Le destin est assis et les genoux des dieux cruels, n'est-ce pas ? D'où la décision, irrévocable, de publier toutes les lettres d'amour reçues pendant les vingt premières années de ma carrière amoureuse.
Les relisant, presque une à une, dans ma cave l'autre soir en compagnie d'une grande bouteille de vin aussi âgée que moi, j'ai estimé que mes correspondantes possédaient toutes un talent soutenu, oui, il fallait retrouver et déchiffrer ces reliques importantes de mon passé.
J'ai reconquis là des battements de cœur intacts, là des demandes différentes, là des sollicitations parfois étranges.
Aucune n'a écrit d'une manière semblable, ni dit la même chose, ni proposé la même vie. Cette redécouverte me bouleverse. A de rares exceptions qui ne seront pas infligées au lecteur, toutes ces histoires valaient la peine d'être vécues en totalité. Foi de don Juan ! Mais j'ai préféré divaguer sur toutes les terres connues, goûter, abandonner et ensuite recommencer...L'avenir dira peut-être mon erreur. (...)
Amantes vives et secrètes, je vous chanterai jusqu'à la fin. Vos mots de réconfort, votre salive parfumée à la vanille, vos mots doux retrouvés le matin au bas de mes draps, vos sentences qui devinaient mon avenir de poète...(...)
Égéries de rêve, vous m'avez construit ! Pages de gloire, cicatrices, souvenirs flous, attendrissements venus parfois trop tard, fous rires, parfums suaves, je suis toujours là... A présent, j'arpente la terre sous une armure noire, luisante et cabossée.