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Lapinot et les carottes de Patagonie
Lewis Trondheim (Scénario & Dessin)
• L'Association

J'aime beaucoup Lewis Trondheim, et Lapinot est sans doute sa série que je préfère (même plus que Donjon !).
Pour autant, je n'avais jamais commencé par le début. Par la création du personnage.
Voila que c'est chose faite, et j'aurais peut-être du ne pas le lire...

Si j'entend souvent parler de cette oeuvre comme étant très spéciale mais étant un monument de la BD indépendante, je dois dire que je ne comprends pas les louanges que certains peuvent lui faire.

Certes, Lewis Trondheim lui même, confie qu'il ne savait pas dessiner et qu'il s'est lancé dans la création de cette BD de 500 pages, où il réalise de scénario, mais aussi... le dessin !
Ok, l'anecdote est sympathique, mais l'oeuvre en elle même ?
Eh bien je dois dire que je l'ai trouvé beaucoup moins sympathique...

Si j'aime beaucoup Lapinot, que ce soit par ses formidables aventures, ou par ses nouvelles aventures, ses aventures particulières (les carottes de Patagonie, ou encore herbes folles, fonctionne beaucoup moins bien sur moi.

Pour les carottes de Patagonie, j'ai un peu eu la même impression que quand des années après avoir lu les différents tomes de Tintin, j'ai découvert Tintin au pays des soviets, c'était nul !
Pour Lapinot, c'est exactement pareil, j'aime ses aventures "récentes", mais sa première apparition, eh bien... je la trouve nulle...

Certes, quelques touches d'humour par-ci par-là m'auront fait sourire, mais pour l'ensemble de la lecture, ça aura été long et chiant :/
Il m'a fallu au moins une bonne centaine de pages avant de rentrer dans le récit, et même une fois dedans, je ne parvenait pas à trouver ça mieux que moyen...

Ca aura au moins eu le mérite de me faire connaitre les débuts du personnage, mais sinon, vous l'aurez compris... je n'ai pas apprécié.
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Faire une bande dessinée de 500 planches de 3x4 cases carrées, pas de scénario prédéfini, l'histoire s'écrit d'elle-même au fil des pages. Et au passage apprendre à dessiner.

C'est de ces contraintes oulipiennes qu'est sortie Lapinot et les carottes de Patagonie. Au final on a une sorte de work in progress de 6000 cases où le trait de Trondheim s'affine, l'histoire se développe librement de manière hallucinante…

On touche du doigt le culte, une étape dans la bande dessinée underground/indé et l'émergence d'un de ses acteurs majeurs.

Et comme pour le premier album du velvet underground, Brian Eno aurait déclaré « peut être seulement 1000 personnes ont acheté l'album à sa sortie, mais toute ont dessiné des lapins dans les marges de leurs cours de maths... »

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« Tout a commencé à une réunion de l'Association en 1990 où je vois les premières planches du Galérien de Stanislas. Leur gabarit simple et constant de trois cases sur quatre ainsi que leur côté feuilletonesque et improvisé me donne une envie jalouse de faire pareil. Seulement, je ne sais pas dessiner.

Alors je me suis dit qu'on n'allait pas s'embêter pour si peu, que je pouvais toujours faire deux ou trois cases et qu'on verrait bien. Donc j'attaque avec un trait bien gras, histoire de cacher mes défauts. Et Pof, un meurtre et une action qu'on prend en cours de route. Puis vient le personnage central que je nomme Lapinot, pour embêter J.C. Menu avec son Lapot. Je me mets alors à faire de l'animalier (sans doute influencé par mon début de collaboration avec J.P. Duffour – Gare centrale - ainsi que par mes lectures enfantines de Carl Barks – Picsou – et de Floyd Gottfredson – Mickey -). Me voilà alors avec la première page entre les mains et je me dis que ce serait amusant de continuer comme ça à improviser une histoire sans faire de crayonnés sur au moins… euh… mettons 500 pages. Alors je les ai faites.

L'histoire s'est déroulée sous mes yeux, les personnages agissant à leur guise, tirant la couverture les uns et les autres. Mon seul rôle ne constituait plus qu'à organiser ce chaos.

Mais en fait, comme on peut le voir, je n'ai pas fait grand-chose » (Avant-propos de l'album).

