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EAN : 9782878583137
320 pages
Viviane Hamy (25/08/2016)
3.56/5   51 notes
Résumé :
En dépit de la nourriture que ses parents lui imposent et qu’il rejette avec constance, Élie Élian s’attarde à l’arrière du restaurant qui s’est ouvert dans son quartier. Les gestes qu’il observe, les effluves dont il se délecte sont une révélation : il sera chef-cuisinier. Son passage dans l’établissement de la veuve Maudor sera déterminant. Elle l’initie à l’amour fou et lui offre d’exercer son incroyable génie culinaire. Puis ses errances dans un Paris en proie a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 51 notes
Prenez un jeune garçon, Elie Elian, faites-le réduire devant une assiette fade, cuite sans amour. Laissez-le mastiquer, longuement. Il en fait une boulette, la crache. La cache sous la nappe. Pas d'appétit. Tout maigre.

Mettez –lui sous le nez une croûte de pâte feuilletée aux fraises, bien croustillante. Il l'avale, tout rond. Il quitte la famille sans saveur, la cuisine sans plaisir. Il va dans la rue. Il change de nom. Le voilà Audierne.

Laissez monter sa faim, émulsionnez son désir avec les reliefs jetés sur les quais: qu'il les dispute aux mouettes, aux chats, aux chiens. Qu'il fasse mijoter quelques légumes et quelques herbes pour ce petit peuple d'affamés : le voilà cuistot des laissés- pour-compte de tout poil et de toute plume. Rajoutez quelques clodos : voici ses premiers clients !

La table est mise pour le destin d'un grand chef !

Faites dorer les premiers morceaux de ce joli conte gustatif, laissez-vous chatouiller les narines par les parfums des premiers succès : voici qu'une femme, une restauratrice un peu mémère, frétille d'aise, toute émoustillée par les performances gastronomiques de notre Elie-Audierne et par son fameux son tour de main …

D'un fouet habile, donnez corps aux fumets, relevez les filets, épicez les chairs, laissez macérer dans leur jus, faites saliver : Audierne-Elie sait comment retourner habilement les femmes les plus rétives, il accommode leurs désirs à sa sauce.

Cuisiner et faire l'amour sont deux façons de se sentir vivant…et vivante !

Mais qu'est-ce donc, là, dans la bisque onctueuse, quelques arêtes ? Sont-ce des pierres qui croquent vilainement sous la dent, dans le délice caviardé des lentilles ? Est-ce déjà la fin du menu ? Serons-nous privés de dessert ? Faudra-t-il retourner sur les marchés, glaner quelques tristes trognons de chou ?

Une bonne fée un peu cuisinière prend quelques initiatives anonymes et gouleyantes…C'est reparti pour la grande bouffe !

Prenez un restaurant renommé mais un peu tradi', un peu réac', renouvelez sa carte, étonnez sa clientèle : faites sauter joyeusement dans une poêle bien agitée les anciens patrons, faites réduire, gardez la quintessence de ce jus-là, nappez-en votre notoriété nouvelle, montez, montez, devenez star..

Mais voici que le vin se brouille, que la crème se délite, que le roux est plein de grumeaux.. Deux trublions et une trublionne viennent à nouveau gâcher le festin…

Le gigot de neuf heures marinerait-il dans le bouillon d' onze heures ? Tout va-t-il se terminer en infecte ragougnasse ? Les étoiles du cuisinier clignotent comme de vulgaires bougies d'anniversaire…vont-elle s'éteindre au firmament de la gloire ?

Une fable savoureuse sur la virtuosité des grands cuisiniers et les délices du palais, un conte gourmand qui ne cesse de vous mettre l'eau à la bouche et vous fournit même, obligeamment, quelques savoureuses recettes au passage.

Un peu longuet parfois ( pourtant je suis gourmande et j'aime les plats longuement mijotés) : le gibier final est un peu faisandé , la note du dernier plat manque de subtilité, le service est un peu lent, le dessert n'est pas à la hauteur de l'entrée.. bref, la fin nous laisse un peu sur la nôtre…on en perd son orthographe!

