Ces derniers temps, le marché du livre aime les romans-fleuves, et de nombreux écrivains semblent faire la course à qui écrira le plus long. Soudain, tout le monde est impressionné par le nombre de pages, et proclame immédiatement que ces romans sont bons.
- Et beaucoup le sont.
- Peut-être. Mais cette admiration initiale devant le nombre de pages est trop rapidement devenue un critère esthétique et de valeur. Seul un roman de plus de mille pages serait donc un 'vrai' roman ? J'inclus là-dedans l'admiration pour les auteurs hyperproductifs ; et la cruelle proclamation de la mort créative d'un auteur si jamais il n'a pas réussi pendant un an ou deux à produire un nouveau livre. Sans parler des paris sur les prix littéraires ! Tout cela se rapproche davantage des catégories de l'endurance, de le force et de la performance de cirque que des critères esthétiques traditionnels.
Comment s'attendre à ce que les utilisateurs des nouvelles technologies, qui ont vécu une métamorphose physique et mentale, dont la langue se compose d'images et de symboles, soient prêts à lire quelque chose que l'on qualifiait il y a peu encore de 'texte littéraire', et qui porte aujourd'hui le nom généraliste de 'livre' ?
Avec le choix de ce voyage plutôt que d'un autre, elle commence à dévider la pelote de sa vie, qui semble avoir été, avec les panneaux de direction et les gares ferroviaires, déjà inscrite dans les lignes de sa main.
Là-bas, à Calcutta, agressée par des nuées de sons, d'images, d'odeurs et de couleurs, j'avais soudain fondu en larmes. C'était un sanglot violent, comme si il avait grossi des années en moi, et qu'à présent, ayant trouvé une faille, il s'était échappé.
La langue était un indicateur parfait de l'attitude envers les réfugiés. Plus la langue était délicate, plus le rapport avec les "arrivants" était mauvais. La bureaucratie européenne s'était cassée la tête sur la terminologie - migrant, émigrant, immigrant, demandeur d'asile, exilé- pour finir par se décider pour 'migrants', suggérant par là-même qu'il s'agissait d'une main-d'oeuvre mobile qui, dans un monde mondialisé, choisissait de son plein gré des destinations géographiquement, culturellement, climatiquement et financièrement favorables au travail temporaire, le tout à ses risques et périls, bien entendu.