-

Prenons donc cet album comme un défi que s'est lancé Trondheim : en partant de « presque rien », le challenge est de développer un récit spontané en 500 pages. Lewis Trondheim a toujours dit qu'avant de faire Lapinot et les carottes de Patagonie, il ne savait pas dessiner. Pourtant, à l'époque, il avait déjà réalisé quelques dessins de-ci de-là dans ACCI H3319. Passons ce détail qui apporte peu d'eau au moulin d'autant que lorsqu'on débute la lecture de Lapinot, la maladresse du dessin saute aux yeux. L'auteur nous avait déjà mis en garde dans sa préface en disant j'attaque avec un trait bien gras, histoire de cacher mes défauts. le trait biscornu et tremblotant restera tel quel sur tout l'album cependant 1/ on part si vite dans le scénario que cela ne gêne jamais la lecture et 2/ on voit malgré tout la progression tout au long de l'album. En comparant la première et la dernière planche, on peut rapidement constater que le trait s'est affiné et a gagné en efficacité (rendu du mouvement, des perspectives…).

Le lecteur est donc face à un livre incroyable né d'une démarche expérimentale. Cela peut être vu comme un exercice de mise en jambe visant à « privilégier des solutions d'efficacité graphique et de se concentrer sur l'histoire à raconter » (pour reprendre les propos de David Turgeon dans son article dédié aux « Carottes » sur du9). Personnellement, je me suis laissée guider par mon plaisir plutôt que d'extrapoler sur les intentions de l'auteur. de plus, la contrainte est forte : 500 pages construites avec une mise en page prédéfinie (un gaufrier de trois cases sur quatre). Avant de m'embarquer dans la lecture, j'avais peur que cette découpe redondante crée de la lassitude mais là encore, le fait d'être prise par l'histoire, ses rebondissements et ses personnages haut en couleur a eu raison de mes appréhensions.

Mais de quoi est-il question ?

Notre héros, Lapinot, est naïf, immature, imprévisible et foncièrement bon. Trondheim va utiliser ce trait de personnalité et le mettre au service de son récit. Et si ce dernier peut disposer d'un aussi grand nombre de retournements de situation, cela est en grande partie dû à l'insouciance de notre Lapinot.

Tout part d'une coïncidence farfelue : un inconnu est appelé pour une mission. Il possède un coffre qui contient des carottes magiques mais avant de partir, il doit mettre le coffre en sécurité. Il demande donc à Lapinot s'il peut garder son coffre jusqu'à son retour. Lapinot l'aurait sagement conservé chez lui – en continuant de vivre tranquillement et de rêver qu'un jour, il pourra voler – mais c'était sans compter l'intervention de Lemacheur (un trèèèès méchant qui a une dent contre Lapinot). Avec ses pouvoirs de sorcier, Lemacheur a observé la transaction de loin et une idée diabolique a germé dans son esprit. Il s'est mis en tête de manipuler Lapinot. Après avoir changé d'apparence, il se présente à Lapinot et lui dit que celui qui mange une carotte de Patagonie acquiert le pouvoir de voler ; il lui dit aussi que les carottes magiques du coffre viennent de Patagonie. Mais Lapinot est intègre ! Il décide donc d'aller demander des carottes l'Ambassade de Patagonie. Contre toute attente, cette décision ravit Lemacheur car la route est longue jusqu'à l'Ambassade. Et comme Lapinot va entreprendre seul ce voyage (de plusieurs jours), cela laissera tout loisir à Lemacheur pour tomber sur le poil du rongeur… et l'occire (pourquoi ??? parce que tous les bons sentiments de Lapinot lui font horreur !!). Mais bien sûr, c'est sans compter quelques aléas qui empêcheront le gentil et le méchant d'atteindre leurs objectifs respectifs…

-

Ce monde anthropomorphique est un terrain de jeu idéal pour Trondheim. Ponctuellement, durant la lecture, j'ai eu l'impression que l'orientation prise par l'auteur menait à une impasse puis, d'un coup de crayon, il invente un retournement de situation loufoque qui relance son récit. La pilule n'est pas difficile à avaler pour le lecteur, la lecture reste fluide et divertissante de bout en bout. Trondheim y utilise les ficelles de plusieurs genres narratifs. On passe ainsi rapidement sur la simple tranche de vie pour entrer dans le thriller, puis on s'embarque vers une épopée au rythme soutenu avant de finalement tomber dans de l'héroïc-fantasy pleine de fraicheur.

