Peut-être y a-t-il autant de manières de rédiger la critique d'un livre que de raisons de le faire.
Sans cesse la question revient de savoir ce qu'est une bonne critique.
Peut-on, comme pour réussir un bon plat, s'emparer d'une recette, ou suivre pas à pas les conseils avisés d'un chef de tambouille ?
On dit qu'il faudrait bien peser ses mots.
On dit qu'il faudrait mettre dans sa critique une bonne dose d'érudition, et y ajouter quelques pincées d'humour.
On dit qu'il faudrait en retirer toute velléité de résumer.
On dit tellement de choses !
Ce qui est sûr, c'est que, riche clientèle ou non, le menu fait beaucoup pour la réputation du lieu.
Mais critique n'est pas explication de texte.
Les deux genres sont différents : l'un est affaire de spécialistes, l'autre de passionnés.
Chez certains, on ne va pas à la ligne.
On s'empiffre de phrases interminables, de conseils emphatiques, d'éclaircissements lumineux, de détails éclairés et d'annotations précieuses jusqu'à se laisser la tête vide, l'estomac lourd.
Chez d'autres, la critique est brève, si concise parfois qu'elle n'en a même pas le temps de se présenter.
Pour défendre le résumé, un vieux livre énigmatique s'est vu être désigné avocat commis d'office :
- Mesdames, messieurs les jurés, le résumé doit en dire juste assez.
Mais s'il ne dévoile pas, il s'agit pourtant bien de savoir de quoi l'on parle, de savoir si l'ouvrage est sucré ou salé, et à quel genre il appartient.
- Mesdames et messieurs, je demande l'acquittement pour mon client qui a sauvé tant de textes oubliés !
Belle figure de cuisinier ne fait pas la saveur du plat.
Et parfois, si le menu en dit trop sur le cuisinier, c'est que la recette a été négligée, que l'ennui guette au détour de chaque phrase.
Néanmoins si la critique est bonne, le ton y est souvent pour beaucoup.
Puisse-t-elle, la critique, être bonne ? ...
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Parmi les mots fréquemment employés dans un sens tout-à-fait différent de leur véritable signification, tel que : incessamment, compendieusement, de suite, etc., etc., il en est un qui, depuis quelque temps, se reproduit souvent sous la plume des littérateurs ayant la difficile mission de distribuer le blâme ou la louange, qui tiennent le fouet de la critique et qui, par conséquent, devraient se montrer les gardiens vigilants de la pureté de notre belle langue française loin de s'en faire, par inadvertance sans doute, les corrupteurs.
Qu'ils me pardonnent ce mot sévère que m'inspirent leur position officielle et l'influence que peut avoir leur exemple ...