AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


« Robur le Conquérant » fut mon deuxième « Livre de poche Jules Verne » juste après « le Château des Carpathes » et avant… tous les autres ! C'est un roman plutôt insolite, assez proche de « Vingt mille lieues sous les mers » : nous avons une sorte de surhomme, à la fois inventeur et meneur d'hommes, qui invente une machine nouvelle, et qui enlève de braves gens pour les emmener en voyage à bord de cet engin, nouveau modèle. La comparaison s'arrête là. Robur n'est pas Némo : loin d'exercer le pouvoir de fascination du capitaine du Nautilus, il apparaît au contraire comme un être mystérieux, certes, mais surtout orgueilleux et mégalomane (il se surnomme lui-même le Conquérant).
Nous sommes en 1886. le débat entre « plus lourd que l'air » et « plus léger que l'air » fait rage. Pour l'heure ce sont surtout les aérostiers qui tiennent la route… des airs. Aux Etats-Unis, Uncle Prudent et Phil Evans s'affrontent sur ce sujet, lorsqu' un inconnu vient les mettre d'accord en les enlevant, ainsi que leur domestique Frycollin, sur son vaisseau révolutionnaire, l'Albatros. Cet engin, construit en papier d'une dureté minérale, ressemble à un navire, propulsé par une forêt d'hélices horizontales, et mu à l'électricité. Ils font ainsi un tour du monde dans les airs, avant de s'en évader (non sans l'avoir miné). Ils mettent au point leur ballon révolutionnaire, mais celui-ci explose en plein vol lors de l'inauguration. Nos deux savants sont recueillis par … l'Albatros (un nouvel engin qui remplace celui qui a explosé). Robur essaye de les convaincre une nouvelle fois mais, devant leur refus, disparaît dans les airs.
Le nom « Albatros » pourrait venir du poème de Baudelaire qui porte ce nom, vous savez celui dont on dit : « Ses ailes de géant l'empêchent de marcher », Jules Verne connaissait certainement ce poème. Il est possible également qu'il fasse allusion à un engin spatial du même nom, construit vers 1867 par un nommé Jean-Marie le Bris, une sorte de barque ailée, faisant des vols planés (l'engin, pas Jean-Marie).
Contrairement à « Vingt mille lieues sous les mers » où la science avait le beau rôle, elle est ici un peu malmenée. le débat entre les « plus lourds que l'air » et les « plus légers que l'air » fait chou blanc. le « plus lourd » qu'est l'Albatros ne réussit pas à convaincre les savants. Par ailleurs les performances techniques de l'Albatros ne le préservent pas des dangers extérieurs ou intérieurs (au contraire du Nautilus).
Somme toute, « Robur le Conquérant » est un roman où domine la caricature : Robur, orgueilleux savant fou et mégalomane ; Uncle Prudent et Phil Evans, plus Américains qu'Abraham Lincoln, et savants ridicules dans leurs positions irréconciliables, et même Frycollin, domestique noir, forcément grimacier et affligé de tous les défauts, gourmand, paresseux et poltron (limite raciste l'ami Jules sur ce point-là).
Pas le meilleur des Jules Verne, mais à lire toutefois pour la détente et le dépaysement. On reverra Robur dans « Maître du monde » (1904) (celui-là, si vous n'êtes pas un vernophile acharné, vous pouvez vous en passer)
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}