Je me rappelle avoir entendu un jour mon grand-père Baillargeon affirmer qu'il n'y a pas trente-six misères, seulement deux : la jeunesse et la vieillesse. On vit ou on meurt, c'est tout, ce sont là les seules vraies misères du monde, qu'il disait.
Moi si j'avais eu la chance de vivre, j'aurais fait de grands voyages pour visiter toutes ces églises extraordinaires qui ne disent absolument rien sur Dieu, mais tout sur les hommes, ce qui est autrement plus renversant.
L’idée qu’il n’y a peut-être rien après la mort est la seule qui pour moi ressemble à un espoir.
En tout cas devant moi, qui soient-ils, les gens prennent leur air coupable de lendemain de péché, vu qu’à leurs yeux je suis une innocente victime et qu’ils ont la générosité d’être santé, mais ça cloche toujours un peu (…)
"On meurt comme on s'exile, rêvant de paix et de richesses, mais le cœur gros de son pays natal".
Je suis rassuré : je vais me voir partir. Ça m’aurait déprimé de me manquer, de disparaître subitement sans m’apercevoir moi-même une dernière fois, pas pour me dire merci ni des niaiseries comme ça, mais juste pour me prendre par la main une dernière fois, pour m’aider à franchir le seuil de la nuit sans fin. (p. 21)
C'est ce qu'il y a de bon avec la mélancolie ; c'est un caviar bon marché à la portée de tous les portefeuilles.
Le poète Métastase est parti se coucher. Dieu hait son âme. Et puis fuck.
C'est un garçon sensible qui ne mérite pas de mourir tout de suite et qui a bien gagné son sursis; je sais qu'il fera bon usage de ses jours-cadeaux.
Si, dans le ventre de ma mère, j'avais aidé une vieille dame à traverser la rue, j'aurais pu me dire: "Ah oui, je mérite de vivre, c'est ma récompense." Mais j'ai jamais rien fait de bon pour mériter la vie et maintenant je mérite qu'on me l'ôte - c'est géométrique.