Avec ce recueil de nouvelles,
Beata Umubyeyi Mairesse explore le Rwanda. Celui de l'avant et de l'après génocide. Et c'est ce qu'"
Ejo" signifie : autant hier que demain en kinyarwanda.
Ce titre est une promesse, bien tenue.
À travers des événements anodins parfois, cruels régulièrement, effrayants quelquefois, pleins d'espoirs souvent, l'autrice emporte le lecteur dans un tourbillon de personnages et de situations.
Grâce à ces nouvelles, on entend s'approcher le génocide à grands pas. On entre également dans les familles et les voisinages qui se déchirent. On sent la peur et l'incompréhension face à la flambée de violence. On comprend ensuite la culpabilité du survivant, la volonté d'être en vie coûte que coûte...
Et les enfants, revenants des Enfers, auront-ils un coeur intact ou une lézarde apparaîtra-t-elle ?
Beata Umubyeyi Mairesse nous raconte, de manière subtilement romancée, un génocide contemporain perpétré dans l'indifférence, voire la collaboration de certains. 1994 est certes la date charnière avec l'extermination de 800 000 à 1 million de Tutsi en 3 mois. Cependant, la situation était, comme souvent, le fruit d'un conflit long, insidieux et réfléchi...
Certaines nouvelles sont dures mais nécessaires.
Mention spéciale à la nouvelle épistolaire de Soeur Anne qui, en effet, n'a rien vu venir...
Autre mention spéciale à La civilisation ou quand les enjeux démographiques actuels sont inversés...
Elles sont toutes à découvrir et participent activement au devoir de mémoire du génocide des Tutsi au Rwanda qui doit faire partie d'une mémoire collective. Je ne peux que vous encourager à vous plonger dans ce livre.