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Eh bien, j'y suis donc arrivée, à relire ce livre qui a tant marqué mon adolescence, et qui m'a précipitée dans un maelström d'émotions contradictoires, car je n'en faisais plus la lecture au premier degré comme autrefois, mais avec un recul de quarante ans.

J'ai du mal même à évoquer de manière détachée mes impressions de lecture, tant j'ai pris conscience au fur et à mesure que des images fortes du roman m'avaient marquée jusqu'à s'immiscer dans mes propres souvenirs, comme si j'avais réellement vu les mêmes scènes. J'avais tout oublié, mais des épisodes étaient restés échoués là, dans des recoins obscurs de ma mémoire, comme une barque retournée sur la plage.

Nous retrouvons Zézé sur une période assez longue, de ses 11 ans à 15 ans, durant le temps où il vit chez l'oncle qui l'a adopté et lui paie ses études, dans un collège de frères maristes, à Natal, ville du Nordeste du Brésil. Zézé - je dis Zézé, mais il a quantité de surnoms selon les personnes : Zé, Zéca, Chuch, Monptit... - n'a rien perdu de sa sensibilité ni de sa précocité. Mais il est adolescent, et la révolte devant les injustices vient s'ajouter à ses moments de désespoir et lui rend la vie compliquée. On ne compte plus les "guerres" qu'il mène au collège, il a toujours l'art d'écouter "la voix du diable" comme autrefois. du reste, je trouve qu'il a beaucoup de voix cet enfant, de dissociations en personnalités différentes, qui lui apparaissent tel son coeur sous l'aspect d'un crapaud-cururu, Adam, ou encore la figure du père idéal sous les traits de Maurice Chevalier. Je me suis demandé si ces personnalités ou amis imaginaires étaient le résultat d'une schizophrénie ou plus simplement d'un mécanisme de défense dû aux traumatismes vécus.

Zézé se sent mal dans sa famille, qu'il ne comprend pas et qui ne le comprend pas. Les reproches tombent, il est souvent privé d'événements dont il se faisait une joie, il se sent méprisé. Lui-même reconnaît avoir un caractère difficile, sauvage, ombrageux ; ainsi passe-t-il un bon mois sans adresser la parole à son père adoptif qui a été injuste envers lui. Heureusement, en plus de ses amis imaginaires, il peut compter sur plusieurs frères bienveillants au collège, qui l'aident à grandir droit et lui apprennent tout en même temps l'indulgence, la patience envers les bêtises de l'enfant, parce qu'il grandira et apprendra. On le couvre même pour satisfaire sa plus grande passion : nager. Ah ! l'épisode du requin... Je ne l'ai jamais oubliée de ma vie, cette "odeur de pastèque" !

C'est tout de même une des sources de ma gêne que l'attitude de Zézé envers les personnes qui le comprennent et l'aident : il est prompt à manipuler son entourage, à présenter les choses sous un jour avantageux (même s'il brille aussi par sa sincérité), voire à exercer une forme de chantage au suicide assez fréquente. L'auteur (ou narrateur) n'a pas pris assez de distance, il sombre parfois dans l'auto-complaisance, cela peut être agaçant ou désagréable. Je m'en suis presque voulu d'avoir autant aimé ce livre, de m'être tant identifiée à Zézé, comme si cela faisait de moi une personne qui avait été également complaisante envers sa jeunesse, et ses souffrances d'enfant. Vu de l'extérieur, si l'enfant précoce est touchant, l'adolescent suscite moins la compassion ou la compréhension, c'est peut-être le drame de nombre de jeunes, à qui l'on ne pardonne pas grand-chose, et à qui l'on demande d'entrer durement dans un monde dont ils ne veulent pas.

