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Voilà un des livres qui m'a le plus marqué. je l'ai lu en 5ième et il me reste un drôle de goût dès que je repense à cette histoire. Voilà donc des années après sa lecture ce qu'il m'en reste;
Une histoire triste qui sous-entend que le mérite n'est pas récompensé, qu'il vaut mieux lâcher prise pour réussir que s'acharner...
Ainsi, le héros, bien que méritant et plein de volonté semble toujours jouer de la même malchance. L'auteur utilise l'analogie de la course de vélo pour nous annoncer que la suite de l'histoire sera tout aussi catastrophique pour le héro.
Et bien, il y a des jours où la vie lui donne plutôt raison à Roger Vaillant, on peut bien souvent être son propre meilleur ennemi.
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Il faut absolument lire ce roman, chef-d'oeuvre de Roger Vailland, paru en 1955, et que les Éditions Buchet/Chastel ont eu la très bonne idée de rééditer.

Le récit est direct, percutant, efficace et émouvant, de bout en bout. Tout commence par le Circuit cycliste de Bionnas (Jura) qui attire chaque année les meilleurs coureurs de six départements : l'Ain, le Rhône, l'Isère, le Jura et les deux Savoie. Roger Vailland fait vivre la course de façon superbe et met en place, en même temps, tous les protagonistes du drame qui se prépare.
Le narrateur et sa femme, Cordélia, rencontrent Marie-Jeanne (25 ans), lingère, petite amie de Bernard Busard (22 ans) qui court sous les couleurs de l'Étoile Cycliste de Bionnas. Dès le départ, la course est palpitante. le Bressan, un coureur inconnu localement, va se mettre en évidence. Nous le retrouverons tout au long de l'histoire qui permet de prendre conscience des conditions de travail dans les usines de plastique où la presse à injecter permet de mouler des jouets et toutes sortes d'objets.
Busard ne veut pas passer sa vie à l'usine et Marie-jeanne pense comme lui. Un projet de snack-bar, entre Châlon et Mâcon, mobilise toute la détermination de notre homme à qui il manque 325 000 francs pour boucler son budget. Bravant les consignes syndicales, Busard entraîne le Bressan dans son projet fou : se relayer devant une presse, 24h/24, pendant 187 jours, 4 488 heures, afin de mouler 201 960 pièces et gagner chacun 325 000 francs, soit 49 546 euros.
L'histoire est haletante, inquiétante, oppressante souvent. Une modification technique sur les presses, visant à réduire le temps de refroidissement entre chaque pièce, impose deux jours de repos à tout le monde. le Bressan et Busard en profitent pour refaire du vélo ensemble. C'est l'occasion pour ce dernier d'expliquer à son compagnon les subtilités de l'usage du dérailleur…

« Lever, détacher, baisser, trancher, séparer, jeter, » les opérations se répètent à l'infini jusqu'à l'épuisement.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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« Lever, détacher, baisser, trancher, séparer, jeter, ».
« Lever, détacher, baisser, trancher, séparer, jeter, ».
« Lever, détacher, baisser, trancher, séparer, jeter, ».

* * *

Bernard Busard (22 ans), coureur cycliste amateur, travaille comme un forcené dans une usine de plastique où la presse à injecter permet de mouler toutes sortes d'objets. Son but : compléter ses économies, partir, et ouvrir un snack-bar avec son amoureuse, Marie-Jeanne.

* * *

Marie-Jeanne est revêche.

« Depuis dix-huit mois qu'ils se fréquentaient, sans qu'elle lui eût cédé aussi complètement qu'il ne cessait de le demander avec une ardeur qui n'avait pas diminué, un code s'était formé (…). Chaque nouvelle privauté coûtait à Busard plus de soins à obtenir qu'à des diplomates mûris dans la carrière, les modifications d'un traité international. »

(John Boyne, dans Les fureurs invisibles du coeur, a peu ou prou la même approche de la séduction compliquée :
- « Vous voulez dire, juste nous deux ?
- Bon sang, Cyril, j'ai l'impression de négocier un traité européen. Oui, juste nous deux. »)

* * *

L'usine est son maître.

