Citations sur Desirée Fe (52)
Grandir m'ennuyait superbement : comme étrangère à moi-même, je n'étais que le témoin d'une enfance dont je m'étais totalement abstraite. Pareille à un escargot avec sa coquille sur le dos, je savais bien que chaque jour de la vie allait s'avérer un chemin toujours plus semé d'embûches vers notre destination mortelle ; je savais bien que j'allais devoir grandir sur ce chemin, me développer, faire des efforts, et devenir autre chose que cette énigme en quoi nous transforment les adultes lorsque nous commençons à monter en graine vers l'inévitable déclin que supposent la vie et ses aléas.
L'histoire est assez simple, l'amour et le désir y ont une place essentielle, au même titre que la liberté, et que la vie. Car la narratrice est une jeunes fille de seize ans à peine ; elle s'éveille à la sexualité, et au véritable amour ; elle brûle de découvrir ce que l'être humain a de plus précieux : la liberté absolue.
En prenant appui sur les bras du fauteuil, il le fait se balancer ; le mouvement me précipite dans sa direction, et mon visage frôle le sien. Penché sur moi, il embrasse mon visage, mes paupières, mon nez, mon menton, et enfin, mes lèvres. C'est un baiser empli d'amour, un lent baiser très appliqué, tout en candeur ; je crois que son corps tremble de la tête aux pieds.
Je m'en vais retrouver la mer. Une fois que nous avons fini de manger nos cochonneries, les autres décident de s'allonger sous les pins, pour faire la sieste. Je regagne le rivage. Le corps mouillé, en appui sur mes coudes, les jambes étirées, j'ouvre mes cuisses, et l'eau s'y introduit ; elle est plus tiède à présent. La mer me désire ; je le répète comme un mantra. Son écume engourdie vient caresser ma peau. J'ignore pourquoi la mer me fascine et m'attire tellement. Elle entre de tout son bleu dans mes pupilles, déformant ma vision du paysage….
Je n'étais pas encore née quand j'ai eu le pressentiment, ou plutôt l'intuition, que mes parents étaient en train de faire l'amour. Faire l'amour, voilà une manière bien sophistiquée de dire qu'ils baisaient comme des bêtes. Cela dit, je ne vois pas pourquoi il n'y aurait pas d'amour chez les animaux aussi quand ils copulent. j'étais dans le ventre de ma mère depuis à peu près huit mois ; j'entendais presque tout ce qui se passait au-dehors, et déjà, je découvrais ce grand mystère que je parvenais encore à peine à m'expliquer.
Elle a une manière particulière de s’adresser à moi, avec douceur, et fort heureusement, sans poser aucune question indiscrète ; elle me demande seulement de lui rappeler mon prénom, puis elle se met à disserter sur ce déjeuner qu’elle a nous préparé, quoiqu’il soit encore un peu tôt pour passer à table.
La vérité, je vais lui dire la vérité. Je dis toujours la vérité. Je vais lui raconter ce qui s’est passé. Il me restait quelques mois avant de passer mon diplôme, mais je le passerai pas. Je vais chercher du travail, un boulot qui me complique pas trop l’existence.
C’est vrai, on a la vie devant nous. Et puis t’as raison, les hommes sont tous des vrais bâtards, des sales enfoirés ; je suis bien d’accord avec ma mère. – La Negra étire davantage encore sa bouche lippue.
Román est un garçon qui se croit malin, mais elle, c’est une vraie vipère. Alors il a dû prendre une décision une bonne fois pour toutes, parce qu’elle… Eh bien, pour une raison très importante… Elle est enceinte.
Ce n’est pas la femme que j’avais vue quelque temps plus tôt ; à présent, c’est une vieille dame. Çà alors, quel hasard que les gens viennent toujours tricoter ici ! La Negra ouvre un cahier et se plonge dans ses cours, à moins qu’elle ne se contente de faire semblant.