L'ennui est un grand générateur de poésie.
A partir d'une forte impression de la rétine, cet organe répond à la couleur qui l'a impressionné par l'émission "subjective" d'une autre couleur, dite complémentaire de la première
On pourrait donc dire que le subconscient est le nom de l'effet de contraste entre le résultat, la trouvaille, la lueur ou la lumière, et le moi qui s'en reconnaît le bénéficiaire indigne.
Il n'y a pas de dernière idée du moi. (La mystique cherche et croit le contraire.)
Ainsi, ce moi du rêve serait donc inventif par déficience, parce qu'il ne peut pas se renseigner suffisamment.
Et alors il se renseigne en créant, comme nous faisons, d'ailleurs, dans tous les cas possibles. [...] Tandis que, dans la veille, quand nous expliquons quelque chose, quand nous disons: "j'entends un bruit", je sais que c'est une voiture, nous inventons la voiture, mais nous savons que c'est provisoire, que cela n'a pas grande importance, que, si nous voulons vérifier ou expliquer, nous le pouvons. Dans le rêve, la voiture arrive.
Le rêve consiste dans un développement de la sensibilité pure, mais ce développement est revêtu, déguisé, masqué par des images représentatives.
Nous avons l'impression de vivre une certaine vie, mais je pense que, si nous pouvions l'observer, nous verrions dans cette vie que les événements qui s'y produisent, que les drames qui peuvent s'y dérouler sont eux-mêmes pris, entraînés, soumis à une sorte de régime dû à la sensibilité même. Par conséquent, régime de contraste, régime de réponse, régime symétrique, etc.
L'image, ici, l'image représentative, les personnes, les situations, etc., sont en quelque sorte superficielles, empruntées pour servir de réponse à des phénomènes de pure sensibilité, sans contrôle.
Or, ce producteur, dont je vous parlais, n'est pas un homme endormi, même quand il est plongé dans la composition, dans ce qu'on appelle vulgairement l'inspiration; cet homme-là n'est pas entièrement à la merci de ces formations de sensibilité, il peut en sortir, il peut y rentrer, il peut les contrôler jusqu'à un certain point, il peut surtout les solliciter.
En admettant que le rêve existe [...]
On peut se demander - ce serait un conte à faire - ce que serait l'existence d'un homme pour lequel ses rêves auraient même valeur que sa vie de veille.
Le caractère récepto-émetteur me semble essentiel à la sensibilité. En ce sens où je la prends, elle n'est pas uniquement passive, mais productrice, elle s'oppose au vide : "la sensibilité a horreur du vide".
[...] chaque point est un carrefour.