La figure de
la renarde, animal intelligent et rusé, se faufile à travers le roman, mais
la renarde, c'est avant tout l'autrice elle-même, une femme et une intellectuelle qui a dû se reconstruire à travers l'exil (Ugrešić a fui son pays d'origine en 1993 pendant la guerre qui a mené à l'éclatement de la Yougoslavie). Dans son dernier ouvrage, elle nous trimbale de Pompéi au Grand Canyon en passant par l'arrière-pays croate et elle évoque de nombreux écrivains, certains très connus, comme Tanizaki ou
Nabokov, d'autres beaucoup moins, comme des auteurs de l'avant-garde russe dont les traces ont été effacées.
La Renarde flirte habilement avec l'essai littéraire et l'autofiction et Ugrešić joue de cette ambiguïté. Sa narratrice et alter ego ne cherche pas à plaire, mais sa franchise et sa détermination la rendent attachante. Il m'aura fallu apprivoiser l'animal, mais je n'y ai pas résisté longtemps. J'avais toujours envie de retourner à ma lecture pour me faire raconter de nouvelles histoires.