J’avais honte, ma robe deux tailles trop grande – parce que c’était ainsi que me les cousait maman, pour qu’elles durent plusieurs saisons – encore collée à mon corps, mes pieds claquant dans mes sabots mouillés. J’avais mal au ventre, la nausée et le vertige rendaient chaque pas difficile et me brouillaient la vue. J’entendais cent abeilles bourdonner dans ma tête.
J'ai longtemps été convaincue de pouvoir tout supporter, à l'exception de la douleur de ma mère.
[...] mieux vaut être méprisé que méconnu.
Je riais aussi, sans bien comprendre pourquoi, mais j'aimais unir mon rire à celui de mes parents.
[...] j'avais déjà appris à ne pas trop jubiler parce que le destin, tricheur et maléfique, était toujours prêt à nous faire faux bond.
- C'est comme ça, Mari', si tu lances un caillou à la mer tu le vois pas. Mais tous ensemble, au fond, regarde comme ils sont beaux, regarde comme ils brillent. Nous aussi, Mari', on est comme les cailloux dans la mer. On brille que quand on est les uns avec les autres.
Malgré nos uniformes bleu ciel, nos cheveux relevés et l'interdiction de nous maquiller, les mondes différents dont nous étions issues constituaient une marque indélébile sur nos peaux.
Quand on est enfant, les adultes ont toujours l'air vieux.
- La quatrième, ça ne sert à rien pour les têtes de con.
Puis il regarda Vincenzo, qui n'avait toujours pas bougé. Il ne pleurait pas. Il se tenait là,immobile tel un chiffon en attente d'être jeté.
Les battements de mon cœur étaient si puissants qu'ils me semblaient capables de faire exploser la forme des choses.