Il reste néanmoins ces évocations magnifiques qui ont marqué mes souvenirs, que j'ai retrouvées avec émotion (et tâché de communiquer dans les citations choisies) : grâce à Zézé, ou plutôt José Mauro de Vasconcelos, j'ai un peu grandi au Brésil, sentiment que j'ai retrouvé en marchant sur les plages de Rio il y a vingt ans. C'est toute ma jeunesse qui remue entre ces lignes, et ce n'est pas une mince affaire que de clore ces chapitres.
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Allons réveiller le soleil est la suite de «Mon Bel Oranger », roman autobiographique que j'avais lu à l'âge de huit ans et qui m'avait profondément bouleversé, autant dans ma sensibilité et ma vision du monde que dans mes intérêts littéraires et même culturels. C'est seulement adolescent que j'ai eu l'envie de découvrir, non sans une certaine appréhension, la suite de ces aventures. Et je n'ai pas été déçu.
Alors que Zézé était âgé de cinq ans dans le premier roman, on le retrouve ici à onze ans, pas tellement changé de ces six années. Il a été confié à une famille riche (qu'il n'affectionne pas plus que la précédente) afin de pouvoir réussir ses études et rapporter de l'argent à sa famille biologique qui vit toujours dans la misère.
Si le roman est globalement moins brillant que son prédécesseur, il en reste exceptionnel et porteur d'une émotion unique, propre à son auteur.
La poésie est encore plus présente qu'auparavant – et quelle poésie ! - . Ces métaphores pleines de tendresse, déjà présentes dans « Mon Bel Oranger » avec notamment ce pied d'oranges douces symbole de l'insouciance et la tendresse, sont de retour : Personne ne restera insensible à la relation entre Zézé et Adam, le crapaud cururu qui a mangé si gentiment son coeur afin de prendre sa place, et aider le petit garçon à ne plus avoir peur de la vie. le monde des rêves est complété par la présence fictive – et si réelle dans l'âme de cet enfant ! – de Maurice (Chevalier) que Zézé considérera comme son père. On ressent la peine infinie causée par la mort du Portuga, et la volonté d'une présence paternelle aimante et durable.
Tout cela avec une grande subtilité, délivrée par le style limpide et touchant de Vasconcelos, ainsi que par des phrases et des situations que l'on n'oublie pas.
Alors certes, l'on pourra reprocher au roman de s'étirer un peu en longueur, surtout dans la seconde partie de l'oeuvre. L'on critiquera aussi la difficulté, inexistante dans « Mon Bel Oranger », à suivre l'auteur tant il part parfois loin dans des sensibilités d'enfant qu'il ne clarifie pas toujours au lecteur. Enfin, les personnages et situations n'équivalent pas ceux de mon Bel Oranger, à l'exception du crapaud Adam et de sa relation avec Zézé, qui marqueront à jamais les lecteurs de ce livre.
Mais l'on est si transporté, émerveillé par cette histoire poétique d'un réalisme et d'un imaginaire exceptionnels que lorsque l'on referme cette oeuvre sur son final d'une émotion incroyable (probablement les meilleurs lignes tirées par Vasconcelos), l'on ne peut que pleurer de chaudes larmes sur notre sensibilité irritée, et prendre conscience que l'on tient entre nos mains un de ces livres qui marquent une vie.
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Lumineux, ! Triste mais doux, tragique mais plein d'espoir, beau tout simplement! "Allons réveiller le soleil" est la très belle suite du magnifique roman "Mon bel oranger", et une fois n'est pas coutume, elle est tout à fait à la hauteur de son prédécesseur et le termine à merveille!
Après avoir suivi l'enfance de Zeze, dans "Allons réveiller le soleil" nous allons suivre son entrée dans l'adolescence avec tous les grands changement que celle-ci augure... Touchant au possible, Jose Mauro de Vasconcelos m'a ici encore totalement éblouie! A lire à tous enfants... Même à ceux qui dorment encore dans nos coeur d'adultes!
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Toujours la même émotion à la lecture de la suite de "mon bel oranger".........
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Un récit émouvant sur la volonté de trouver des raisons d'espérer malgré la maltraitance, la solitude affective, les deuils... Un récit autobiographique qui montre comment l'imagination, une vie intérieure très riche aident à affronter la réalité. Zézé, enfant maltraité, abandonné et "mal adopté", se croit mauvais parce que turbulent ; il cherche dans ses rêves et dans l'affection que lui porte le moine Fayolle des figures paternelles réconfortantes. Petit à petit, celles-ci l'aideront à grandir mais certaines blessures peuvent-elles vraiment disparaître?
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la suite de mon bel oranger, il est pas mal un bon livre quand on est adolescent.
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