AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pavlik


Dans un monde d'homme, il n'est pas étonnant qu'Eliane Taïeb, alias Julia Verlanger, ait connu le succès sous le pseudo de Gilles Thomas, le temps de seize romans, parus entre 1976 et 1982. Une trajectoire courte, mais intense, qui n'est pas sans rappeler celle de Stefan Wul, avec qui Julia Verlanger a d'ailleurs entretenu une correspondance fournie.
La trilogie des Terres Sauvages est sans doute son oeuvre la plus connue, "l'Autoroute Sauvage" ayant maintenant le statut de classique de la SF française, un statut bien mérité selon moi.

Dans un monde post-apocalyptique, une poignée d'êtres humains tente de survivre dans ce qui fût la France. Ravagé par une guerre bactériologique, il y a une génération, le pays est devenu la proie de la terrible peste bleue, qui a décimé une grande partie de la population. Depuis, rats pesteux, mares de bactéries et poches de gaz mortels ce sont multipliés, surtout dans les grandes villes désertées. Les survivants résident donc principalement à la campagne. Au milieux de nombreux petits groupes (désignés sous le vocable "les groupés"), généralement dirigés par des chefs sadiques, violents et cannibales, circulent les solitaires, qui les évitent à tout prix. le réseau autoroutier, et ses abords, est leur terrain de prédilection. Il constitue en effet les routes les plus praticables et les plus sûres, car il est difficile de vous y prendre en embuscade.

Voilà pour le décors, qui sert de cadre à l'histoire de Gérald (tous les personnages ont des noms d'époque, du genre Raymond, Bernard, Josette etc...ce qui donne un côté bien franchouillard, et vu de notre temps, un brin comique à ce récit). Gérald, donc, est un solitaire, ce qui signifie un mec surentraîné, un as de la survie et de l'endurance. Il est franchement macho sur les bords, mais pas insensible pour autant. Et comme il le dit lui-même, l'égalité des sexes, il est parfaitement d'accord, mais il se trouve que dans un monde de survivants un homme c'est plus costaud qu'une femme et puis c'est tout. Je ne spoillerai pas outre mesure , mais il va rencontrer l'amour, quand Annie fera irruption dans sa vie, l'amitié, quand Thomas fera irruption dans sa vie et tout ça...ça vous change quand même une mentalité de solitaire. Au point d'accepter une périlleuses mission à Paris, ville de tous les dangers...

Je ressorts de cette lecture absolument conquis. Tout d'abord parce que Madame Verlanger sait écrire, il n'y a pas de doute là-dessus. C'est bien son style (et la narration à la première personne) qui donne une densité impressionnante à son héros. L'univers décrit est également palpable, l'auteur faisant preuve d'une sorte de sense of wonder réaliste saisissant. La romance entre Gérald et Annie est plutôt bien vue, et bien décrite, ce qui est rare dans une oeuvre de SF. Certes, les rapports homme femme sentent quand même les années 70, mais par ailleurs comment imaginer qu'il en soit autrement dans un monde post-apocalyptique ? Et finalement, par son amour et la force de son humanité, c'est bien Annie qui changera quelque peu Grérald, et non l'inverse (peut-être aussi, dans une vision plus prosaïque des choses, que Julia Verlanger avait bien conscience que son lectorat était principalement constitué d'homme, que ses collègues étaient tous des hommes, et qu'elle était éditée par des hommes).

L'ensemble est rythmé, dense, saisissant. le style est, pour ma part, délicieux (et il faut bien l'avouer, ce n'est pas toujours le cas dans les récits de SF). Je recommande chaudement et m'attelle sans plus attendre à la suite : "la Mort en Billes".

Commenter  J’apprécie          283



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}