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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Amassia, juillet 1915. Aujourd'hui, l'on fête Artavar. La fête jusqu'ici préférée d'Aravni. Mais, aujourd'hui, il n'y a pas de messe, ni de prêtre. Les hommes ont tous été arrêtés il y a quelques jours. Dont le père et le mari d'Aravni. Elles apprennent qu'apparemment les Turcs les auraient même exécutés. Aujourd'hui, la jeune femme, âgée de 17 ans, accompagnée de sa mère, de sa petite soeur et de sa tante n'ont d'autre choix que de fuir ce pays. Emportant les quelques richesses qui leur restent, celles qui n'auront pas été pillées par les Turcs, elles embarquent dans le premier convoi. En chariot ou à pied, c'est un long cortège qui laisse derrière lui Amassia, une ville qui, d'ici dix jours, sera vidée de ses 13000 arméniens. Un convoi qui s'éclaircira au fil des jours, soumis aux viols, aux enlèvements d'enfants et à la maladie...
Valérie adore sa grand-mère, Aravni, alias Nani. Mais, elle en a un peu honte. Pas vraiment belle, un corps masif, une grosse poitrine, un peu bizarre. Et trop étrangère, trop différente de sa famille maternelle. Gamine, elle allait sans hésiter s'empiffrer de ses tire-bouchons et prenait du plaisir à regarder la télé, alors interdite par son père, et suivre avec Nani les feuilletons. Ne parlant que quelques mots de français, sa présence compensait à elle-seule le manque de conversation. Pourtant, Aravni en aurait des choses à raconter... le génocide, l'exil, les horreurs...

Avec beaucoup d'émotions, Valérie Toranian nous plonge à la fois dans le passé de sa grand-mère et dans ses propres souvenirs lorsqu'elle était plus jeune. Elle retrace, pas à pas, le parcours ô combien difficile d'Aravni. La fuite, la misère, les séparations, la maladie, les morts autour d'elle... et le génocide arménien que les Turcs, encore aujourd'hui, refusent de reconnaître. Aravni, une femme forte et courageuse qui se sera battue toute sa vie durant. Un portrait de femme saisissant raconté aujourd'hui par sa petite-fille qui alterne brillamment ses propres souvenirs et le destin tragique de sa grand-mère. Un portrait puissant et émouvant d'une grand-mère si attachante, parfois têtue et revêche. Un récit sensible et étonnant où l'humour n'est jamais bien loin. Pour ne pas oublier...
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Aravni est Arménienne. A 15 ans, elle est obligée de fuir et de traverser les pires situations lorsqu'elle est confrontée au génocide en 1915. De sa traversée de Turquie, dans les convois, à son arrivée à Paris plusieurs années plus tard, Aravni ne dit rien. Elle préfère ne pas se rappeler en espérant que sa mémoire oubliera...
Valérie Toranian signe ici un magnifique hommage à sa grand-mère paternelle. Tendre et aimante, elle évoque la vie de cette femme forte et courageuse, tant à travers les souvenirs de son passé, que ceux de sa vie en France, au milieu de ses petits enfants. D'une écriture émouvante, parfois dure, Valérie Toranian nous touche profondément...
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La déportation, les camps, les coups, les morts... Non, je ne vais pas vous parler de l'Holocauste des Juifs mais du génocide arménien. Non, je ne vais pas comparer ces deux tragédies. Elles sont aussi violentes l'une que l'autre.
La première a été reconnue par les Allemands. La seconde a toujours été niée par les Turcs. Alors comment vivre, comment se reconstruire dans le silence, comment partager l'insoutenable quand toute revendication est balayée par le temps, par l'oubli.

Le génocide arménien fait partie de l'histoire de Valérie Toranian. Cette tragédie est inscrite dans son sang. Elle est fille et petite-fille d'Arméniens. Et c'est en discutant avec sa grand-mère, rescapée du génocide de 1915, qu'elle a pu mettre des mots sur l'histoire familiale.
« Ma grand-mère est une « rescapée du génocide ». Ces trois mots la définissent, la contiennent et l'isolent du reste de l'espèce. Son drame se confond avec elle : c'est une identité et une fin en soi. »

Et c'est avec beaucoup de délicatesse et pas mal d'humour que l'auteure alterne les chapitres consacrés à sa grand-mère fuyant la barbarie et son installation en France, et ceux consacrés à sa propre enfance et son amour partagé entre une grand-mère un peu bourrue, parlant à peine le français, aux cheveux noirs et bouclés et sa mère blonde aux yeux bleus, professeur de français latin-grec. Une dualité peu à peu effacée par la connaissance de ses origines.