François Vallejo est comme ces artistes qui reviennent saluer un peu trop souvent le public : il cabotine un peu, mais on lui pardonne : c'est troussé comme une poularde demi-deuil, relevé comme un faisan grand veneur, crémeux comme un risotto safrané, enlevé comme une poêlée de saint jacques au vin vert…

On se régale- même si on a un peu trop mangé et qu'on a les dents du fond qui baignent…
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"C'est un roman de la Bouffe, de la Faim et de L'Appétit "d'après les propres paroles de l'auteur.

Élie Élian, déjà avec ce nom, Vallejo dont j'adore les histoires insolites, des contes pour adulte, nous donne le ton. La lecture d'un livre de Vallejo est particulier, avec son style d'écriture presque impersonnel, il nous met dans une ambiance intemporelle, sobre, sur un terrain neutre, où même si on ne s'identifie pas avec les protagonistes, on part à l'aventure avec eux, et on s'y perd merveilleusement.
Ici l'aventure, on l'entame sur une durée d'une trentaine d'année,avec l'obsession culinaire d'un jeune homme, une obsession sorti tout droit de parents austères, dépourvus de papilles gustatives.Enfant quasi frôlant l'anorexie, une rencontre avec une tarte au fraise changera à jamais sa perception de la nourriture. Découvrant peu à peu le plaisir de manger et de cuisiner, il va tout faire pour assouvir son obsession.
Une formidable aventure culinaire qui par le biais de la cuisine lui ouvrira les portes de la Vie. Il ira loin, mais un vrai repas familial, lui manquera toujours. Changeant de monde, il lui sera difficile de trouver le monde qui lui convient....belle leçon de vie.

Tout est culinaire dans ce livre même l'amour, la politique et la justice. Quand à savoir l'époque de cette histoire, mystère ! Les chamboulements politiques difficile d'y accoler une date.
Vallejo mêle subtilement saveurs, amours, intrigues avec des personnages qui me semblent sortis tout droit des oeuvres de Daumier, et nous offre en prime, une satire sociale des plus astucieuses.
Un clin d'oeil aussi à Chaim Soutine."Groom" m'avait évoquée l'oeuvre du même nom du peintre.De même ici, viandes, poissons et même le personnage d'Élie, pensant à son " petit pâtissier", m' y fait songer.

C'est succulent et truculent avec une fin coquine! Bienvenue au festin !


" Ca lui a toujours réussi d'attraper la vie qui passe, alors attrapons-la, mais avec délicatesse."
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Déjà, l'auteur prévient en disant : "C'est un roman de la Bouffe, de la Faim et de L'Appétit " !
Tout commence avec un petit garçon, Elie Elian, obligé chaque jour, à terminer son assiette par ses parents, alors que sa mère cuisine mal, et que les plats n'ont aucun goût.
L'enfant rêve d'odeurs, de saveurs alors qu'il est obligé de mâchouiller et surtout de ne pas tricher en vidant son assiette même avec beaucoup d'inventivité.
Il passe tous les jours en rentrant chez lui devant un restaurant réputé, mais son attirance va, non vers la vitrine, mais vers l'arrière de la boutique où s'affairent les commis, les cuisiniers…
Il veut être cuisinier plus tard, au grand dam de ses parents : si tu fais ce métier surtout n'utilise pas notre nom (ce serait déchoir !)
Le rythme est lent, Elie répète les mêmes erreurs chaque fois qu'il arrive à se faire une place dans un restaurant. On se croirait avec Pinocchio, et ses bêtises …
Bref, j'ai tenu tant que j'ai pu (les 2/3 ?) et fini par lâcher ma lecture, car les recettes un peu étranges, les mélanges des préparations style nouvelle cuisine, la cuisine et la bouffe en général ce n'est pas trop mon truc (en lecture du moins, mais je suis également incapable de suivre une émission culinaire et encore moins les toutes les shows : le meilleur pâtissier et ses dérivés)
C'est la première fois que je lis un roman de François Vallejo et je suis passée complètement à côté.


