La Faucheuse, je l’emmerdais. Elle n’était rien qu’une lumière éteinte, le vide, le néant, un détail de la vie, un interrupteur qu’on manipulait de manière définitive.
J’étais attiré par elle, hypnotisé, peut être son tempérament et ses cheveux de feu ? Mais l’amour ?
C’était un sentiment sans odeur, une plaie au cœur que je ne connaissais pas, un mal qui ne l’atteignait pas, une chimère. L’amour, ça ressemblait à une faiblesse, une faille où pourraient s’engouffrer mille saloperies. Ça flirtait avec la jalousie, ça dînait avec des chandelles, ça se fourvoyait sur des chemins pavés de larmes, ça flambait, ça crânait, ça rendait les couples cons.Et puis, un jour, ça s’usait, alors les gens devenaient méchants. Moi, j’avais pris un raccourci, j’essayais juste de devenir méchant.
Il avait tout compris : la peur poursuivait l’homme depuis la nuit des temps, elle se fondait dans ses gènes, était à l’origine de réflexes ancestraux, Mitra la brandissait d’une main et de l’autre apaisait par la douceur d’un monde utopique. L’aveuglement dans tout son art.
La mort gagnait toujours, une main magnifique avec des jokers et l’atout maître, elle régnait sur le monde sans partage et bousculait tout sur son passage avec un claquement de doigts. La mort ne respectait rien ni personne, une banalité qui broyait le miracle de la vie.
Ils jouèrent là, un long moment; entre terre et mer, enfance et réalité. Ils se fichaient du temps, du soleil déjà mort, du sable collé aux mollets. Repus de bonheur, ivres de rires, ils rentrèrent, main dans la main.
Avec ses airs sauvages de fille nomade, ses cheveux ébouriffés, ses genoux écorchés, elle n'entrait pas dans les cases, ne ressemblait pas aux autres. Rester assise des heures, sans bouger, sans parler, sans rire ou plaisanter, écouter la dame parler de choses qu'elle ne comprenait pas, tout cela la rendait folle. Elle en souffrit, l'aigle perdait ses plumes, l'étroite cage l'empêchait d'ouvrir ses ailes.
La liberté ne révèle ses trésors que lorsqu'on en est privé
La peur de mourir empêche de vivre, ne pas la connaître c’est se sentir libre.
Aimer le destin, c'est le forcer à vous écouter, pour qu'un jour à son tour il vous aime un peu.
La liberté ne révèle ses trésors que lorsqu'on en est privé. La liberté est discrète, une douce brise dans notre vie qui donne au temps un peu de fraîcheur et à nos pas ce goût d'insouciance. On la respire, on la vit, mais sans jamais la voir. Quand on la perd, on se lamente, on s'en rend malade, on la cherche partout, et on comprend qu'elle ne reviendra plus.