Qui était-elle cette Ellys ? Un fantôme ? Une émanation du Malin ?... Une sylphide ? Un vampire ?... Par moment, il me semblait qu'elle était une femme que j'avais connue autrefois, et je faisais des efforts surhumains pour me rappeler où je l'avais vue... Quelquefois, il me semblait que j'allais y réussir... Mais non, tout s'évanouissait de nouveau, comme un songe...
Je voulus discerner les traits de la femme mystérieuse, mais un tremblement involontaire me parcourut tout entier et une bouffée d'air glacé me frappa au visage. Je n'étais plus couché, mais assis sur mon séant, et, à l'endroit où j'avais cru apercevoir la vision, il n'y avait plus qu'une longue raie de lumière blanche, projetée par la lune.
Je ne la craignais plus comme la veille ; j'étais presque heureux de la retrouver et n'essayais même pas de voir clair enmoi-même. J'avais seulement envie de voler encore plus loin au-dessus d'étranges contrées.
Le bras d'Ellys m'enlaça de nouveau et nous nous détachâmes du sol.
« Allons en Italie, lui soufflais-je à l'oreille.
« Je t'aime, souffla la femme.
_ Tu m'aimes ? répétai-je au comble de l'étonnement.
_ Sois à moi, reprît-elle à voix basse.
_ Être à toi ,... Mais tu es un fantôme... Tu n'as même pas de corps...»
« Ce sont des songes errants, murmura Ellys... La nuit passée, nous aurions pu voir beaucoup de choses, mais aujourd'hui les songes eux-mêmes fuient l'œil des hommes... En avant... En avant !... »
Un instant... et le conte de fées s'évanouit.
Et l'âme est de retour à la réalité.
A. Fet.