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Audrey Richaud (Traducteur)
EAN : 9791034907458
192 pages
Liana Lévi (30/03/2023)
2.88/5   20 notes
Résumé :
C’est à l’ombre de son frère étiqueté « génie » que grandit Veronica, la narratrice de ce roman, dans un foyer de la petite bourgeoisie romaine aux principes saugrenus. Le père, hypocondriaque et obsessionnel, dresse des murs dans le petit appartement familial, tout en veillant anxieusement sur la santé de ses proches. La mère, aussi loufoque qu’envahissante, exerce un contrôle sans faille sur sa progéniture, et tout particulièrement sur le garçon, son préféré. Dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« J'ai appris à lire à l'âge de quatre ans. Dans une autre famille que la mienne, j'aurais peut-être eu droit à un« bravo ». Mais comme mon frère, à trois ans, en était déjà capable, et qu'à quatre il connaissait déjà par coeur les capitales du monde entier, le nom des présidents américains ainsi que leur date d'arrivée au pouvoir par ordre chronologique, et tous ceux des joueurs de la Juventus depuis 1975, année de sa naissance, mon génie passa complètement inaperçu. »
Dans cette famille hors-normes, tellement hors-normes que la narratrice en perd elle-même les repères, les portraits de Veronica Raimo sont d'un humour grinçant.

La mère est terriblement envahissante et ne laisse aucune autonomie à ses enfants, plus particulièrement à son fils dont elle surveille l'emploi du temps.
Le père est obsédé par les virus, les accidents et les murs. L'auteure raconte qu'après Tchernobyl, la famille s'est nourrie de conserves antérieures à la date fatidique pendant toute une année. Et que l'appartement était morcelé par des cloisons qui apparaissaient puis disparaissaient sans la moindre raison.
Composé d'une série de saynetes ou de sketchs, le roman livre des instants de vie qui rappellent parfois la cruauté burlesque de « Affreux, sales et méchants »d'Ettore Scola. Ici aussi les prestations des membres de la famille touchent à la caricature, même si le point de vue est celui d'une fille bien plus indulgente envers les défauts de chacun.

Se pose alors la question de « Comment devient-on écrivain ?»
D'autant plus que le frère et la soeur ont tous deux choisi cette voie.
Faut-il pour cela hériter des névroses familiales ?
Faut-il faire l'expérience d'un incommensurable ennui étant donné que la paranoia familiale empêche les enfants de mener une vie d'enfant et que le jeu est proscrit ?
Il n'y aura pas de réponse puisque la vérité est impossible à atteindre. Cette autobiographie est hors pacte avec le lecteur. Elle n'a prétention ni à l'objectivité, pas même à la sincérité et encore moins à la vérité. Si son point d'appui est une mémoire falsifiée, annoncée dans le titre, on peut néanmoins poser l'hypothèse que l'hypocondrie et les névroses familiales s'envisagent avec plus de légèreté lorsqu'elles sont enrobées de dérision.
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Un frère et une soeur sont devenus tous les deux des écrivains connus et reconnus en Italie.

L'ennui, et l'incompréhension du monde qui les entoure dans leur enfance sera le terreau et le ferment de leur vie d'adulte.

Un père paranoïaque et une mère surprotectrice rien de tel pour fossiliser des névroses et gâcher une vie.

A moins d'avoir le talent de l'écriture, les souvenirs originels deviennent alors un matériau brut inspirant et une source inépuisable d'anecdotes.

La frustration, la peur, la honte, la colère, la jalousie, toutes ces émotions Veronica Raimo les traverse et les apprivoise pour créer un roman faux où tout est vrai, à moins que ce ne soit un roman vrai où tout est faux.Ironiquement drôle et féroce, l'écrivaine nous livre le portrait intime d'une jeune femme de son temps, l'autofiction à l'italienne d'une femme libre de ses choix et de ses renoncements, apaisée de son passé et confiante dans son avenir.

Les italiens ce sont des français de bonne humeur, disait Cocteau, la preuve par Veronica Raimo et son excellent Tout faux (prix Strega 2022).
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Voilà un livre intéressant et bien que n'aimant pas les rapprochements, deux noms me viennent à l'esprit,Venise n'est pas en Italie d'Ivan Calbérac et Freud.

Venise en Italie, le narrateur 15 ans avec sa soeur, est conduit d'une banlieue jusqu'à Venise par ses parents. Parents loufoques, voiture et caravane. C'est donc un road-movie traité à la mode humoristique sous forme de sketchs.
Pour Freud j'ai le notion que les souvenirs d'enfants ne sont pas à prendre au pied de la lettre car se partageant entre réalité, filtre de celle ci via ce que l'enfant en a compris du haut de ses trois pommes et pure imagination les limites entre rêve et réalité n'étant pas très nettes à cet âge.

