Quand
Jules Verne, le 24 mars 1905, referme pour la dernière fois sa lunette d'observation et repose définitivement sa plume et son encrier, il laisse neuf manuscrits en attente de publication. Tous, sans exception ont été remaniés par
Michel Verne, certains un peu, d'autres beaucoup, et certains même complétement écrits par le fils de l'écrivain – sous le nom de son père ! de l'avis des spécialistes, tout n'est pas à jeter, mais le fils n'arrive pas à la cheville du père (si même il arrive à la plante des pieds, c'est un miracle). Fort heureusement, l'association qui gère les manuscrits de
Jules Verne (Société
Jules Verne) a pu mettre la main sur les manuscrits originaux et les publier, et mettre à jour la part (quelque peu malhonnête) prise par le fils dans l'oeuvre du père.
«
La chasse au météore » est donc un de ces romans, écrit vers 1901 et resté dans les tiroirs pendant des années, Contrairement à d'autres, il était complètement achevé. A la mort de l'écrivain (1905), son fils Michel, reprend le texte, le modifie considérablement, et le confie à l'éditeur en 1908. Ce n'est qu'en 1986 que la Société
Jules Verne propose le texte initial dans son intégralité.
L'idée du roman est venue à l'auteur après le passage d'un bolide dans le ciel du nord de la France (donc au-dessus d'Amiens où vivait
Jules Verne), le 16 août 1901.
Deux astronomes américains l'ont vu en même temps et s'en disputent la paternité : Sydney Hudelson et Dean Forsyth, étaient pourtant deux amis. Mais ce diable de météore (on dit aussi bolide) va les séparer (il faut préciser que le coeur de l'objet volant à peine identifié est en or, ce qui peut jouer un rôle dans l'histoire) ; tout ça ne fait pas les affaires de Francis Gordon, le neveu de Dean Forsyth, et de Jenny Hudelson, la fille de Sydney Hudelson, qui avaient envisagé d'unir leurs destinées. Alors que les grandes nations s'écharpent pour la récupération du bolide, celui-ci s'écrase finalement sur la terre.
Telle était la version écrite par
Jules Verne.
Michel Verne modifie quelque peu ce canevas, en y ajoutant le personnage farfelu de Zéphirin Xirdal, un savant français qui a trouvé le moyen de maîtriser la direction du météore, et donc d'en fixer le point d'atterrissage. Il intensifie la crise mondiale qui s'instaure autour du phénomène : panique à la Bourse, traficotages de toutes sortes, et même menaces de guerre. Finalement, dans cette version, le bolide finit dans la mer où il est complètement désintégré. le calme revient sur la terre et la vie reprend son cours.
Somme toute, si l'on ne connaît pas l'histoire de la publication, on prend un réel plaisir à lire ce petit roman : pas du grand
Jules Verne bien sûr, mais son fils a préservé l'essentiel : le mélange agréable de romanesque et de scientifique, l'humour, et même une critique anticapitaliste assez réjouissante. Et le personnage de Zéphirin Xirdal est une belle trouvaille !
Un téléfilm de 1966, réalisé par
Roger Iglésis, en marge du « Théâtre de la Jeunesse », rend un bel hommage au roman (disponible sur le site de l'INA)