Citations sur Christine Lavransdatter, tome 2 : La maîtresse de Husab.. (19)
Ma soeur, tout autre amour n'est qu'un reflet du ciel dans les flaques d'eau d'un chemin boueux. Tu t'y salirassi tu t'y plonges. Mais souviens-toi toujours que c'est un reflet de la lumière de l'autre séjour; alors tu jouiras de sa beauté, mais crains de la détruire en remuant la vase qui est au fond...
Il avait, leur raconta-t-il, une sorcière de Laponie qui était âgée de deux cents ans et si desséchée qu'elle n'était "pas plus grande que ça". Il la gardait dans un sac de cuir, dans le coffre qui se trouvait dans sa remise à bateaux. Eh ! oui, bien sûr qu'elle mangeait toutes les nuits de Noël la cuisse d'un chrétien - cela lui suffisait pour une année. Et s'ils n'étaient pas sages et gentils, s'ils ne cessaient pas de tourmenter leur mère qui était malade, ils iraient eux aussi dans le sac de cuir.
- Te voilà donc ici, cousin !... Moi qui m'attendais à apprendre que tu étais un homme marié et établi.
- Nenni, je ne me marierai que si je dois choisir entre la femme et la potence, dit Ulf en riant.
Erlend, Erlend !... Après qu'elle l'eut rencontré dans sa jeunesse, la vie devint pour elle comme un fleuve rapide qui franchit souches et rochers.
C'était vrai, sans doute, ce que les prêtres lui avaient dit, que le péché rongeait l'âme d'un homme comme une rouille, car il n'avait de repos ni de paix à vivre auprès de sa douce bien-aimée, il n'aspirait qu'à fuir loin d'elle et de tout ce qui la concernait...
Jamais il ne lui était venu à l’idée de noyer ses soucis dans la boisson, pas plus autrefois que maintenant. À son avis, c’était toujours avec joie qu’un homme devait se rendre à la table de beuverie.
Elle croyait se voir elle-même, à une très longue distance, toute petite dans l'éloignement du temps et de l'espace, inondée de la clarté du soleil qui se glissait par le trou de fumée dans leur vieille maison à foyer, la maison d'hiver de son enfance. Ses parents se tenaient un peu à retrait dans l'ombre : ils prenaient les dimensions fantastiques qu'ils avaient à ses yeux quand elle était petite, et ils lui souriaient comme elle savait à présent que l'on sourit lorsque arrive un petit enfant qui chasse vos lourds et pénibles pensers.
Ma sœur, tout autre amour n'est qu'un reflet du ciel dans les flaques d'eau d'un chemin boueux. Tu t'y saliras si tu t'y plonges. Mais souviens-toi toujours que c'est un reflet de la lumière de l'autre séjour ; alors tu jouiras de sa beauté, mais crains de la détruire en remuant la vase qui est au fond...
« Je me suis dit, Kristin, que lorsque tu aurais toi-même mis des enfants au monde tu comprendrais mieux… »
Elle se rappela ces paroles de sa mère. La fille y pensait avec tristesse — non pas certes qu’elle comprit maintenant sa mère. Mais elle commençait à se rendre compte combien il y avait de choses qu’elle ne comprenait pas.