Peter ! Eveille-toi !
Pourquoi ?
Tu es en train de te noyer, imbécile !
" Il n'est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre".
Peter acquiesça. Alors qu'il se glissait aux cotés de Shirley sur la banquette de cuir, une phrase s'inscrivait en lettres de feu dans son esprit. Je suis un Outrepasseur.
Je ne te prête pas ma force depuis le début de cette aventure pour que tu me laisses tomber maintenant ?
Tu ne trouves pas bizarre que vous portiez les mêmes prénoms que vos ancêtres ?
Ne résiste pas. Ouvre-moi ton esprit.
Les Outrepasseurs. Tous ceux qui portent la Marque. Regarde ces jeunes gens. Voilà ta seule famille, à présent. Vous combattrez ensemble. Nos adversaires ne s’arrêteront jamais. Les fés nous pourchassent depuis huit siècles. Une éternité pour nous. Un instant pour eux.
Le roi blâma fort le bailli pour cet échec et il tomba en disgrâce. Il mourut seul dans son castel, quelques années plus tard.
Que choisir ? Laquelle des deux voix devait-il écouter ? La sueur perla à son front. Résister au renard lui déchirait les entrailles, le mal devenait atroce. Il apposa une main tremblante sur son abdomen. Il se détourna de Shirley, qui le suppliait en silence de se rendre. Il se tourna vers Mum, aussi pâle qu'un morte. Elle savait quel sort l'attendait s'il refusait. Chaque paire d'yeux qui se posait sur Peter, qui exigeait sa reddition, augmentait la pression sur ses épaules.
"Agenouille-toi"
"Soumets-toi"
"Prête serment"
"Obéis ! "
Où trouvait-il la force de tenir debout ? Il l'ignorait. Des griffes labouraient son ventre. Le renard devenait enragé. Il voulu se tenir aux rideaux qui entouraient chaque fenêtre. Et s'écroula. Aussitôt Monseigneur en profita :
- Hériter de la Maison du Renard, tu prendras le nom de Goupil.
Il hurla. Un fil de fer s'était soudain noué autour de son cœur. Chaque centimètre de sa peau brûlait. La magie du serment le liait de manière implacable. Il balbutia des réponses à chaque demande de Noble et quand l'heure fut venue de présenter sa promise, il ne put se tourner vers Shirley. Il n'entendit même pas la réponse de celle-ci aux questions de Noble. Il s'effondra au sol, épuisé à la fois par la lutte avec le renard et par le lien tissé par le balafré. Il n'en pouvait plus. Une larme lui échappa, roula sur sa joue. Il avait définitivement perdu sa liberté.
Des doigts couraient dans ses cheveux. Des ongles le chatouillaient, frôlaient sa peau. Les caresses, innocentes au départ, devinrent plus sensuelles. Elles parcoururent son corps entier. Elles découvraient des endroits secrets, où un simple contact faisait trembler Arnaut. Le plaisir l'envahissait peu à peu. Une chaleur inattendue inonda ses reins. Il savait d'instinct qu'en ouvrant les yeux, tout s'arrêterait. On mordilla soudain son oreille. Une langue effleura son cou alors que la main qui le torturait d'une manière si délicieuse descendait sur ses flancs, caressait son bas-ventre. Arnaut gémit et entrouvrit les paupières. Le Chasseur était penché sur lui.
— Tu m'appartiens.