Le rêve consiste dans un développement de la sensibilité pure, mais ce développement est revêtu, déguisé, masqué par des images représentatives.
Nous avons l'impression de vivre une certaine vie, mais je pense que, si nous pouvions l'observer, nous verrions dans cette vie que les événements qui s'y produisent, que les drames qui peuvent s'y dérouler sont eux-mêmes pris, entraînés, soumis à une sorte de régime dû à la sensibilité même. Par conséquent, régime de contraste, régime de réponse, régime symétrique, etc.
L'image, ici, l'image représentative, les personnes, les situations, etc., sont en quelque sorte superficielles, empruntées pour servir de réponse à des phénomènes de pure sensibilité, sans contrôle.
Or, ce producteur, dont je vous parlais, n'est pas un homme endormi, même quand il est plongé dans la composition, dans ce qu'on appelle vulgairement l'inspiration; cet homme-là n'est pas entièrement à la merci de ces formations de sensibilité, il peut en sortir, il peut y rentrer, il peut les contrôler jusqu'à un certain point, il peut surtout les solliciter.
Ainsi, ce moi du rêve serait donc inventif par déficience, parce qu'il ne peut pas se renseigner suffisamment.
Et alors il se renseigne en créant, comme nous faisons, d'ailleurs, dans tous les cas possibles. [...] Tandis que, dans la veille, quand nous expliquons quelque chose, quand nous disons: "j'entends un bruit", je sais que c'est une voiture, nous inventons la voiture, mais nous savons que c'est provisoire, que cela n'a pas grande importance, que, si nous voulons vérifier ou expliquer, nous le pouvons. Dans le rêve, la voiture arrive.
A partir d'une forte impression de la rétine, cet organe répond à la couleur qui l'a impressionné par l'émission "subjective" d'une autre couleur, dite complémentaire de la première
L'ennui est un grand générateur de poésie.
Pourquoi serez-vous nécessairement obscurs quand vous n'aurez fait que vous en tenir à ce que vous voyez ?
Et, chose admirable, plus vous serez complets et précis dans cette description purement sensorielle, plus vous serez inintelligibles...
Vous vous êtes bornés à supprimer d'un aspect du monde ce qui n'y est pas observable, mais que nous y joignons et qui s'y joint - et qui l'altère, en somme.
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Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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