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Critique de Lamifranz


Dans ses « Voyages extraordinaires » Jules Verne ne nous a pas souvent amenés en Extrême-Orient. A part les étapes Hong-Kong et Yokohama dans « le Tour du monde en 80 jours », les aventures de « Claudius Bombarnac », ou quelques coups d'oeil rapides depuis la dunette de l'Albatros dans « Robur le Conquérant », l'essentiel de l'Extrême-Orient vernien, nous le trouvons dans « Les Tribulations d'un Chinois en Chine ».
« Les Tribulations d'un Chinois en Chine » (1879) est un drôle de roman. On y trouve la plupart des thèmes vernien, l'aventure, le voyage, la découverte… mais l'argument de départ est plutôt insolite, jugez-en :
Kin-Fo, un jeune homme riche et oisif, s'ennuie. Il n'a aucune raison pour le faire, d'autant plus qu'il va se marier avec Lé-Ou, une ravissante jeune fille. Apprenant qu'il est ruiné, il charge Wang, son ami philosophe, de le tuer, dans un délai de cinquante-cinq jours, pour sentir « le piment de l'attente ». Il souscrit même une assurance au profit de Wang et Lé-Ou en cas de disparition. le problème c'est que la nouvelle était fausse, il n'est pas ruiné. Il faut donc retrouver Wang pour annuler le « contrat ». Mais Wang a disparu. S'ensuit une course-poursuite à travers toute la Chine. Kin-Fo, son valet Soun, et deux employés de la Compagnie d'Assurance sont ainsi amenés jusqu'à la Muraille de Chine où ils sont emprisonnés…
Il s'agit donc d'un roman typiquement vernien : une situation de départ déclenche un voyage plein de « tribulations » et le héros revient au point de départ plein d'expérience (je ne divulgâche pas, là, vous vous doutez que ça finit bien, non ?) On a connu ça dans beaucoup d'autres romans. Les portraits sont comme d'habitude assez stéréotypés, mais attachants, la touche comique est présente avec le domestique Soun et l'apparition de Craig et Fry, les employés de la compagnie d'assurances (en fait les ancêtres directs de Dupont et Dupond). le suspense est maintenu grâce à l'intrigue elle-même ; Contrairement à Kin-Fo au début du roman, on ne s'ennuie pas une seconde.
Mais on peut très bien ne pas s'en tenir seulement à ce point de vue, du lecteur purement ludique. Pour ma part, je vois dans l'aventure de Kin-Fo une dimension métaphysique : la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie (Malraux) Et la vie n'a jamais autant de prix que lorsqu'on sent qu'on va la perdre. C'est une leçon de sagesse que Wang donne à Kin-Fo et que Jules Verne donna à ses lecteurs. Jules Verne philosophe, ce n'est pas souvent qu'on le voit souvent sous cet aspect.
Pas aussi célèbre que le Tour du monde en 80 jours, Vingt mille lieues sous les mers ou l'Ile mystérieuse, (pour ne citer que trois titres dans la bonne douzaine d'incontournables romans de Jules Verne) « Les Tribulations d'un Chinois en Chine » mérite largement le détour. Ne vous en privez pas !
N.B. le film de Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo (1965) est très agréable à regarder, mais l'adaptation moderne du roman peut laisser les fans de Jules Verne sur leur faim
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