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EAN : 9782246859857
160 pages
Grasset (09/03/2016)
4.06/5   43 notes
Résumé :

« Une nuit, ton fils s’est tué dans sa chambre, au premier étage de votre maison. Au matin à huit heures, avec son père tu l’as trouvé.
Depuis, à voix basse, tu lui parles. Tu lui demandes s’il se souvient.
La mer étale à huit heures du soir, les talus hérissés d’iris, les pierres de la cour tièdes sous la peau du pied, les filles dont les yeux sourient, toutes les choses belles et la lande silencieuse.
Tu espères tant qu’il est parti go... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Par une nuit de septembre, il s'est donné la mort. Pendu à la poutre de sa chambre...
Par un matin de septembre, s'inquiétant de ne pas le voir descendre, de n'entendre aucun bruit à l'étage, ils ont découvert son corps.
Quand il faut prévenir ses soeurs et leurs petits amis, quand il faut se rendre aux pompes funèbres, supporter les interrogatoires des pompiers et des policiers, Angélique s'y tient. Avec son mari. Sans verser une seule larme... On lui dit que c'est normal. Que c'est le choc.
Mais après ? Comment vivre la vie après cela ? Est-elle toujours sa mère ? A-t-elle toujours trois enfants ?

C'est avec beaucoup d'émotions que l'on referme ce témoignage. Les mots nous manquent. Tout comme Angélique Villeneuve à qui il manque ce mot qui n'existe pas. Elle, que voilà désormais "orpheline de fils". Comment surmonter l'après en son absence ? Les regards ? Les mots que certains évitent ? Les toutes premières fois qui vont durer au moins une année ? Et c'est avec une extrême pudeur, tout en retenue, que l'auteure met des mots sur ses maux. Des mots doux, tendres, aimants, vibrants pour celui qui n'est plus là physiquement mais qu'elle ressent au plus profond d'elle-même. Avec une incroyable justesse, une infinie douceur, une élégante poésie, Angélique Villeneuve raconte la douleur, le chagrin, le manque parfois, la vie après...
Grâce à elle, Octave revit sous sa plume. Elle qui l'a rendu plus que jamais vivant, beau, grand. On le devine, on le ressent. Dans les mots. Entre les lignes.
Poignant...
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Ce livre est un trésor. Un concentré de pudeur, de dignité, d'humanité et surtout d'amour. Un amour si fort, si pur qu'il permet de dépasser sa propre souffrance, de ne pas condamner mais au contraire de comprendre. Et de célébrer la vie, malgré le drame, malgré l'impuissance, malgré le choix de celui qui a préféré fuir. Avec ce récit poignant mais toujours digne, l'auteure montre aussi le pouvoir des mots qui réconfortent, qui soignent, qui permettent de se raccrocher à la vie, au beau, à l'avenir.

Cette Nuit de septembre, le fils de la narratrice âgé de 21 ans a choisi de mettre fin à ses jours. Pourquoi ? Nous ne le saurons pas, la lettre qu'il a laissée à ses parents leur appartient et le sujet n'est pas là. Il s'agit plutôt de vivre l'après. de trouver les ressources, d'assumer son rôle auprès de ses deux autres enfants. L'auteure trouve dans l'écriture, qui est déjà son métier, son quotidien, le moyen de poser ses émotions et peut-être de les analyser avec un peu de distance, impression renforcée par l'utilisation de la deuxième personne du singulier. Elle dit l'après. Les formalités à accomplir, la vie autour qui ne s'arrête pas, l'impression de tout ressentir avec une acuité multipliée par cent, le regard des autres, leur peur du mauvais geste, du mot de travers...

"Car tu n'es plus un auteur, une amie, une voisine, le membre d'une parentèle, tu n'es même plus une femme. Tu es la mère d'un suicidé, la mère d'un enfant mort, tu n'es qu'un torrent noir aux rives affolantes. Rien d'autre."

