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Critique de Pois0n


Après « Confessions d'une fan de Jane Austen », qui suivait les aventures de la moderne Courtney dans la peau de Jane en 1813, voici le tome paru deux ans plus tard en VO, suivant en simultané les aventures de Jane en 2009.

Le premier volet s'était avéré plaisant de bout en bout, mais gâché par une fin aussi cryptique que bâclée. Bonne nouvelle : si l'on ne comprend toujours pas le « comment » à l'issue de celui-ci (ce qui n'a, tout compte fait, pas grande importance), au moins est-on enfin éclairé sur ce qu'il s'est passé à la fin du précédent. Et même le « pourquoi » de cette confusion.

Autre bonne nouvelle : Laurie Viera Rigler parvient habilement à éviter de tomber dans la redite. Là où Courtney se retrouvait dans un univers qui n'était pas le sien, sans pour autant lui être tout à fait inconnu, Jane, elle, se retrouve catapultée à une époque dont elle ne connaît rien et où elle a tout à apprendre, de l'usage de la chasse d'eau au fonctionnement de l'électricité, sans parler des moeurs qui ont quelque peu changé en l'espace de deux siècles. Et, contrairement à Courtney dont l'objectif tout au long de son histoire était de rentrer chez elle, Jane fait d'emblée le deuil de son ancienne vie. Et de ses proches. Un peu trop rapidement d'ailleurs, ceci dit, vu le capharnaüm qu'est la vie de Courtney, elle n'a pas vraiment le temps de s'appesantir là-dessus...

Car il s'agit tout de même d'un tome miroir. Là où Courtney s'adaptait plutôt rapidement à sa nouvelle vie, plus de la moitié de ce second volet est consacré à la même phase chez Jane. Et autant le dire tout de suite : c'est LONGUET. Jane découvre les joies et inconvénients du monde moderne ainsi que l'entourage de Courtney pendant près de 200 pages, durant lesquelles ses « amies » la mettent en garde contre Frank et Wes tout en la prenant pour une folle, en boucle, sans que rien n'avance d'un poil, là où le premier tome s'avérait fluide et accrocheur d'un bout à l'autre.

Ceci dit, en dehors de ce démarrage digne d'un vieux diesel, cet opus surpasse son aîné sur plusieurs points. A commencer par une intrigue plus riche. Là où Courtney, au 19e siècle, n'avait rien d'autre à faire que de se laisser vivre en supportant la mère de Jane et en tentant de voir clair dans le comportement d'Edgeworth, Jane se retrouve à devoir gérer sa vie entière toute seule : travail, factures, repas, relations... Hors de tout contrôle parental, celles-ci sont chaotiques, entre les « amies » plus critiques qu'autre chose, l'ex prêt à tout pour revenir dans sa vie et Wes, dont les actes sont à l'opposé des mises en garde qu'elle reçoit contre lui. Heureusement qu'il y a aussi Deepa, qui, de simple connaissance de Courtney, devient pour Jane un soutien précieux et à l'écoute, et qui ne la juge jamais. On est loin de l'amitié somme toute superficielle qui la reliait à Mary deux siècles plus tôt.

Vous l'aurez compris, si Courtney devait éclaircir le mystère Edgeworth, Jane se doit de découvrir les véritables intentions de Wes. Mais là où Edgeworth n'était finalement pas très présent dans l'histoire précédente, Wes se trouve au centre de celle-ci. Et Wes est un sucre. Vraiment. Aux petits soins pour Jane/Courtney sans l'étouffer pour autant, patient, compréhensif, on comprend que Jane soit paumée quand on lui dit qu'elle doit s'en méfier. D'habitude en littérature, je préfère les bad boys rebelles, mais impossible de ne pas fondre pour Wes, qui est pourtant tout l'inverse !

Les oeuvres de Jane Austen sont aussi beaucoup plus présentes dans le roman (il faut dire qu'en 1813, il n'en existait que deux, alors quand Jane en découvre quatre de plus ainsi que les adaptations cinématographiques, c'est la fête). Je vais vous faire une confidence : je n'ai pas pu saisir toutes les références, l'intégrale des romans de la grande dame trônant dans ma PAL, mais n'ayant lu que les adaptations en manga d'Orgueil et Préjugés ainsi que d'Emma. Mais il est agréable de voir le sujet aussi bien intégré à l'histoire ; on sent à quel point Jane est fan, davantage qu'avec Courtney.
Le fantastique, lui aussi, est mieux exploité (d'ailleurs, on est désormais sûrs qu'il s'agit de fantastique et non d'autre chose !).

Bref, « Tribulations d'une fan de Jane Austen » reprend et améliore la recette de son aîné, corrige même son plus gros couac, mais perd hélas au passage le rythme prenant qui en rendait la lecture si addictive. Ceci dit, on passe un bon moment quand même.
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