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Dans le dossier de presse de son dernier roman "Un dangereux plaisir", où "l'on mange et cuisine à tout va", François Vallejo, lauréat du prix du Livre Inter 2007 pour Ouest, raconte comment l'affaire personnelle décrite dans son livre lui est intimement personnelle, tant il a toujours été un de ces enfants pour qui la nourriture a longtemps été problématique ; une tarte aux fraises surgie dans la main d'une inconnue me révèle le plaisir de dévorer.

Cette scène fondatrice se retrouve dans d'ailleurs dans son dernier roman qui nous fait suivre, sur plus de 300 pages une sorte d'anti héros, Elie Elian, personnage simble mais ambitieux, à la double vie d'un petit garçon martyre de la nourriture et passionné de cuisine.

On suit les traces d' un vagabond affamé, vivant comme il le peut dans le vieux Paris qui va recueillant les rejets des arrière-cuisines, observant à la dérobée les techniques des apprentis cuistots pour se découvrir chef, puis propriétaire d'un grand restaurant, le Trapèze, le restaurant où son destin s'accomplira enfin.

Avec ce dangereux plaisir, Vallejo tisse un roman fleuve, d'une belle ambition pleinement assumée et qui fait penser aussi bien au "Parfum" de Patrick Suskind, avec dans les contours un peu de la truculence d'un Jean Teulé.

Il faut rentrer un peu dans l'univers de François Vallejo qui baigne entre euphorie, métaphores culinaires plus ou moins heureuses et humour un peu rabelaisien mais son ode aux plaisirs de la chair ( qui s'affiche reste sur la très belle couverture) n'en demeure pas moins stimulante, et pleine de rebondissements.