Tout faux.
Rapprochement Venise, outre le fait que cela se passe en Italie, c'est un roman autobiographique avec des parents loufoques au sens perturbés psychologiquement, je vous laisse découvrir, deux exemples néanmoins, la maman qui téléphone aux pompiers une quarantaine de fois car elle n'a pas de nouvelles de son fils depuis deux heures. le père qui suite à Tchernobyl oblige sa famille à ne manger que des conserves d'avant la date fatidique et ce pendant trois ans.
A noter, un frère devenu lui aussi écrivain.
C'est donc un live-movie traité à la mode humoristique sous forme de sketchs.

Souvenirs écrans freudiens. de ce que raconte Véronica Raimo et par delà l'enfance, tout n'est pas faux mais entre réalité, filtre Raimo et imagination impossible de faire le tri.

P 204 : la plupart de nos souvenirs nous abandonnent sans même que l'on s'en aperçoive ; concernant ceux qui restent nous les rabotons en douce à la recherche de quelqu'un a embobiner et qui s'abonne à notre histoire.

Tout faux.
Bien écrit.
De l'humour auquel on se laisse prendre mais pas toujours.
Des pensées inévitables sur le sens de la vie et le pourquoi des choses

Regrets.
- de parents pathologiques il aurait été intéressant d'en savoir plus sur les conséquences pychiques de l'éducation reçu par Véronica ou son frère. Ou dois je en conclure que tous les écrivains ont des parents tarés.
Ps bien sûr je plaisante à moitié.
- Quel intérêt pour l'auteur de falsifier sa trajectoire et je rajoute que l'histoire d'un embobinement du lecteur m'est insuffisant.

Commentaire.
Concernant l'imagination et les rabotages, ils ne sont pas le fruit de rien du tout mais le résultat d'une réalité à éventuellement rechercher.

La phrase de la fin comme j'aime bien à les citer. Plutôt une idée ici. La narratrice parlant à son grand-père. C'est l'histoire d'un épi qui avait grandi dans la forêt. Et alors. Alors rien d'autre. L'histoire finissait là.

A mon grand-père, ça lui convenait. A moi aussi.

A moi aussi.
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Veronica, Verika, Oca, est une seule et même personne ; une gamine maigrichonne, taciturne et déprimée qui vit dans l'ombre de son frère. Les deux sont devenus écrivains, plutôt célèbres en Italie.
Ce récit c'est celui de l'enfance de Veronica, ses souvenirs en pagaille, en désordre, vrais ou imaginés (d'où le titre du livre), mais qui sont tellement à l'image de cette jeune femme qui a grandi dans une famille de doux dingues : se nourrir de conserves conditionnées avant le 26 avril 1986 (explosion de Tchernobyl), même trois ans après, et se retrouver carencée en tout, s'envelopper dans du sopalin pour ne pas transpirer (plutôt que se doucher même une seule fois par semaine), édifier des cloisons partout, devoir porter des bottines en cuir sur la plage pour se protéger des morceaux de verre et ainsi du risque de tétanos … il y en a tant d'exemples tous plus ou moins farfelus, drôles ou édifiants, c'est selon !

« Grâce à l'éducation rigide de mes parents, mon frère et moi n'avons jamais appris à faire toutes ces choses dangereuses comme nager, monter à vélo, patiner, sauter à la corde ». Ils ont développé l'art de s'ennuyer comme personne dans cet appartement qui devenait un « marécage d'angoisses vaporeuses ».