Busard explique à Chatelard, délégué syndical, que « Marie-Jeanne exigeait de quitter Bionnas. Elle avait mis l'obtention de la gérance du snack-bar comme condition à leur mariage. Lui, il avait été obligé d'imaginer quelque chose pour gagner les 325 000 francs qui leur manquaient.
- Un snack-bar ? demanda Chatelard…
- Un restaurant où l'on mange sur le pouce à côté d'un poste à essence… C'est comme cela aujourd'hui. Les chauffeurs veulent être servis rapidement. Au début, Marie-Jeanne fera la cuisine ; rien que des grillades et des hot-dogs ».
- Des hot-dogs ?
- Des petites saucisses.
- Pourquoi ne parles-tu pas français ?
- Moi je servirai.
- Etre larbin, voilà ton idéal.
- Plus tard on aura du personnel. Marie-Jeanne tiendra la caisse. Moi, je dirigerai.
- Exploiter l'homme, voilà toute ton ambition. »


* * *

« Ne buvant pas à cause du cyclisme et vivant chez ses parents, Busard avait toujours un peu d'argent devant lui ». Il convainc Paul Morel, le fils du patron, à qui il a prêté de l'argent, de mette à sa disposition une presse.

« Moi je veux bien. Mais le singe va dire que tu fous la vérole dans le chantier. »

"« Foutre la vérole dans le chantier » est une expression idiomatique des gens du bâtiment ; il avait appris cela, en même temps qu'à dire papa, maman. "

Un autre coureur, un Bressan à qui il explique les subtilités des braquets, se joint à lui : il se relayent devant une presse, 24h/24, pendant 187 jours.

Compte à rebours d'autant plus angoissant que le patron de l'usine, Morel père, accentue la cadence des machines qui risquent à chaque geste de broyer la main des ouvriers.

* * *

« Il continuait de réfléchir, aidé par l'effet persistant des deux pastilles de maxiton et peut-être par la fatigue dominée. Il réfléchissait qu'il coûtait moins cher qu'un dispositif d'automatisation. D'un côté le peigne éjecteur et l'oeil électronique, de l'autre Bernard Busard, son grand corps maigre, ses muscles de coureur, son cerveau, son amour pour Marie-jeanne Lemercier ; c'était Bernard Busard qui valait le moins ».

Un livre incroyable, inoubliable, l'homme face à la machine, face à lui-même, face à cet engrenage, les heures, les minutes, les secondes, à affronter, à surmonter.

« Lever, détacher, baisser, trancher, séparer, jeter, ».
Inventaire de mots, musicalité à la Prévert.
« Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim »
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En nous racontant l'histoire de Bernard Busard, René Vaillant décrit très bien la monotonie du travail ouvrier dans une usine de plasturgie du Jura. Bernard, et son amie Marie-Jeanne cherchent à quitter leur village du Jura, où le seul avenir envisageable semble être de travailler pour l'usine locale. Ce roman m'a fait penser au remarquable « D'acier » de Silvia Avalonne.
Le cyclisme, sport populaire qui valorise l'effort et le dépassement de soi est aussi très présent dans le roman de Vaillant.

