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Critique de talou61


Comme il est indiqué sur la quatrième de couverture :
"un historien se penche sur l'histoire globale de cette captivité. Nourri de nombreuses archives encore inexploitées, Charles-Eloi Vial raconte avec un sens rare de la narration le quotidien des captifs et brosse le portrait de l'ensemble des protagonistes."

Je salue tout d'abord le travail de l'archiviste, conservateur à la Bibliothèque nationale de France et l'essai sur ce thème toujours très controversé.
Monsieur Vial prend soin d'aller chercher toutes les sources, des journaux des serviteurs et des royalistes en passant par les historiens modernes comme Annie Jourdan et Jean-Clément Martin et insère des notes en bas de page pour rappeler les évènements et les biographies.

L'auteur présente tout d'abord une analyse posée et brillante de la révolution, qui dès 1789, a été confrontée à deux problèmes :
- l'évolution du pouvoir exécutif et l'expression de la souveraineté populaire.
Ces deux problématiques apparaissent dès le début : la peur de la trahison, la hantise du complot entraine le système de terreur. Pour l'auteur, le contexte est marqué par une centralisation de la vie politique et un rejet complet du passé.
La description de la prison, appuyée sur les travaux de Lenotre et sur des archives sérieuses est unique.
L'étude du Temple après 1795 est très intéressante.

Quelques remarques :
- la politique de la Commune Insurrectionnelle qui gêne les mesures prises par la Convention est une thèse de François Furet, largement combattue et mise en doute par les nouveaux historiens.
- le chapitre sur les deux visions de la Révolution qui s'opposent lors du débat sur la mise en accusation du roi entre les Girondins et les extrémistes est un peu manichéen : les instruments du système de terreur ont été mis en place par la Girondins (tribunal révolutionnaire, comités …) Les positions de Saint-Just et de Robespierre ne peuvent se résumer en une phrase "exécuté sans procès" : Maximilien Robespierre, dans ses écrits, considéraient que c'était le peuple qui avait jugé le roi le 10 août, et donc il était illégal pour les députés de le rejuger sans remettre en cause la légitimité de l'insurrection.
- page 174, c'est Danton et non Maximilien Robespierre qui propose le 10 mars 1793 la création d'un tribunal criminel extraordinaire.
- page 344 : quand vous précisez que "la mort du petit roi reflète le mépris dans lequel le nouveau régime et ses partisans tenaient tous ceux qui s'opposaient à eux. Leur vindicte s'étendait aux femmes et aux enfants présumés complices en raison de leur naissance ou de leur région d'origine." Votre argumentaire ne s'adapte plus à la période de la convention thermidorienne et vous laissez planer un doute sur un génocide, terme réfuté par de nombreux historiens (Jean-Clément Martin) et par les faits.
- Bien sûr, ce n'est pas le thème de cet ouvrage, mais l'assassinat de deux députés : Lepeletier de Saint-Fargeau et Jean-Paul Marat, élus tous les deux, sont vraiment traités allègrement en deux lignes.
- Dans votre chapitre sur le voyage sans retour, vous décrivez longuement les fins tragiques de certains conventionnels, voire la malédiction, or vous omettez (volontairement pour argumenter votre discours) les conventionnels intègres qui poursuivirent leurs carrières, tel René Levasseur de la Sarthe.
- Vous oubliez de recentrer votre texte dans le 18e siècle et la plaidoirie pour l'exil du roi déchu, comme celle de Baudot qui déplora qu'on n'ait pas choisi la déportation des opposants, comme le firent les Américains, au lieu de les exécuter, oublie le contexte de guerres civiles et extérieures, la différence de territoire et de situation entre l'Amérique et la France (Les insurgés avaient gagné et leur territoire beaucoup plus vaste pour isoler des indésirables).
- La plaidoirie pour un membre manquant (le roi) dans le gouvernement français est une vieille revendication remise à l'ordre du jour par certains politiques comme Emmanuel Macron
- Il aurait été nécessaire de travailler sur les archives de pays étrangers (notamment Autriche) pour scruter les correspondances de Louis XVI et Marie-Antoinette qui démontrent leur double-jeu...

- enfin, je ne peux souscrire à votre conclusion dont le style moins neutre que l'ensemble de l'ouvrage m'a beaucoup surprise ; ainsi qu'au titre "la famille royale" (le roi est déchu) et le sous-titre "le remord de la Révolution".

Excellent travail d'archiviste et de d'analyste politique.

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