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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je suis depuis toujours intéressée et impressionnée par le travail de journalisme d'enquête, si vital pour nos démocraties. Dans cet essai/récit, les deux autrices, journalistes au New York Times, racontent leur enquête pugnace et persévérante qui leur a mérité le prix Pulitzer et a permis d'enfin exposer au grand jour les méfaits et crimes et signé la fin du super puissant producteur d'Hollywood Harvey Weinstein, qui a abusé sexuellement de ses employées et des jeunes actrices pendant des décennies. C'est vraiment intéressant de découvrir comment les journalistes ont su s'y prendre pour convaincre leurs sources de témoigner, personne ne souhaitant être la seule ou la première à le faire, et plusieurs étant contraintes par des accords de non-divulgation. C'est tout un mode opératoire de prédation qui a été enfin démasqué. le mouvement #MeToo a déferlé ensuite avec la force que l'on a vue. J'ose espérer que nous avons vécu un changement de paradigme et que des abus systémiques n'auront plus jamais les mêmes envergure et impunité. Une enquête passionnante et courageuse à lire d'urgence!
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Il y avait des rumeurs depuis longtemps sur l' homme le plus puissant du cinéma américain. Oui Harvey Weinstein, avait les mains baladeuses. Oui on conseillait aux stagiaires, jeunes et jolies, de ne pas rester seule avec lui dans un bureau ou un ascenseur.

Bien sûr, de New-York à Los Angeles toute personne qui travaillait dans le cinéma savait que le grand patron de Miramax avait la drague un peu lourde.

Mais ces gaillards euphemismes cachaient surtout les dangereux comportements d'un prédateur sexuel, sociopathe et pervers, qui avait mis au point tout un système d' indemnisation financière pour éviter des plaintes pour agression sexuelle.

Et un jour une femme a parlé, puis une autre et encore une autre, entraînant la parole d' autres femmes...
Grâce à ses femmes courageuses, le mouvement "# me too" se met en marche.
Mais pour s' attaquer à un homme puissant qui achète le silence de ses victimes, il faut un dossier sacrément solide.
Pour le "New-York Times" Megan Twohey et Jodi Kantor vont réunir, recouper et vérifier les témoignages d'actrices, connues ou non, d' employées, de stagiaires, de toutes personnes ayant subit les agressions sexuelles de leur patron tout puissant. Mais Harvey Weinstein , dans un monde du travail patriarcal, n' est il pas l'arbre qui cache la forêt ?
" She said " est un véritable reportage sur la naissance du mouvement " Me Too" et sur la manière de travailler d'un bon journaliste.
Opiniâtres, persévérantes, Megan Twohey et Jody Kantor s'attaquent à du très lourd en la personne d'Harvey Weinstein mais leur travail de fourmis acharnées a payé.
Le récit, extrêmement précis et détaillé, de cette enquête devrait être au programme de toutes les bonnes écoles de journalisme.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un ouvrage qui est éclairant (sidérant) sur ce que l'argent permet de protéger les puissants. On nous dit souvent que la vraie vie ce n'est pas comme dans les films et pourtant ! Quand on voit la manipulation, les mensonges, tout ce que WEINSTEIN a orchestré pour s'en tirer, mes doigts se sont crispés plus d'une fois sur les pages du livre, à me demander si elles allaient y arriver alors même que, évidemment, je connaissais la fin de l'aventure.

Il éclaire aussi sur les énormes difficultés que connaissent les victimes pour parler, être reconnues, entendues mais surtout pour être respectées !!

Les journalistes ont du faire un travail incroyable, il fallait tout vérifier dans ses moindres détails parce qu'une seule histoire discrédité et tout s'effondre, on défend l'agresseur. Relire l'arrivée de Trump au pouvoir avec tout ce qu'on savait sur lui, c'est comme regarder un film d'horreur.

De même qu'au delà de la moindre histoire bancale, les deux journalistes doivent pouvoir prouver un schéma récurrent pour faire tomber les agresseurs. Une fois devrais suffire, une fois devrait être la fois de trop mais non, l'opinion public attend de la récurrence lorsqu'il s'agit de personnalité public, par principe au dessus de tout soupçon, au dessus de la multitude, la parole de l'agresseur a plus de valeur que celle de la victime.

Le système judiciaire américain protège plus les harceleurs que la victime, les sanctions et les amendes sont dérisoires, les avocats sont à peine ou pas du tout payés dans le cadre de ces affaires ce qui amène à privilégier l'accord à l'amiable, ce qui amène également à protéger l'identité et l'anonymat du bourreau, résultat il peut réitérer selon son bon plaisir (actuellement des personnalités et avocats essayent d'interdire la clause de confidentialité pour que les agissements puissent être publics)

Il existe une agence gouvernementale EEOC, censée appliquer la législation mais elle garde le secret et n'est pas autorisée à révéler quoi que ce soit, ici les journalistes ont essuyé refus sur refus de leurs demandes d'informations complémentaires sur des affaires dont elle SAVAIT qu'elles avaient été signalées à l'EEOC. C'est aberrant.

On en vient par apprendre que WEINSTEIN avait recouru à une "entreprise" du nom de Black Cubes composé d'anciens de l'armée et des renseignements qui embauchent des "acteurs" pour brouiller les pistes, deux agents ont été envoyé vers les deux journalistes pour saper leur travail, les décrédibiliser, l'une se faisait passer pour une victime, le second pour un avocat souhaitant les aider.

