Je trouvais une petite chambre non loin de l'université et, pour la première fois de ma vie, j'étais seul.
J'avais emporté mes livres préférés:
" Guerre et Paix, L'Idiot, Crime et Châtiment, Conversations avec Eckermann de Gœthe, les pièces et les essais de Kleist, Heine ( que j'admirais beaucoup à l'époque) et, bien entendu, Hölderlin.Mais je n'avais pas envie de lire.J'avais assez lu.Je voulais que la vie frappât à ma porte.
( Stock, 1985, p.62 )
Ma secrétaire partageait son temps entre le polissage de ses ongles des mains et des pieds, la lecture de romans policiers et la fabrication de ravissantes chainettes avec mes trombonnes
Schumacher était grand , mince, légèrement courbé. Son visage évoquait une pomme ratatinée; ses lèvres étaient aussi minces que si on les lui avait coupées au rasoir et ses yeux verts aussi froids que des glaçons. Comme Churchill, il fumait sans cesse ou suçotait un cigare. On avait conscience de sa force de volonté et de sa foi fanatique en la justesse absolue de sa cause mais, pour ma part, j'avais peur de lui et me sentais nerveux et gauche en sa présence. Comparé à lui, j'étais un être faible et irrésolu. La politique était tout pour lui, la vie même et il était prêt à mourir et à laisser les autres mourir pour ses convictions. Pour moi, la politique n'était qu'une partie de la vie, une partie nécessaire, mais peu agréable. Je suis certain qu'il le savait, réprouvait cette attitude et qu'à cause de cela je lui étais antipathique. Je doute qu'il ait eu des amis intimes et ne suis pas sûr qu'il en éprouvât le besoin, mais il avait des milliers de partisans prêts à mourir pour lui.
( Stock,1985,p.133)
L'antisémitisme est une étrange maladie qui germe dans les lieux les plus invraisemblables. Il est latent chez nombre de gens qui ignorent son existence et sont atterrés et honteux lorsqu'il s'empare d'eux.Un homme sera votre ami et vous invitera chez lui, mais il aimera mieux mourir que vous emmener à son club.
( Stock, 1985, p.32)