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Citations sur Les Guerres précieuses (135)

Je veux revoir la haute Maison aux planches de bois blanc qui surgissait, quand on rentrait du jardin, blottie entre les grands sapins bleus et les érables, avec l'herbe qui se brisait en gerbes émeraude sur la volée de marches du perron. Revoir la façade aux fenêtres étroites, avec la véranda qui dépassait sur la gauche, le toit pointu et haut hérissé par les conduits de cheminées et les pignons d'un blanc immaculé, avec l'oeil-de-boeuf du grenier, perché comme l'oeil rond et doré d'un géant rassurant, tout ourlé de bois ouvragé. Je veux revoir les étranges toits aigus qui coiffaient les bow-windows, et qui, en hiver, se frangeaient de stalactites. Je veux revoir les fenêtres qui étincelaient dans l'air frais, caressées par les branches des arbres trop proches de la Maison, lorsqu'une légère brise soufflait. Je veux revoir la grande Maison, avec les colonnes de bois sculpté encadrant la porte d'entrée, glacée d'un vernis chaud de caramel solide, et le vitrail de fleurs entrelacées qui laissait filtrer, quand le soleil brillait au travers, des éclats de couleur dans le hall. Peint d'immenses treillis de feuillage tropical, le hall luisait d'un doux bleu. Là s'élançait l'escalier en colimaçon, dans un tourbillon de bois cuivré.
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Toujours se méfier des amours d'hiver. c'est le corps qui réclame, par instinct de survie, un autre corps chaud contre lequel se blottir. A la fonte des neiges, tout réapparaît, dans sa vérité nue, dans sa primeur verte d'herbe jeune.

page 121
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Je revenais vers la Maison. Je connaissais les chemins par cœur, je ne prêtais plus guère attention à la courbe des sentiers. Je finissais par déboucher sur la pelouse, et la Maison se détachait, immense et blanche dans le jardin. Mes pas s’allongeaient, je ne pensais plus qu’à poser mes bottes et à faire sécher mes chaussettes devant le feu, avec une tasse fumante. Dans ces moments-là, quand je venais de m’oublier dans l’extérieur, je ne m’arrêtais pas pour regarder la Maison. Je ne pensais qu’à son contenu : la cuisine, la théière, la cheminée, les pantoufles. Je ne levais plus les yeux, en traversant la pelouse. Je le regrette à présent. J’aurais toujours dû la contempler au sortir des bois comme quand, enfant, ses façades brillant au soleil me frappaient d’éblouissement. Il faut toujours s’efforcer de voir les choses familières, de les voir vraiment. Il faut visiter son propre palais avec l’étonnement d’un ambassadeur étranger.
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Nous glissions dans le silence comme une étincelle à la surface de l'étang, et les flots du sommeil se refermaient sur nos yeux.
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Mes yeux sont froids à présent, sans doute. Ils ne sont plus couleur d’étang sale, n’est-ce pas, voilés par la cataracte et la mélancolie, lac gelé sous un ciel mauve. Ils sont pleins du passé et ont usé toutes leurs étincelles. Je ne cherche même plus à les rallumer. Comment les rallumer d’ailleurs sur ce ballet de blouses blanches et de serviables fantômes, qui remplissent mon assiette, allument ma télé, me parlent très fort dans l’oreille. Ici, il n’y a plus de massifs de fleurs, de ciels éblouissants et de neige scintillante. Le café dans la tasse est froid comme mon cœur. Qu’on le boive, qu’on en finisse.
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J’ai tout de suite compris qu’il partirait. Qu’il irait exceller à la Ville, parce qu’à la Maison, on ne peut exceller. On ne peut forcer les murs de bois à s’étirer pour nos ailes lumineuses, alors on les replie, et on laisse la lumière briller faiblement à l’intérieur de soi. De cela, Klaus n’aurait jamais été capable.
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Il est des lieux qui vous harponnent. Qui enroulent leurs mailles autour de vos songes, qui ajustent leurs griffes, juste assez pour vous laisser grandir, mais avec dans votre chair la meurtrissure de leur emprise.
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Pluie fraîche sur pelouse bleue. Herbe d’été humide, relents de terre noire. Toujours ces averses d’août sur les tiges rases, brûlées d’or. Les lourdes gouttes ruissellent sur la vitre, sinuent, serpentent et s’entrelacent en longs rubans de lumière liquide. Combien d’après-midi passées derrière le voile vaporeux du rideau, à suivre du doigt leur tracé nerveux et languide à la fois. Les petits cheveux follets frisent autour des joues, et l’on s’étonne qu’ils soient si blancs alors qu’on est si jeune, nimbée d’éther sous la fenêtre. Et soudain le regard tombe de la fenêtre à la main qui écarte le rideau, et la main est vieille, si vieille.

(Incipit)
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Le café dans la tasse est froid comme mon cœur. Qu'on me boive qu'on en finisse
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C'était mon moment préféré de la journée, rempli de promesses, de projets, d'idées rendues plus folles encore car déjà entremêlées d'une demi-conscience pleine de rêves. Nous glissions dans le silence comme une étincelle à la surface de l'étang, et les flots du sommeil se refermaient sur nos yeux.
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