Mais elle dit aussi la renaissance. Elle pour qui les mots sont si importants souffre du manque d'un mot pour désigner précisément sa situation. "Orpheline d'enfant ça ne se dit pas. Rien n'existe dans la langue française pour dire ce que tu es".

Si ce récit est empreint de lumière c'est avant tout par la volonté de cette mère d'avancer. de chercher à prolonger l'empreinte de son fils plutôt que de s'enfermer dans un mausolée. Malgré la douleur des premières fois "sans", malgré la boule qui ne quitte pas ses entrailles. A chaque page elle célèbre la vie dans laquelle elle puise ses ressources, et surtout le beau, les belles choses qui la rattachent à son existence.

Ce récit m'a bouleversée. Par sa justesse, sa sobriété, sa volonté de trouver l'expression exacte. Un témoignage à haut pouvoir de réconfort et surtout, un très bel objet littéraire. Superbe.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Commencé  son année  littéraire avec Nuit de septembre, c'est y entrer  comme on entre à  l'église un jour d'enterrement. Avec recueillement face à  la douleur, avec respect face à  la dignité, avec compassion face à  la détresse.
C'est, une fois de plus, être  touché  par les mots d'une auteure qui s'adresse à  une mère orpheline de son fils. Un fils, selon la phrase consacrée, trop tôt  disparu, même  si ce départ a été son choix. Cette mère, c'est elle, actrice de ce drame qui n'emploie pas le "Je" mais qui décrit le quotidien du "Tu".
Des mots simples pour exprimer ce que, trop nombreuses, vivent les mères qui voient partir l'enfant chéri.
Pourtant, moi qui suis si sensible, je n'ai pas pleuré à ces mots. Non, j'ai écouté Angélique Villeneuve, parce que je crois que ce livre c'est ça,  tout simplement, une conversation avec le lecteur. le sujet est grave, bien sûr, mais l'écriture est belle, émouvante, vraie.
Elle nous parle de l'absence, de ceux qui restent, des souvenirs, de l'adieu, et de l'espoir de revoir une dernière fois, de la tristesse qui peu a peu s'estompera....ou pas.
Angelique Villeneuve m'avait bouleversé avec ses Fleurs d'hiver, merci à  l'amie qui m'a permis de découvrir Nuit de septembre, et d'y rencontrer Shakoula cette mère, orpheline d'un fils, que son coeur n'oubliera jamais.

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Parce que son fils s'est suicidé, Angélique Villeneuve a dû exorciser cette blessure par des mots. Des maux qui ne s'apaiseront jamais mais qu'elle a choisis de partager avec ses lecteurs, peut-être pour adoucir leur poids et pour continuer à parler aux vivants.

Ce n'est pas un texte larmoyant, ni empli de colère. Au contraire, c'est un texte poétique, doux, murmuré. Un texte qui permet d'entrer dans les pensées d'une mère, amputée d'une partie d'elle-même. Une mère qui cherche sa nouvelle place imposée par l'absence. Et le fait de ne pas employer le pronom je, mais le tu, permet sans doute un certain recul face à la douleur.
« Une nuit, il s'est tué dans sa chambre, au premier étage de votre maison. Au matin à huit heures, avec son père tu l'as trouvé. »

C'est un récit plein d'amour pour celui qui a décidé de tout quitter. C'est un récit plein de dignité pour celle qui souffre. C'est un récit plein d'espoir pour ceux qui restent. Vivre l'après est une épreuve mais le réconfort existe, et Angélique Villeneuve nous le prouve. Les autres, la nature, les animaux, partout la vie est là et l'auteure y a puisé sa force pour continuer.
"Tu ne veux pas du silence, du secret. C'est d'abord un refus. Tu veux du mot. Et puis encore une fois, tu veux qu'on t'aide à porter. A tes épaules, d'autres épaules, à tes mains, d'autres mains prolongées d'autres bras. Qu'on t'accompagne. Qu'on soit plusieurs, c'est ça. Une troupe. Une mer."

J'ai aimé la précision des mots employés par Angélique Villeneuve. J'ai aimé sa recherche de mots pour signifier l'absence. