Citations sur L'île à hélice, tome 1 (23)
chaque habitant connaît exactement sa constitution, sa force musculaire mesurée au dynamomètre, sa capacité pulmonaire mesurée au spiromètre, sa puissance de contraction du cœur mesurée au sphygmomètre, enfin son degré de force vitale mesurée au magnétomètre. (p74)
vous fa-briquez aussi la pluie pour arroser vos pelouses et vos fleurs ?…
— Comme vous dites… monsieur, réplique l’Américain en faisant scintiller les joyaux de ses doigts à travers les fluescentes touffes de sa barbe.
— De la pluie sur commande ! s’écrie Sébastien Zorn.
— Oui, mes chers amis, de la pluie que des conduites, ménagées dans notre sous-sol, permettent de répandre d’une façon régulière, réglementaire, opportune et pratique. (p57)
On y voit aussi un fumoir où fonctionne le transport direct à domicile de la fumée de tabac préparée par une société fondée récemment. La fumée du tabac brûlé dans les brûleurs d’un établissement central, purifiée et dégagée de nicotine, est distribuée par des tuyaux à bouts d’ambre spéciaux à chaque amateur. On n’a plus qu’à y appliquer ses lèvres, et un compteur enregistre la dépense quotidienne. (p104)
Est-ce que la Compagnie ne possède pas nombre de câbles sous-marins, immergés sous les eaux du Pacifique, dont une extrémité est rattachée à la baie Madeleine et dont l’autre est tenue en suspension par de puissantes bouées ? Eh bien, quand nos concitoyens veulent entendre un des chanteurs de l’Ancien ou du Nouveau-Monde, on repêche un des câbles, on envoie un ordre téléphonique aux agents de Madeleine-bay. Ces agents établissent la communication soit avec l’Amérique, soit avec l’Europe. On raccorde les fils ou les câbles avec tel ou tel théâtre, telle ou telle salle de concert, et nos dilettanti, installés dans ce casino, assistent réellement à ces lointaines exécutions, et applaudissent…
— Mais là-bas, on n’entend pas leurs applaudissements… s’écrie Yvernès.
— Je vous demande pardon, cher monsieur Yvernès, on les entend par le fil de retour. » (p94/95)
Là, d’ailleurs, l’électroculture est largement employée, c’est-à-dire l’influence de courants continus, qui se manifeste par une accélération extraordinaire et la production de légumes de dimensions invraisemblables, tels des radis de quarante-cinq centimètres, et des carottes de trois kilos. Jardins, potagers, vergers, peuvent rivaliser avec les plus beaux de la Virginie ou de la Louisiane. Il convient de ne point s’en étonner : on ne regarde pas à la dépense dans cette île, si justement nommée « le Joyau du Pacifique ». (p71)
Les Français sont de tous les étrangers ceux la Compagnie accepte avec le plus de sympathies et de prévenances, étant donné qu’ils n’appartiennent pas aux races envahissantes de l’Europe. Mais, jusqu’alors un Français avait-il jamais paru à Standard-Island ?… (p110)
Ce qu’il convient d’observer, c’est que les impressionnistes, les angoissés, les fu-turistes, n’ont pas encore encombré ce musée ; mais, sans doute, cela ne tarderait guère, et Standard-Island n’échappera pas à cette invasion de la peste décadente. (p105)
Et voici Calistus Munbar qui s’emballe à nouveau, vantant sa ville, vantant son île – un morceau de planète supérieure tombé en plein Pacifique, un Éden flottant, où se sont réfugiés les sages, et si le vrai bonheur n’est pas là, c’est qu’il n’est nulle part ! C’est comme un boniment ! (p108)
Et cette Standard-Island, est-ce donc autre chose qu’un Great-Eastern modernisé, et sur un gabarit des milliers de fois plus considérable ? (p70)
l’électricité, cette âme de l’Univers. (p78)