Citations sur Akowapa (27)
- Dis donc, Lino, t'as niqué la femme d'un ensorceleur ou d'un marabout ? Disparition de personne et maintenant on trouve le fourgon chez toi, t'es verni on dirait, commenta Walt, hilare.
Il faut accumuler une grande quantité d'heures et d'émotions communes pour fabriquer les conditions préalable à la confession, la vraie, celle qui ouvre le cœur et l'âme. D'une manière étonnante, ce sont les mauvaises heures et les galères qui soudent cette complicité naissante, jamais le confort et le calme. Dans une carrière, on ne croise cette possibilité de trouver un réel ami que trois ou quatre fois, quand on a de la chance. Et lorsque cela se produit, aucun des deux ne sait qu'ils sont à la fois le prêtre et le pénitent.
L'homme avait perdu le contact avec la nature au cours du vingtième siècle et depuis quelques années, il s'affairait avec une belle assiduité à perdre le contact avec lui-même.
- Tu as remarqué comme ici les cours d'eau possèdent des fonds superbes. Cette couleur ambrée est unique. C'est certainement dû au sable.
- C'est vrai, c'est assez typique. Et quand le soleil se cache, l'eau prend une teinte sombre, presque mystérieuse tout en conservant cette couleur au fond.
- Quand je pense que j'ai ce joyau à côté de chez moi et que je ne viens même pas y pêcher, soupira Lino.
Il était sale et déprimé, au fond du trou. Un gueux attendant la mort. Et puis quelque chose en lui avait tressailli. Un élément dont il ne soupçonnait pas l'existence. Un morceau de lui incorruptible et inoxydable, une chose qui vibrait à la lumière et qui tenait plus de l'acier que de l'organique. Une facette cachée qui ne se soumettrait jamais, qui finissait toujours par se dresser tel un cobra furieux.
Une prise après l'autre, une branche après l'autre. La douceur de la mousse humide qui recouvrait l'écorce à certains endroits était une découverte somptueuse, plusieurs fois il s'en emplit les narines.
Son regard était noir et un peu absent, comme si son esprit avait momentanément pris congé pour se délester de certaines choses et les jeter dans le fleuve des sentiments noirs.
Hollywood pouvait revoir sa copie, ils étaient complètement à côté de la plaque en matière de hurlements.
Puis ce furent des sons qui ne trompaient personne, ces bruits mats de coups absorbés en partie seulement par un corps, les bouffées d'air expulsées sous les impacts, les petits accrochages aux meubles, aux chaises qui raclent le sol, le ballet des chaussures sur le carrelage, les gémissements féminins, encore les coups et les borborygmes de fureur qui jaillissent entre les mâchoires serrées de Bob.
Dans ce pays, on ne dit pas les choses, on les appelle autrement, on ne les nomme plus en espérant qu'un jour elles finissent par disparaître. Mais même si on ne nomme plus la nuit ou le jour, ils sont toujours là.