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Critique de MarcoKerma


Dans les premiers chapitres j'étais un peu agacé par les changements de tons de la narration : à plusieurs endroits brusquement on ne sait plus qui parle, quel est le statut du narrateur et si ce n'est même l'écrivain Roger Vaillant qui se permettrait de s'adresser directement aux lecteurs pour faire part de quelques sujets assez hors sujet, rompant ainsi le pacte de narration. Bref, l'impression d'une écriture un peu trop désinvolte
Puis, au fur et à mesure que l'histoire avance et que le narrateur - censé avoir été un témoin et un acteur de ces faits - est mieux identifié, j'ai trouvé le récit mieux écrit, plus cadré.
J'appréhendais d'arriver à la fin car ayant vu il y a longtemps le film qui en a été tiré je connaissais la fin de l'histoire et je trouve que Vaillant a su l'écrire, tendre son récit presque à la manière d'un Stephen King..
Les personnages n'ont pas beaucoup suscité mon empathie car .. ils ne sont pas très sympathiques mais je pense que le but de Vaillant était de décrire la cruauté des rapports humains comme une conséquence de la réalité économique dans laquelle ils sont, à savoir la vie d'ouvriers "opérateurs" de machines qui imposent le rythme et pour "fabriquer" des objets, en plastique, d'aucune utilité.
On peut alors comprendre les personnages - en 1er lieu le personnage principal (- Vaillant l'a nommé Bernard Busard et dit qu'il a l'air buté) - qui cherchent à échapper à ce destin pas réjouissant. Busard a un but : se faire aimer de Marie-Jeanne dont je me suis demandé ce qu'il lui trouvait car elle est un personnage assez mystérieux, contradictoire, froid et c'est en partie elle qui l'amènera à s'attacher au but fou que Busard s'est fixé.
Le personnage le plus humain et positif est finalement un vieux syndicaliste et l'on devine aisément les opinions politiques de Vaillant même sans connaître sa biographie.
Quand on connait un peu sa biographie, on retrouve ce mélange de contradiction qui exalte le courage individuel et les règles collectives, qui décrit la précarité des femmes face aux hommes et leur pouvoir. La scène inaugurale du roman ( une curse cycliste) est un bon exemple où l'on voit que la stratégie individuelle, grande parce que pleine de panache, se fait broyer par la stratégie collective, froide , ennuyeuse mais plus efficace..
Par ce presque mélo Vaillant exprime sa lucidité sur et sa probable détestation d'un certain monde du travail qui tue les artisans et crée des opérateurs-sur-machine-à produire-n'importe-quoi en plastique (on peut à peine parler "d'ouvriers" car dans "ouvrier" il y a ouvrage, hors Busard ne découvre qu'à la fin du roman les milliers d'objets identiques qu'il a sortis de la Machine minutieusement décrite par Vaillant à la manière d'un Zola). C'est un peu aussi la réalité aujourd'hui en Chine où les gens passent leur vie à travailler dans des ateliers familiaux archi pollués donc polluants pour fabriquer les conneries inutiles qu'on achète ici et qu'on jette rapidement..
Le récit est aussi une critique de l'attitude de certains hommes envers des femmes, des rapports méprisant/méprisés entre le nord (l'Europe) et le Sud (lAfrique)..
Donc, à lire pour la critique sociale et la description analyse de la condition ouvrière, y compris celle d'aujourd'hui.
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