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Citations sur Les loyautés (331)

Il y a longtemps, un homme m’a quittée parce ce que je ne pouvais pas avoir d’enfants. Aujourd’hui, chaque soir, il s’attarde à son bureau et rentre chez lui le plus tard possible pour ne pas voir les siens.

Page 156, Jean-Claude Lattès, 2018.
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Les loyautés.
Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants –, [...]
Ce sont les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves.

Page 7, Jean-Claude Lattès, 2018.
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J’ai remarqué sur son cou les traces du fond de teint qu’elle n’avait pas bien estompé et sur ses joues des rougeurs que le maquillage ne dissimulait plus. Le col de son chemisier était un peu élimé, et ses mains m’ont paru très abîmées pour son âge. C’était une femme que la vie n’avait pas épargnée. Une femme dont le rêve avait été piétiné et qui tentait de faire bonne figure.

Page 88, Jean-Claude Lattès, 2018.
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Les coups je les ai reçus et le secret je l’ai gardé jusqu’au bout. J’ai trente-huit ans et je n’ai pas d’enfant. Je n’ai pas de photo à montrer, ni prénom ni âge à annoncer, pas d’anecdote ou de bon mot à raconter.
J'abrite en moi-même, et à l’insu de tous, l’enfant que je n’aurai pas. Mon ventre abîmé est peuplé de visages à la peau diaphane, de dents minuscules et blanches, de cheveux de soie. Et lorsqu’on me pose la question – c’est-à-dire chaque fois que je rencontre une nouvelle personne (en particulier des femmes), chaque fois qu’après m’avoir demandé quel est mon métier (ou juste avant), on me demande si j’ai des enfants –, chaque fois donc que je dois me résigner à tracer sur le sol cette ligne à la craie blanche qui sépare le monde en deux (celles qui en ont, celles qui n’en ont pas), j’ai envie de dire : non je n’en ai pas, mais regarde dans mon ventre tous les enfants que je n’ai pas eus, regarde comme ils dansent au rythme de mes pas, ils ne demandent rien d’autre qu’à être bercés, regarde cet amour que j’ai retenu converti en lingots, regarde l’énergie que je n’ai pas dépensée et qu’il me reste à distribuer, regarde la curiosité naïve et sauvage qui est la mienne, et l’appétit de tout, regarde l’enfant que je suis restée moi-même faute d’être devenue mère, ou grâce à cela.
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Oui, j’étais peut-être une mouette engluée par la marée noire, mais aujourd’hui je ressemble étrangement au corbeau de l’histoire que me racontait ma grand-mère, ce volatile grossier au plumage d’ébène qui rêvait d’être un oiseau blanc. Car ainsi se poursuit la fable : l’oiseau se roule d’abord dans le talc, puis dans la farine, mais le subterfuge est de courte durée et ne pas à s’évaporer. Ainsi, il se trempe tout entier dans le pot de peinture blanche, duquel il reste prisonnier. Je suis cet oiseau noir qui voulait devenir blanc et qui a trahi les siens. Je me croyais plus maline. Je me croyais capable d’imiter le chant des tourterelles. Mais moi aussi j’ai perdu l’usage de mes ailes, et là où je suis, il est inutile de se débattre.

Page 167, Jean-Claude Lattès, 2018.
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Les loyautés.
 
Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants –, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l’écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d’ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires. 
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Ils n’ont pas eu besoin de parler pour savoir qu’ils pouvaient s’entendre. Il suffisait de se regarder ; communautés tacites – sociales, affectives, émotionnelles – signes abstraits, fugaces, de reconnaissance mutuelle, qu’ils seraient pourtant incapables de nommer. Ils ne se sont plus quittés.

Page 46, Jean-Claude Lattès, 2018.
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.....j’ai découvert que mon mari avait également ouvert un compte sur Twitter, qui lui permet, dans un format plus incisif et de manière aussi sournoise, de commenter tout et n’importe quoi, sans jamais assumer la teneur de ses propos. Drôle de monde qui nous laisse déverser ici et là une parole anonyme, ambivalente ou extrême, sans jamais nous faire connaître.
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Un soir, le journal télévisé a diffusé un reportage sur une marée noire provoquée par un accident de pétrolier. Nous étions à table. J’ai regardé ces oiseaux, englués dans le mazout, et j’ai aussitôt pensé à nous, à nous tous, ces images nous représentaient mieux que n’importe quelle photo de famille. C’était nous, c’étaient nos corps noirs et huileux, privés de mouvement, étourdis et empoisonnés.

Page 65, Jean-Claude Lattès, 2018.
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Un jour, il aimerait perdre conscience, totalement.
S’enfoncer dans le tissu épais de l’ivresse, se laisser recouvrir, ensevelir, pour quelques heures ou pour toujours, il sait que cela arrive.

Page 17, Jean-Claude Lattès, 2018.
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