Citations sur Le mur grec (36)
Cherchons la vérité à défaut de faire régner la moindre justice.
Des écoliers passent sur le trottoir, la scène ne peut leur échapper, mais à force de croiser la misère, tous les matins sur le chemin du collège, le mot compassion disparaît de leur vocabulaire, pour laisser place à celui de malaise, cette forme d'impuissance qui leur fait baisser les yeux, eux-même réfugiés, mais dans leur propre angoisse.
En devenant escort, je savais ce que je faisais. Je prenais de l'avance, dix ans de ma vie gagnés en deux ans.
A qui pensait-il, devant sa fenêtre ? "Que le budget de la Défense n'a pas été coupé d'un centime, qu'une torpille sous-marine se dit toujours torpille sous-marine, mais que le découpage territorial d'Athènes a été passé au crible des petites économies, de celles qui voudraient obliger à changer jusqu'à sa manière de penser la ville où il est né. Unité territoriale, tu parles ! " Evangelos peine à comprendre ces mesures d'économie qu'il juge inutiles. La fusion des municipalités d'Athènes ne raportera pas un sou à l'Etat. Une division par deux ou trois du budget de l'armée, en revanche, aurait permis de réduire significativement la dette
Dans le Batman enfumé, l'air de liberté se respire à noirs poumons.
C'était sans compter de nouvelles couches de malheur, songe à l'instant Agent Evangelos, sans compter, en plus des six cents euros lâchés aux passeurs, le prix à payer pour se dégager de cette poisse qui encrasse le seuil de l'Union européenne où des Grecs, en 2010 comme en 1945, fouillent les poubelles pour trouver de quoi bouffer ce soir."
Agent Barbaros, qui croyait bien faire, avait appris que Barbaros, un ancien militant communiste qui avait fait fortune dans la vente d'équipements électroniques et la téléphonie mobile, actionnaire aujourd'hui de plusieurs grands quotidiens et membre du conseil d'administration d'une chaîne de télévision privée, propriétaire d'un grand magasin multimédia au centre d'Athènes...
C'est étrange, les cagoulés ne partent plus à l'assaut du Parlement, sur la place Syntagma.
Les tirs de roquettes contre les banques ont cessé, les cocktails Molotov n'incendient plus les rues de la capitale. Pourquoi plus personne ne descend dans la rue ? Toute cette colère, la gaine métallique chauffée à blanc du sapin de Noël carbonisé sur la place Syntagma, les jets de pierres contre la police, la rue Stadiou en flammes, le repli stratégique derrière les grilles du Polytechnique, la colère s'est évanouie. Personne pour s'en étonner.
Les bouzoukia sont fermés et ce petit monde ne chante et ne danse plus que sur invitation, demain concert en plein air, gratuit pour le bon peuple, la fête obligée dans l'amphithéâtre privé de quelque armateur qui achète ainsi son droit de décoller, cinq fois par jour avec son hélico, il décolle et atterrit, il décolle sur un caillou pelé des Cyclades, c'est là qu'il a posé sa villa. Tous au port ce soir, le riche régale ! Un type bien, rien à dire, il donne mille euros aux baptêmes, c'est lui qui a payé les nouvelles fenêtres de l'école du village et le poisson, hier soir à la taverne, c'est lui aussi. Le yacht du bienfaiteur mouille dans les eaux noires de la petite crique. Il bat pavillon australien. Patriote !
Au nord de la plaine centrale de l'Attique, cette immense brouette chargée d'éclats de marbre, le crâne chauve du Pentélique révèle sa face orientale au soleil.
Les flancs de la montagne ont brûlé tant et tant que plus rien n'a pu arrêter la poussée de la ville qui a tellement remué la terre qu'elle semble en sortir comme un ossuaire.