Citations sur Les ciels furieux (28)
(en exergue)
…là où je suis, je ne sais pas, je ne le saurai jamais,
dans le silence on ne sait pas, il faut continuer,
je ne peux pas continuer, je vais continuer. (Samuel Beckett, l’Innommable).
Le feu est un être affamé, à la moindre occasion il mange les habitations et les gens, on le sait.
C’est un fou qui a eu cette idée. Ce sont des fous.
Elle crie. Elle crie jusqu’à perdre la voix sous les grands ciels furieux, elle crie jusqu’à presque tomber. Elle les appelle plus près encore et l’oiseau, affolée, crie aussi pour l’aider.
Ils viennent, ils arrivent.
(page 205)
Elle parle à ses doigts pour leur expliquer ce qu’elle fait, ce qu’elle va essayer de faire, elle parle pour les rassurer et aussi pour devenir neuf personnes ensemble réunies sous ce toit au lieu d’une seule qui ne serait qu’une proie.
(page 161)
Plus de chiens. Plus d’aboiements, de hennissements, de crépitements. Plus de dents. Plus de feu. Mais la forêt. La grande, la très grande forêt. Un nombre inconnu de mouches ou de punaises, d’araignées engourdies par le froid derrière les écorces.
(page 125)
Le colporteur vendait des colifichets et de la vaisselle, des perles ou des rubans, de petites bagues qui plaisent aux jeunes filles, mais rien de bon à manger.
(page 90)
La nuit dure si longtemps qu’on dirait qu’elle n’est pas comme les autres nuits, qu’elle est le lac au bord duquel elle est venue l’année dernière avec son père et avec Lev. Un lac infini, épouvantable et majestueux, sans la moindre transparence.
(page 54)
À chaque membre de la famille serait attribué un doigt. Tel était le système qu’elle venait d’inventer.
Pour commencer, elle avait compté.
Le résultat était qu’une main ne suffirait pas à caser ne serait-ce que les six enfants Sapojnik.
(pages 48-49)
Avrom ne ressemble pas à Lev qui a les oreilles décollées et la tête pareille à un œuf posé sur un cou crasseux de poulet. Avrom n’aura jamais ni le caractère ni les yeux mauvais du grand frère. Ça se voit.
(page 27)
Elle est très forte pour les mouches. Une fois, sa main a bondi, elle en a attrapé une qui s’obstinait à l’angle du carreau puis, sans réfléchir, elle l’a gobée. Avant qu’elle l’avale ça faisait dans la bouche comme un oiseau lâché.
(page 12)