Si ses parents, une mère anxieuse et surprotectrice et un père obsessionnel, l'imaginent très tôt destinatrice, elle développe rapidement le goût du silence, de l'observation et de l'imagination. Les souvenirs se mélangent aux fantasmes, deviennent flous, « se transforment au moment même de se former ». Cela donne un récit - roman drôle, léger où les défauts des uns et des autres sont atténués par la touche nostalgique de l'autrice (hormis la grand mère). C'est à la fois féroce et réjouissant.
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J'écris des choses ambiguës et frustrantes
Lorsqu'on demande à l'auteur si ce livre est une autobiographie, elle explique que la mémoire va chercher des souvenirs qui sont forcément soumis à interprétation. Pour elle, il ne peut pas exister une seule réalité.
Pas d'intrigue, pas de récit linéaire et pourtant un plaisir de lecture très agréable. L'auteur nous embarque dans l'histoire d'une vie, celle de Veronica (toute ressemblance avec etc etc ;- ) Ce n'est pas linéaire, mais les différents « épisodes » peuvent être reliés par une même thématique : la relation à la mère, le sexe …
Ces tranches de vie sont écrites et décrites avec humour et ironie, c'est grinçant, désopilant. Veronica vit dans une drôle de famille, sa mère est surprotectrice, son père a des idées bien à lui sur l'hygiène, son grand-père l'appelle gros cafard. Elle grandit dans un petit appartement où portes et cloisons vont et viennent. Avec son frère, elle espionne le monde extérieur par les fenêtres diminuées de moitié. Alors elle invente pour elle et pour ceux qu'elle côtoie, d'autres quotidiens, d'autres envies, d'autres occupations et tout se mélange. Ce qu'il se passe réellement, ce qu'elle souhaite ardemment pour pimenter la morosité et la répétition des évènements.
C'est gai, subtil, généreux. le ton est âpre mais sans animosité. On voit Veronica se lâcher, s'émanciper, faire ses propres choix, être confronté au deuil et à la perte de l'amitié. Parfois, on la sent fuyante quand les questions la dérangent, comme si se confier, c'était perdre une partie de son identité. Sa famille tient une grande place, peut-être trop d'ailleurs, alors il est nécessaire de s'affranchir, de grandir et de prendre les rênes en main.
Le lecteur se doute bien que tout ça a, une part de faux et une part de vrai mais en quel pourcentage ? le mensonge (comme le fait de souffrir d'une maladie pour expliquer une non réponse ou un retard) est-il une pirouette ou une façon de taire une vérité dérangeante ? Et ces exemples sont-ils issus de l'imagination de Veronica Raimo ou de ce qu'elle vit ? La mémoire joue des tours et c'est tant mieux, ai-je envie d'écrire, cela offre de la fantaisie, la possibilité de « retourner » les passages plus difficiles, plus douloureux que l'on veut oublier et ainsi en créer d'autres.
Je ne sais pas si la traductrice a ri en mettant ce texte en français. Ce qui est certain, c'est qu'elle a certainement réussi à en garder le fait que l'auteur ne se prenne pas au sérieux, qu'elle nous transmette une vue sur une famille italienne hors norme. Chaque individu a ses névroses (même Veronica) mais elles ne sont pas analysées sur un plan psychologique ce qui aurait alourdi le propos, elles sont presque tournées en dérision et cela permet de prendre du recul.
C'est une lecture qui m'a beaucoup plu. J'ai souri le plus souvent, j'imaginais les scènes (notamment le logement), les dialogues où l'interlocuteur devait se demander si c'était la vérité, je me disais : mais où va-t-elle chercher tout ça ?
Je conclurai avec ces quelques mots extraits du roman :
« Et c'est comme ça que je me sens, à chaque minute mon existence : mais oui, allez, on va dire que c'est moi. »

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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critiques presse (2)
LeMonde
21 avril 2023
Prix Strega Giovani, Tout faux se présente comme un récit d’inspiration autobiographique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
30 mars 2023
Pour s’affranchir d’une famille trop aimante, la romancière a choisi le burlesque.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je ne parviens pas à m'en débarrasser, d'abord parce que les cadeaux sont pour moi quelque chose de sacré et que je crains toujours le retour du karma, mais aussi parce que la perversité de ce tiroir me ramène à l'intrinsèque vérité morale d'une famille
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Je suis la seule femme de la famille – coté maternelle et paternel confondus – qui n'a pas de poitrine. Malgré ça, ou probablement justement pour ça, en vertu du principe immuable que représente le bizutage domestique qui maintient glorieusement en vie les hiérarchies familiales, je me retrouvais ponctuellement avec un soutien-gorge comme cadeau d'anniversaire.

Étant donné que de toute façon il ne me servait à rien, sa taille était tout à fait arbitraire. Je possède un tiroir rempli de soutiens-gorge flambant neufs avec l'étiquette encore accrochée dessus, allant du bonnet A au bonnet E, en dentelle, en satin, à balconnets, rembourrés, avec ou sans bretelles.
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J'ai appris à lire à l'âge de quatre ans. Dans une autre famille que la mienne, j'aurais peut-être eu droit à un « bravo ». Mais comme mon frère, à trois ans , en était déjà capable, et qu'à quatre il connaissait déjà par cœur les capitales du monde entier, le nom des présidents américains ainsi que leur date d'arrivée au pouvoir par ordre chronologique, et tous ceux des joueurs de la Juventus depuis 1975, année de sa naissance, mon génie passa complètement inaperçu.
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Et c’est comme ça que je me sens, à chaque minute mon existence : mais oui, allez, on va dire que c’est moi
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