Une écriture pleine de sensibilité et de tendresse pour apaiser la lecture de pages pleines d'effroi. Une lecture pour comprendre le génocide arménien, pour le devoir de mémoire, pour mieux appréhender le sort des réfugiés.
A lire !
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Dans le marasme littéraire qui est devenu mon quotidien en cette début d'année, un bien joli roman s'est fort heureusement greffé. Alléluia, le mois de janvier n'aura pas été vain !

Lu d'une traite, tranquillement installée sur mon canapé, une tisane à portée de main, L'étrangère est exactement le genre de romans que j'affectionne. Pourquoi ? Parce qu'ils me font du bien au moral, des sanglots coincés dans la gorge, très émue et en même temps heureuse d'avoir été aux côtés de personnage hauts en couleur à la destinée romanesque, malmenés par le rouleau compresseur de l'Histoire et qui s'en sortent malgré tout à force de pugnacité.

Et puis, Valérie Toranian y parle de sa famille, notamment de sa grand-mère, Aravni, l'immigrée arménienne, sa nanni avec laquelle elle a entretenu une relation complexe faite de complicité, d'amour mais aussi de non-dits des deux côtés, l'une taisant son terrible passé, l'autre parfois honteuse de cette grand-mère qui ne rentrait pas dans le moule classique de la mamie française. Je ne vais pas vous le cacher, mon coeur de petite-fille a été énormément touché par cette histoire car je me suis reconnue dans ce portrait. J'ai la chance d'avoir eu une grand-mère du type mamie gâteau à la mode méditerranéenne, qui me parlait beaucoup du passé, nostalgique de son Algérie tant aimée, à coup de makrouds, de bonne louchée de couscous parce qu'il faut manger ma fille ! Aravni fait de même avec Valérie (la gavant de gâteaux arméniens dans le dos de sa belle-fille française très attachée aux repas sains et équilibrés ;)).

Surtout, L'étrangère est une déclaration d'amour faite par l'auteur à sa grand-mère qui a vécu le génocide arménien de 1915, alors qu'elle n'était qu'une jeune fille de 16 ans. Avant la Shoah il y eut ce drame atroce qui a vu mourir 1,5 millions d'Arméniens de l'empire Ottoman. Aravni perdra tout dans cette tragédie : son père, sa mère, sa petite soeur adorée, son mari. Son seul compagnon de route fut sa tante, la seule qui ait survécu. de camps en marches forcées meurtrière, d'exactions en vexations de toutes sortes, elle verra le pire de ce que l'homme est capable d'infliger à autrui. Il aura fallu du temps pour qu'Aravni se confie à sa petite-fille, quasiment à la fin de sa vie. Pas évident de parler de ces choses-là à quelqu'un qui ne pas peut comprendre, la fameuse solitude des survivants de génocides. C'est extrêmement émouvant.

Comment peut-on encore en 2017, occulter cette page de l'histoire qui ne fait l'objet que de quelques lignes dans les manuels ?! Cela me révolte et c'est pourquoi le récit de Valérie Toranian est d'autant plus important. Courrez lire ce roman, ce témoignage, pour la mémoire de ceux qui ont vécu l'enfer, pour ne pas oublier, pour faire un pied de nez à une communauté internationale qui sous couvert de relations diplomatiques, accepte de taire le pire !
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Un beau roman qui nous montre à l'échelle d'une vie ce que le génocide Arménien a pu faire subir aux populations.
Ici on suit le périple de la grand-mère de la narratrice et l'enfance parisienne de sa petite fille. Cette dernière vit avec un héritage secret qu'elle ne comprend pas. Tiraillée par la culture française de sa mère et le poids de l'histoire arménienne qu'elle a en héritage par son père et sa grand-mère paternelle.
Un livre touchant et remplie de vie malgré l'ombre de la mort qui règne sur la route des Arméniens qui fuit.
Des touches d'humour adoucisse le récit.
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Dans ce bouleversant roman, Valérie Toranian nous porte dans l'horreur du génocide arménien. « L'étrangère », retrace le destin d'Aravni, une toute jeune fille dans la tourmente du génocide arménien, qui n'est autre que sa grand-mère rescapée du génocide. A travers son récit c'est le calvaire des Arméniens qui nous est conté, Dans « L'étrangère » Valérie Toranian alterne le passé de sa grand-mère et son passé, le périple d'Amasia, Alep, Marseille et Paris de son aïeule et son histoire de petite fille, qui essaye de comprendre ce silence autour du drame.
Un roman poignant à recommander.
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Touchant. Voilà le premier adjectif qui me vient à l'esprit pour définir ce récit. Car en plus d'être le témoignage poignant d'un peuple meurtris, dont le génocide arménien, à ce jour, n'est toujours pas reconnu par les Turcs, il s'agit également d'un bel hommage. Celui d'une petite fille à sa grand-mère, Aravni, si mystérieuse qu'elle lui était, au fond, étrangère. Étrangère de par sa langue, sa culture, sa souffrance voilée, sa fierté et sa pudeur. Ce n'est qu'au crépuscule de sa vie, que la vieille dame concède enfin à livrer sa tragique histoire. L'autrice nous la transmet dans ce livre sous une forme romancée qui ne retire rien à la véracité et l'horreur du récit initial.

