la tête rouge d'une allumette. »
« Chapitre 5 – Dans lequel, Dieu me pardonne, le curé rend l'âme sans mourir vraiment, alors qu'il aurait préféré disparaître. »
« Chapitre 14 – Où les ministres mangent de la tête d'agneau, les généraux des flageolets, et les simples soldats… je ne vous dirai pas quoi. »
Quant au titre, il fait référence à Confucius, qui écrivit, en se frisant la moustache, qu'un homme sans moustache était un homme sans âme. Face à un tel enjeu de société, j'ai voulu approfondir le sujet, au péril de ma virilité.
J'ai ainsi appris que Tchekhov, moustachu, avait écrit de façon pas très élégante qu'un homme sans moustache, c'est comme une femme avec une moustache...
Maupassant, moustachu, conseilla à une femme de ne jamais embrasser un homme sans moustache car ses baisers n'ont aucun goût...
Un autre moustachu a dit dans sa barbe qu'un homme sans moustache, c'est comme une maison sans balcon.
Allez, j'y vais aussi de mon petit épigraphe: les 101 facéties d'un Dalmate.

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