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Critique de BazaR


BazaR
26 novembre 2023
Ce recueil a été un régal.

Il y a une unité de décor presque complète. John Varley est installé dans le système solaire. C'est confortable et douillet. Sa série des Huit Mondes, qui comprend pas mal de romans dont le canal Ophite, pourrait être le fond d'écran de la majorité de ces nouvelles. L'humanité a donc essaimé dans notre système. Elle n'a pas cherché à « terraformer » ces habitats – c'est probablement hors de portée – mais a développé des technologies pratiques et astucieuses.
Il y a ces champs de force performants qui couvrent aussi bien le corps (adieu les encombrantes combinaisons d'astronautes) que les villes. Ils peuvent se combiner : pour entrer en ville on combine son « scaphe » au champ de la ville ; et deux personnes peuvent combiner leurs champs et faire l'amour. Les habitants agrémentent leurs cités d'illusions holographiques qui imitent la Mars d'Edgar Rice Burroughs, les marécages vénusiens d'Edmond Hamilton voire un Disneyland sur la Lune.
Il y a aussi cette capacité à changer de sexe à volonté, quand l'envie vous en prend. C'est devenu la normalité, débarrassée des tabous primitifs. Plus fort : il est devenu usuel de prendre une assurance qui permet, quand le corps meurt, de charger une sauvegarde de son esprit réalisée à l'avance dans un clone (là aussi de sexe quelconque).
Tout cela forme le décor d'histoires qui sont dépourvues de haine, de batailles et de guerres. Des histoires que l'on peut qualifier de « feel good ». Par exemple le fantôme du Kansas qui commence brutalement par les attentats successifs et réussis sur les clones de Fox, une compositrice d'hallucinants spectacles, et se lit comme une enquête policière jusqu'à ce que l'on comprenne qui est « l'assassin » et ce qui le pousse à agir ainsi. Clones et assurances sont aussi mises en avant dans Trou de mémoire : une sauvegarde de personnalité foireuse et les efforts réalisés pour récupérer l'esprit de la personne, perdu dans une Matrice virtuelle onirique.
Mes deux nouvelles préférées sont, pour la première, Dans le palais des rois martiens et son petit côté Seul sur Mars, dans laquelle une expédition se voient isolée sur la planète Rouge et parvient à survivre grâce à l'émergence de mystérieuses formes de vie. Et pour la seconde Dansez, chantez, dans laquelle les hommes ont réussi à s'adapter à la vie dans les anneaux de Saturne en s'appariant à un symbiote végétal. L'un de ces êtres hybrides vient sur Janus, satellite de Saturne, pour finaliser la composition d'une oeuvre musicale que seuls les Anneaux peuvent inspirer.

Complètement hors cadre, la nouvelle Les yeux de la nuit, prix Locus 1979, est aussi une histoire poignante dans laquelle John Varley développe une société composée uniquement de sourds-aveugles. Les techniques qu'ils développent pour trouver leur chemin et surtout l'atmosphère de bienveillance et d'empathie qui y règne forment une véritable leçon d'humanité.

Un régal, je vous dis, qui m'incite à aller visiter d'autres romans de la série des Huit Mondes.
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