Un roman roboratif dans tous les sens du terme à la fin assez étonnante!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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S'il y a pléthore d'émissions de télévision sur la cuisine, si la gastronomie française est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO et si les fêtes de fin d'année donnent traditionnellement l'occasion aux éditeurs de proposer toute une série de livres de cuisine, il est en revanche assez étonnant que la littérature ne se soit pas davantage emparée de ce thème pourtant très riche. On saluera donc l'initiative de François Vallejo qui, au-delà de l'ascension d'un chef-cuisinier, nous propose un livre sur le désir et le plaisir, sur la passion et le pouvoir, sur l'envie et les dérives qu'elle peut engendrer.
Mais avant qu'Élie Élian ne trouve sa voie, il aura un bien curieux parcours. Chez lui la nourriture n'est pas bonne, les mets sont «insipides, incolores, inodores, comme tous les plats gorgés de flotte ». Aussi n'est-il pas très étonnant que le jeune garçon décide de fuir la table familiale et de devenir un extrémiste de la faim : « Il s'est résigné à manger le peu nécessaire à sa survie, pour ne plus inquiéter sa famille, en même temps qu'il développe une passion secrète pour les cuisiniers du voisinage, de plus en plus nombreux dans son quartier. »
Il aime assister au ballet des fournisseurs, voir les produits se transformer, sentir les odeurs. C'est décidé, il sera cuisinier ! Sauf que chez lui, on ne comprend vraiment pas cette décision : « des études pour la cuisine, cela n'a aucun sens. Un enfant qui a serré les dents pendant des années pour ne pas avaler ses repas, devenir gâte-sauce, cela n'a aucun sens. » Mais ses parents vont finir par céder à la condition que leur nom ne soit pas entaché par ce choix.
Élie Élian va alors devenir Audierne et s'introduire dans les cuisines du restaurant Maudor en s'invitant à la table de l'établissement, alors qu'il n'a pas d'argent. Sauf qu'il est trop honnête pour s'enfuir comme son acolyte et offre sa force de travail en échange du prix du repas.
Une tactique qui va lui permettre, petit à petit, de prendre le contrôle de la cuisine avec l'accord au moins passif de la patronne qui est en train de se tuer à la tâche : « La mère tient tous les rôles dans son modeste établissement sans employé, prévisions, commandes, achats, préparation, cuisine, dressage des assiettes, gestion. » Audierne va tester son savoir-faire, essayer de nouveaux accords et empiéter sur le domaine de Jeanne Maudor. Mais comme cela marche plutôt bien, que des partisans de cette nouvelle cuisine se déclarent, elle laisse faire. Mieux même, elle va accepter les assauts de son fougueux cuisinier. Qui, en sauvant la vie de quelques clients mal prix lors d'une manifestation, va pouvoir poursuivre son ascension. Il entre au «Trapèze» pour y parfaire sa formation sous l'aile de Monsieur Rambur, un solitaire « qui a fait de lui un imbécile instruit, l'a conseillé sur la meilleure façon de mener son affaire, de présenter ses menus, de parler aux clients aussi. » Et en faire l'héritier de son établissement à sa mort.
Tout semble lui sourire. Mais, il n'est pas encore débarrassé de son passé, de ses anciens «amis» et d'Agathe, la fille de Jeanne. Quant à ses livres de recettes, ils ne se remplissent plus avec le même élan qu'à ses débuts. Surmontera-t-il sa «plus grande crise d'invention culinaire» ?
Ce sera ‘un des enjeux de ce roman qui vous fera venir l'eau à la bouche tout en décrivant parfaitement un univers à nul autre pareil. Avec force détails, François Vallejo va parvenir à éveiller nos sens et à nous prouver, comme le titre de son roman nous le suggère du reste, qu'il n'est pas sans danger de se laisser guider par le plaisir. N'hésitez toutefois pas à passer à table !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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critiques presse (1)
Bibliobs
01 septembre 2016
C'est l'extravagance désinvolte de Vallejo qui fait sa différence. Et le parfum de mystère présent dans tous ses livres qui les rend si attrayants.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Des coquilles Saint-Jacques crémées au curcuma, vite chauffées , avec des chicons, elle n'en avait jamais proposé sur sa carte, même deux ou trois des plus vieux clients en raffolent. Elle en pique au passage dans la poêle noire, avant le service, fondantes, avec cette légère matière globuleuse qui résiste deux secondes sous la dent et s'étale en douceur. Elle n'a pas envie de les éliminer de sa nouvelle carte pour calmer sa fille.
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Élie considère cette période comme une des moins malheureuses de sa vie récente. Il suit les consignes d'un maître et s'en affranchit aussitôt, sans encourir trop de reproches.M.Jaland prend l'habitude de lui laisser la conduite des achats ,du renouvellement des menus ,de leur exécution, trop occupé qu'il est à organiser ses rencontres entre responsables élus ou cherchant à l'être, menacés où menaçant, discrets ou sûrs de leur destin.Un salon leur a été aménagé, insonorisé. Ils s' exaltent tranquillement ,sans que cela transparaisse, sauf si la porte reste entrouverte,à cause d'un serveur maladroit ou malintentionné
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Un défaut de grand chef peut-être, il voudrait extraire des humains ce qu’il obtient d’une volaille, d’un aloyau ou d’une rascasse. Les humains ne se laissent pas faire, Élie, ils sont vivants.
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L'endroit vient d'ouvrir,pas pour nous.Un décor neuf et coloré ,pas la peine d'y jeter plus qu'un œil, puisqu' on n'y mettra pas les pieds.Tout juste bon pour les heureux et les profiteurs ,on ne va pas s'abaisser à en faire partie.Ça c''est devant ,la belle rue.Mais derrière ,derrière, C'est la surprise ,pour l'enfant cette impasse pas reluisante .Il ne fait pas tout de suite le rapprochement entre la façade lumineuse d'un côté de la séance de l'autre ,rejeté vers l'arrière.
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Il est revenu le temps de la faim, de la vraie faim, que rien ne peut assouvir, une sensation insurmontable. Il lui arrive de penser qu'il préférerait crever de faim, crever tout court, pour que tout soit vraiment oublié. En attendant, il dort, le meilleur moyen d'oublier, à condition d'être épargné par les rêves.
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Vidéo de François Vallejo
Il est des hommes pour qui l'art est le théâtre de toutes les ambitions et de tous les risques. Il paraîtrait même que certains en sont morts. Avec Paul Greveillac ("Art Nouveau", Gallimard), Dominique Maisons ("Avant les diamants", La Martinière) et François Vallejo ("Efface toute trace", Viviane Hamy). Animée par Laure Dautriche, journaliste à Europe 1.
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