Toute l'histoire est ponctuée d'intimidations, de violences, de menaces, de manipulation, un vrai film ! le tout saupoudré de dizaines d'avocats en conflits d'intérêts dans un camp comme dans l'autre. C'est tout un système qui est sclérosé (était ? est ?)

Dans un mémo datant de 2015 qui a fini par être fourni aux journalistes Weinstein disait à O'connor (une des sources) "Nous n'en parlons pas - est-ce que je peux te faire confiance ? Je sais que je suis un méchant garçon, mais l'important, c'est que je n'essais pas de le cacher" mais le mec est MALADE ! Les gens qui le couvrent sont tout autant responsables que lui, avec un discours pareil on ne peut pas douter que quelque chose ne tourne pas rond, est-ce que c'est pathologique ? Est-ce que c'est le pouvoir qui rend comme ça ? Qui fait perdre de vue ce qui est réellement important ?

Ce livre/témoignage est une claque. Globalement, nous sommes tous parfaitement conscients que quelque chose ne tourne pas rond, que les plus riches ont des droits, ou du moins se les octroient, dont nous n'avons même pas idée, nous commun des mortels. Mais c'est difficile de croire que tout ça peut réellement arriver dans la vraie vie, on a beau s'en douter, ça relève un peu de l'ordre du "fantasme", la justice existe, l'ordre, le droit, il y a des pouvoirs qui peuvent forcément les remettre à leur place. Et puis on lit ce genre de livres et on comprend que ce que notre imagination "fantasme" sur les limites qu'ils peuvent dépasser sont bien réelles. Qu'ils sont presque intouchables, qu'il faut des années et des années, des dizaines, des centaines de transgressions pour avoir ne serait-ce que l'espoir de les coincer.

J'ai renoué, grâce à ce livre, avec un métier que j'admirais quand j'étais petite fille : le journalisme d'investigation. Voilà la vraie nature de ce métier, j'ai une profonde admiration pour le courage qu'on eu Jodi et Megan, leur abnégation, leur patience et leur intelligence.

C'est un livre que tout le monde devrait lire (j'ai l'impression de dire ça souvent mais on en apprend tellement à tourner des pages) surtout quand je vois les jugements hâtifs sur les réseaux concernant cette affaire, comment la population est bien plus prompte à juger les victimes à cause des accords à l'amiable plutôt que d'essayer ne serait-ce que de comprendre le système qui les a piégé.

Prise de note :
- Janvier 2017, Weinstein se joint à la marche historique des femmes avec un bonnet pussyhat sur la tête, festival du film, Sundance, Park City, Utah. (Le gars, il a honte de rien)
- Gloria Allred = avocate "féministe" violée à 25 ans sous la menace d'une arme à feu et a subit un avortement illégal qui a failli la tuer. Elle a pris la défense des victimes après le scandale "Trump" on pourrait croire que c'est quelqu'un de confiance sauf que parallèlement elle fait partie de ces avocats qui se font du beurre sur le dos des victimes avec les accords de confidentialité. c'est aussi elle qui a empêché la réforme des accords de confidentialité : une indemnisation mais pas d'obligation de silence. On reparlera de sa fille plus loin mais je ne veux pas oublier le nom de cette traitresse.
- Lisa Bloom (fille de Gloria Allred) digne héritière de sa mère, a aidé Weinstein, le conseillant, l'aidant à manipuler, à dissimuler, Jodi et Megan, les deux journalistes ont fini par récupérer un mail dans lequel Lisa Bloom s'adressait à Weinstein (p.157 à 160) je n'ai même pas su quel extrait choisir tellement ses propos étaient choquant, tout ce qui résonnait dans ma tête c'était "La saloooooooope"
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C'est un récit bien travaillé, précis, détaillé, que je conseille à tout le monde !

mon avis complet sur le blog
Lien : http://limaginationdevorante..
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Très belle enquête menée par deux journalistes déterminées et profondément humaines.
Le récit peut paraître indigeste du fait du grand nombre d'événements et de personnes mentionnés, la chronologie est complexe ; une fois prêt à jongler entre la chronologie riche et cette multitude de précisions, on dévore ce livre avec plaisir.
A chaque nouvelle page on espère enfin voir arriver un dénouement qui s'éloigne sans cesse, on enquête avec les journalistes, on a peur pour elles ainsi que pour les témoins, on se frustre à chaque rebondissement.
Deux points ressortent plus encore à la fin de la lecture : d'une part, la difficulté de témoigner, d'oser briser un tabou, les sentiments de honte des victimes et d'autre part, le besoin de se serrer les coudes, de travailler ensemble, de pouvoir compter les uns sur les autres (
notamment pour les journalistes et leurs supérieurs).
En résumé, je vous encourage à découvrir cette enquête dont les répercussions se font encore largement ressentir aujourd'hui. que vous soyez une femme ou non, féministe
ou non, je pense que ce livre ne laissera personne indiffèrent.
petit bémol cependant, la traduction que j'avais entre les mains était récente mais malgré tout entachée de fautes de frappe ou de fautes, ce qui était parfois lassant, car con
centré sur une page ou deux et pourtant facilement modifiables .
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