Le théâtre n'est pas un échange, c'est une semence, et on récolte ce que l'on sème. Les acteurs parlent, le public écoute, ce n'est pas un échange. Mais le public n'est pas un mur pour autant, même en quatrième position comme certains se plaisent à le dire. J'ai toujours détesté cette expression de quatrième mur imaginaire, désignant celui manquant dans un décor et qui n'est autre que la face, c'est-à-dire le public.
Il me plaît de penser que le théâtre est né d'une conversation entre deux individus, d'un débat, qui petit à petit a attiré du monde. Alors nos deux compères sont montés sur une estrade pour que tous puissent les voir. Ils ont parlé de plus en plus fort au fur et à mesure que la foule se densifiait. Pour illustrer leurs propos, ils se sont habillés et grimés. Ils ont cru bon de planter un décor à la mode de chez eux, et se sont dit que, pour éviter de se répéter, la prochaine fois ils feraient appel au petit Aristophane, dont les graffitis sur le Parthénon laissaient présager un avenir dans l'écriture, et qu'ils feraient payer le droit d'assister à leur discussion parce que, fier de son travail, le jeune Aristophane n'arrêtait pas de leur dire "Et ça c'est des clopinettes, et ça c'est des prunes et ça c'est des...,etc." (...) Tout ça pour dire que quand on retire du théâtre son écorce, ses membranes et ses filaments, ce qui coule, tache les doigts, nourrit et fait du bien, sa pulpe, c'est le débat : cette volonté de dire quelque chose aux autres, tout simplement...