Ironie du sort puisque le glas des 500 pages nous permet certes d'avoir la satisfaction de savoir que Lapinot accède enfin à sa quête personnelle… ou presque… mais si on découvre la fin (très ouverte) de la petite histoire, cela ne nous permet pas d'accéder au dénouement de la Grande quête qui s'était engagée et avait imposé nombre de péripéties à Lapinot… et nombre de frustrations aussi. On verra donc ce personnage tantôt placide et benêt, tantôt en train de frôler la crise d'hystérie, voire la folie.

Lapinot nous fera également voyager entre rêve et réalité,
les deux mondes se complétant à merveille.

Au total, le lecteur côtoie une bonne soixantaine de personnages. Une quinzaine de malheureux connaissent une mort soudaine (mais il n'y a pas, ici, d'apanage de la violence). Une poignée de personnages cherchent plus ou moins à tirer la couverture vers eux ; ceux-ci constituent en partie le vivier d'environ 25 personnages qui apparaissent régulièrement dans l'histoire (ils disparaissent puis reviennent sur le devant de la scène etc) et alimentent ainsi l'intrigue principale. Il y a deux “camps” principaux. Aux côtés de Lapinot, on compte Scanlan (ancien gourou et ancien disciple de Lemacheur qui a retourné sa veste), le Commandant (agent municipal qui a reçu l'ordre de protéger Lapinot malgré la haine qu'il lui voue), Mister Weird (apprenti Mage, personnage pour lequel je me pose la question de savoir s'il ne joue pas double jeu et cacherait sa véritable identité), le Mage (doté de nombreux pouvoirs : magicien, prescient…) qui combat les forces du mal, Kox (crocodile truand, voyou aux ambitions obscures, personnage vénal), KuiKui et Monsieur Simon (deux oiseaux qui tentent d'anticiper les catastrophes, et de réparer les pots cassés), Miss Mirabelle (petite (?) amie de Lapinot)… Dans le camp des méchants : Ghoran (le maître de Lemacheur), Miss Morfleen et son prêtre Surki, Mortek et Krafter (missionnés pour tuer Lapinot)…
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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La légende raconte que lors du bac de philo, Lewis Trondheim est tombé sur le sujet "qu'est-ce que le culot ?"
Et sa réponse est cette oeuvre. Ne pas savoir dessiner et livrer une oeuvre dense de 500 pages.
Mais qu'on soit attiré par le titre ou non, on ne peut pas nier que ce premier tome de Lapinot reste une oeuvre emblématique du 9e art tant elle est révélatrice de l'auteur. On retrouve son ton cynique et désabusé qu'il maîtrise si bien, sa narration qui va dans le puzzle, qui se croise et s'entrecroise mais qui tient toujours le lecteur en haleine et jusqu'à nous mener à une fin désarçonnante mais cohérente avec l'ensemble.
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un défi relevé, dessiner 500 pages sans savoir dessiner et devenir un auteur majeur de la BD du pays
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C'est une BD très intéressante à voir car le trait s'affine peu à peu jusqu'à la fin du livre. Et en plus, c'est la première BD de Lewis Trondheim !
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Attention, il faut vraiment être fan. 1ère BD de Trondheim? le scénario est fait au fur à mesure, 1 page par jour comme seule contrainte. Ça se sent dans la cohérence du récit mais on n'est pas là pour ça. On y retrouve les prémices du génie de la suite avec mille idées par case. Sacré culot que de se lancer dans ce genre d'aventure sans savoir dessiner. Mais je crois de moins en moins à cette légende: ça doit faire partie de son plan de com acheté par un cabinet de conseil en marketing. Bien vu, je suis tombé dans le panneau!
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Lire 500 pages au feutre noir et au format gaufrier (cases carrées de taille égale) ça peut paraitre un peu rébarbatif mais le génie de Trodheim s'exprime dans une intrigue farfelue qui retombe toujours sur ses pattes en dépassant la contrainte de format originale
Des gentils, des méchants, des retournements de situation et des trouvailles fantastiques, Lapinot et les carottes de Patagonie est facile a lire et se bonifie au fil des pages.
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