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Critique de zazy


zazy
01 février 2019
Jeff Valdera, écrivain, reçoit une carte postale surannée de Suisse montrant l'hôtel Waldheim à Davos où il a passé plusieurs années de son adolescence, des vacances avec sa tante célibataire. Au dos de cette carte est écrit « ça vous rappelle queque chose ? » D'autres arrivent avec des messages quelque peu énigmatiques pour lui. Il finit par trouver l'auteur et se retrouve face à une belle femme Frieda Steigl, fille de Friederich Steigl, universitaire de l'Allemagne de l'Est ayant fui pour l'ouest et ayant habité le même hôtel que Jeff, en août 1976
D'emblée Frieda le met en position d'accusé. Les papiers de la Stasi, devenus publics depuis plusieurs années, le prouvent, il a joué un rôle dans la disparition de son père cet été-là. Or, Jeff, n'a que des souvenirs fragmentaires de cet épisode. Oui, il jouait au jeu de go avec son père. Oui, il jouait aux échecs avec un monsieur Linek. Oui, il parlait souvent au directeur de l'hôtel. Oui, il se rappelle, maintenant qu'elle en parle, qu'il a dû porter ou ou deux messages… Mais bon, il avait 15 ans, il découvrait Thomas Mann grâce à une vieille femme qui vit à l'année dans l'hôtel. Des souvenirs de vacances heureuses d'un adolescent lambda.
Dans la joute entre Frieda et Jeff, qu'en est-il des souvenirs ? Souvenirs que Jeff a gardé, ou souvenirs peut-être contraints par les précisions de Frieda. Mémoire personnelle ou fichiers de la Stasi ? La mémoire de Jeff lui est personnelle, celle de Frieda vient des écrits de la Stasi. « Alors, plus je prétends n'y rien comprendre, plus j'ai l'air d'avouer que je dissimule ? » Avec les révélations des écrits de la Stasi, le doute entre en Jeff. A-t-il joué un rôle dans la disparition de Steigl ? Qui dit la vérité et ou est cette vérité ? Vivre sa vie ou chercher sa vie dans les souvenirs ? Toutes ces questions servent la joute, la bagarre entre Frieda et Jeff.
Un livre prenant, quelque fois étouffant, ponctué par les erreurs de langage de Frieda, sur l'interprétation des souvenirs, la culpabilité. François Vallejo ouvre une page du livre de l'Allemagne d'avant la réunification, celle de la guerre entre les deux Allemagnes, de la fuite des cerveaux, du pistage forcené par les agents de la Stasi.
Pour moi, ce livre est écrit au rythme du pas du montagnard suisse qui ne s'arrête qu'une fois arrivé au but. Malgré les engueulades, les propos vifs qu'échangent Frieda et Jeff, la densité du livre, l'auteur me laisse le temps, grâce à son écriture précise, de suivre le lent processus de mémorisation qui pourrait le mener aux portes de la folie.
Un roman dense où je retrouve l'ironie froide, le mystère, les rapports de force servis par une écriture dense, classique, précise. le suspense, les hésitations de Jeff, le forcing de Frieda, mais également le lent processus de vérité m'ont tenu en haleine jusqu'au bout
J'apprécie beaucoup l'univers de François Vallejo. Ouest avec les rapports maître-vallet, m'a marqué. Je vous parlerai bientôt de « Un dangereux plaisir » lu dans la foulée.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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