Les chapitres sont plutôt courts et alternent entre le récit passé d'Aravni, rescapée d'une déportation arbitraire, violente, inhumaine par des Turcs qui plaident la cause de la Première Guerre mondiale, et Valérie, qui nous livre des anecdotes et ses souvenirs d'enfance, au sein d'une famille franco-arménienne, tiraillée entre deux parts d'elle-même. Avec ses cheveux noirs et bouclés, où se situe-t-elle ?

C'est un récit authentique, chargé en émotion, où l'amour et la tendresse, l'entraide et la compassion, côtoient la monstruosité et la cruauté des hommes. Un passage en particulier m'a marquée par sa noirceur et le désespoir qu'il induit… Qu'il est cruel d'être mère en ces temps obscurs. Nous ne saurons pas tout de ce qu'a dû traverser et endurer Aravni et les siens, cette dernière laissant planer quelques zones d'ombres, floues, des non-dits. Mais l'on en sait déjà bien assez pour se rendre compte de l'ampleur des maux et des souffrances qu'un tel traitement implique. Je n'avais qu'une connaissance limitée de ce génocide des Arméniens, alors merci à Valérie Toranian pour ce devoir de mémoire.

On ressent que l'autrice a écrit avec son coeur, teintant le récit de bonheur, de tristesse et de nostalgie. C'est à la fois intime et universel. A lire.

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24 avril 1915, c'est le début d'un génocide – le premier du XXème siècle.
Valérie Toranian, journaliste, autrice, est la petite-fille d'Arméniens rescapés du génocide.

Elle confie dans ce récit l'histoire de sa grand-mère paternelle Aravni ; et, à travers son histoire personnelle, le génocide arménien est retracé.
« Ma grand-mère est une rescapée du génocide. Ces trois mots la définissent, la contiennent et l'isolent du reste de l'espèce. Son drame se confond avec elle : c'est une identité et une fin en soi ».

Toute jeune fille, Aravni a dû fuir en 1915 l'Arménie et tenter d'échapper aux massacres perpétrés par les Turcs, en regagnant Alep, Constantinople et Marseille.

Aravni c'est une survivante, et elle se tait, sa petite-fille aimerait tant qu'elle lui raconte son histoire, elle aurait tant de choses à lui dire de sa vie … Elle a fait partie de ces millions de persécutés, réfugiés, apatrides…

« Ceux qui ont vraiment quelque chose à dire, ils n'en parlent pas jamais. » Albert CAMUS.

Un roman largement inspiré de la vie de l'autrice, historique, passionnant et bouleversant.
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Un témoignage très émouvant sur la vie de la grand-mère de l'auteur, jeune femme en 1915 lors du génocide arménien, et son terrible exode.
Le livre alterne, l'histoire de la grand-mère, les évènements tragiques et la narration de l'enfance choyée de l'auteur, faite de moments tendres et joyeux, entre deux cultures, deux langues...
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L'étrangère est un roman qui traite du génocide des arméniens, dont on commence peu à peu à parler mais qui reste très méconnu du grand public.
On suit Aravni, la grand-mère de l'auteure, à 2 périodes différentes de sa vie : la première alors qu'elle est adolescente et qu'elle se bat pour survivre au génocide, la deuxième alors qu'elle est grand-mère et qu'elle tente de léguer sa culture arménienne à sa petite fille.

C'était un roman touchant et poignant. On tourne les pages rapidement et on s'attache à Aravni, on comprend l'horreur de ce qu'elle a traversé
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