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Citations sur Été indien (8)

Les courants ne vous emportent que si vous vous y jetez.
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- L'été indien, dit Claude.
- Oh, s'exclama Miss Sévoz, vous connaissez ?
Claude expliqua que son père, qui commandait un paquebot sur la ligne de l'Atlantique-Nord, lui avait souvent décrit et vanté cette arrière-saison.
Elle survient à New-York dans la première quinzaine d'octobre, souvent chaude au point qu'on n'y peut y supporter que des vêtements de plein été.
Miss Sévoz assura que c'était le plus beau moment de l'année, mais il était court, cessait brusquement, si bien qu'une nuit, on entrait en automne et un automne glacé ...
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Est-il resté deux ans sans toucher à une femme?
Une fois de plus, en hâte, elle répondait oui, et pour les raisons qu'elle alléguait d'ordinaire : la foi religieuse de Paul, dont il disait : "C'est un bloc. A prendre ou à laisser, mais pas à trier" ; son horreur de tout mensonge, son orgueil, celui de se gouverner, afin de pouvoir commander sans gêner ; son mépris secret de la femme, surtout, dont il l'exceptait seule.
Il y avait encore l'amour, que l'absence, chez lui, décapait de sa rouille ; le regret de son corps qu'il lui avait tant de fois, et si violemment, crié dans ses lettres... Cet amour, ce regret, elle n'osait plus les invoquer, ce soir, justement à cause des lettres, sa préoccupation profonde...
Pendant dix-huit mois, elle avait reçu d'Amérique des pages ardentes, qui la rendaient si heureuse et la désolaient en même temps, auxquelles elle s'interdisait de répondre du même ton, en lui expliquant qu'elle devait être raisonnable pour deux.
Mais il y avait eu comme une coupure dans ce courrier. Toute effusion avait disparu des lettres, depuis trois mois.
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- Ton mari... va bien?
Eveline inclina la tête.
- Très bien... Et il gagne beaucoup d'argent. Ici, c'est ce qu'on demande à un mari. Je suis devenue très américaine, tu sais.
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- Il s'agit de deux races de femmes : comédie ou vérité, fond ou surface. C'est aux hommes de choisir. Si la comédie les amuse, s'ils ne respirent qu'en surface...
- Il arrive qu'ils se trompent, [...] qu'ils prennent la comédie pour la vérité. Alors?
- Alors, tant pis pour eux ! Il fallait y regarder de plus près...
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Il n'est plus là. Il s'est enfui, sans fermer la porte. [...]
Durant quelques instants, elle a l'idée de passer une robe, de descendre. Peut-être le rattraperait-elle dans le hall, ou sur le trottoir : il attend sans doute encore un taxi... Et après? Si elle le retrouve, dans la rue, qu'a-t-elle à offrir, à demander?... Elle a le malheur d'être d'un monde, d'une éducation, d'une pudeur, qui ne permettent ni d'injurier, ni de menacer, ni de supplier l'homme qui vous quitte, comme peuvent au moins le faire les femmes du peuple !
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Peut-être ne parvenait-il pas à oublier qu'il s'appelait de Sévignac. J'en ai rencontré, qui avaient toujours l'air de sous-entendre, quand ils condescendaient à vous adresser la parole : "Rappelez-vous bien que vos ancêtres, quand les miens dormaient, battaient les fossés pour faire taire les grenouilles".
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Elle se rappelait son arrivée au collège de Vannes, à quatorze ans... La première récréation, cette fille brune, ses tresses nouées sous le nez en moustaches, et qui l'entourait de sauts. Elle traînait à sa suite tout un essaim de gamines friandes de persécutions. Elle avait demandé à Claude, de cette voix un peu rauque qu'elle venait de retrouver dans le téléphone :

- Comment t'appelles-tu ?

- Claude La Noue.

- La Noue ? Tu es bien sûre ?

Elle avait eu, elle, la candeur de répondre en souriant :

- Mais oui !

- Tu es bien sûre ? Ce n'est pas La Nouille ?

L'éclat de rire de toutes, à ce trait d'esprit, coupé net par la grande gifle abattue sur la joue de l'insolente, qui, après un moment de stupeur, avait chargé, mais en garçon, à coups de poing. Claude avait encaissé, dents serrées, en rompant à peine, mais quand l'autre avait demandé :

- Tu as compris ? Ce serait plus cher une autre fois, tu sais !

Une seconde gifle, plus décidée que la première, lui avait répondu. Immobile, toute blême, la fille avait longuement regardé Claude, puis elle avait menacé, à mi-voix, lentement :

- Toi, alors !...

Mais une surveillante arrivait à pas rapides. Elle n'avait vu que la gifle ; pourtant, elle ne prenait pas le change.

-Eveline Flossac, vous étiez encore en train de tourmenter la nouvelle, n'est-ce pas ?

La fille, dédaigneuse, attendait les pleurnicheries de l'autre, son mouchardage, l'annonce d'un rapport à la directrice. Mais "la nouvelle" avait déclaré d'une voix tranquille, avec un naturel parfait :

- Non, Mademoiselle, on jouait...

La surveillante, un instant déconcertée, s'était reprise et avait décoché à Claude un regard noir.

- Il faudra renoncer à ce genre de jeux ici, n'est-ce pas ? Et à ce genre de réponse...

Elle avait à peine tourné le dos que Claude s'était senti saisir la main. C'était le début d'une amitié exclusive, tyrannique, souvent orageuse, souvent efficace, mais toujours compromettante. Eveline Flossac était une récidiviste du Conseil de Discipline.
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