Un livre sympathique mais pas incontournable.
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Voici un très bon livre, maintenant un peu oublié, de Roger Vailland (1907-1965). Ce journaliste et écrivain avait un caractère indépendant et pourtant s'est engagé politiquement. Il signe là un roman social très juste, efficace et cruel.
C'est l'histoire d'un jeune homme prénommé Bernard, passionné de cyclisme, dont le gagne-pain est de manipuler une presse à injecter du plastique pour fabriquer à la chaîne divers objets. Son job est ingrat, ses conditions de travail sont dures et il n'a aucun avenir dans cette usine. Mais Bernard a d'autres ambitions. D'abord il veut épouser Marie-Jeanne. Ensuite il souhaite travailler en indépendant dans un snack-bar; pour l'acheter, il n'a pas l'argent nécessaire, il lui manque encore 325 000 francs. Il conçoit alors un projet fou: travailler "en tandem" à l'usine, avec l'une de ses connaissances (lui aussi coureur cycliste), 24 heures sur 24 pendant exactement 187 jours. Une gageure ! Faisant ensemble le travail de trois ouvriers, les deux compères pourront réunir le pactole désiré. (On se demande si, de nos jours, une telle dérogation aux lois du travail serait seulement envisageable !). Le lecteur devine vite que le dénouement ne sera pas conforme à leurs voeux.
Sans détours et sans misérabilisme, le romancier évoque le monde du travail à la chaîne dans les années '50. Depuis lors, le travail a évolué. Mais maintenant le burn-out touche trop de salariés, y compris des cols blancs. L'avertissement de R. Vailland reste donc d'actualité. Du même auteur, j'ai aussi lu "La loi", qui est aussi un roman réaliste mais qui décrit une société beaucoup moins proche de la nôtre.
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Je qualifierais 325000 francs, de roman "moderne".
Busard n'est pas un personnage qui a attiré ma sympathie, ni soulevé en moi de compassion.... Il travaille trop pour cela, tout au long de ce roman captivant.
Busard se creuse son propre tunnel, dont il pense émerger rapidement (très? trop?) pour entamer sa vraie vie.
Busard ne s'abuse-t-il pas?
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Bernard Busard aime Marie-Jeanne. Elle l'aime aussi, mais souhaite avoir une meilleure situation. Ce dernier envisage d'acquérir une somme, 325000 francs pour parvenir à l'épouser. Il travaillera comme un fou dans une usine du Jura en fabriquant des objets en plastique, quitte à s'épuiser. Peut-on y voir la disparition du travail rural au profit d'une industrialisation qui exploite l'homme? Une critique parfaite de la société de la fin des années 50, dans le contexte du bras de fer entre deux géants, l'Américain et le Soviétique!
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Une forme de tragédie grecque dans le monde ouvrier des années cinquante. le lecteur pressent tout au long du récit son issue fatale. Busard est amoureux et courageux. Il veut sortir de sa condition non pour lui-même, mais pour séduire Marie-Jeanne, une Marie-Jeanne dont on ne sait ni ne comprend pourquoi il l'aime. Un roman sur la pudeur des sentiments, sur l'obstination, sur la grisaille, sur ses vies qui se heurtent au mur du dénuement. Et puis, il y a l'extraordinaire scène d'entrée, palpitante, sur la course cycliste à laquelle prennent part Busard et le Bressan, fermier brut de décoffrage, et peut-être en creux, le personnage le plus attachant du livre. Roger Vailland est un auteur aujourd'hui oublié, qui dépeint avec justesse un monde qui ne l'est pas moins, un monde de lutte ouvrière, un monde où le travail à la chaîne existe encore, abrutit et menace, une sorte de préface inconsciente de la mondialisation où l'on construit dans le Jura des carrosses en plastique inutiles, mais qui feront plaisir quelque part ailleurs, dans un recoin du globe. Bref une lecture nostalgique
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Roger Vailland appartient à cette génération d'écrivain d'après-guerre qui se sont inscrits dans un mouvement où les romans se devaient d'être à la fois engagés et édifiants. Membre un temps du PCF, le parti de gauche le plus puissant de l'époque, il porte au premier plan des personnages de milieux populaires, ouvriers et ouvrières d'usine, et les montrent face à la domination et l'exploitation, prisonniers d'une lutte de classe dont ils sont les grands perdants. Des romans réalistes, donc, qui sont parents du cinéma néoréaliste de l'époque, comme l'émouvant « le voleur de bicyclette » du cinéaste italien Vittorio de Sica.

C'est là que le ressort romanesque peut devenir limité, car le scénario est toujours celui d'un échec, l'ouvrier ou l'ouvrière finissant écrasé(e) ou broyé(e) par la machine du grand capital. En l'occurrence, dans ce roman, le héros est broyé au sens littéral. Et c'est bien le problème. Dès que ce personnage central nous dévoile la manière individuelle dont il espère échapper à sa misère, à son déterminisme social, on comprend de suite comment cela va se terminer. Mais il faut lire tout de même l'entièreté du roman pour que ça se termine effectivement comme on avait compris que ça se terminerait. L'absence de surprise est aussi désespérante que la triste fin du roman.

Le côté édifiant : ce n'est pas seul que l'ouvrier s'en sortira ; la solution individualiste est un leurre ; il faut une solution collective passant par la lutte politique. Ce n'est heureusement pas écrit noir sur blanc, mais c'est bien cela qu'il faut comprendre.

Au final, ce roman vaut plus pour la description précise et souvent technique de la condition ouvrière de l'époque, y compris le rapport complexe de l'homme à la machine. En deçà de l'aspect romanesque, trop balisé avec sa chute entendue, on peut le lire comme un documentaire sur la vie des ouvriers au sortir de la guerre. A ce titre, il présente quelques intérêts.

Il y a parfois au détour d'une page des phases surprenantes.

Ainsi celle-ci, que ne renieraient pas les féministes les plus radicales de notre époque, quand un des personnages masculins déclare à sa compagne :

« Tout homme est coupable à l'égard de toutes les femmes »

Ou encore, autre incise bien différente, qui m'a fait glousser tout seul dans mon coin :

« Elle a les cuisses longues, mais pas de cette longueur à chaque pas émouvante comme le premier tour de bielle d'une locomotive de grand parcours ».
Une variante littéraire du « tu es belle comme un camion » en quelque sorte.

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Livre fondateur qui a aidé l'adolescent que j'étais à se construire et faire des choix. L'émancipation, la quête de la liberté, l'illusion de l'argent, la fatalité, le handicap...ce livre de Roger Vailland m'a marqué d'une manière inexorable.
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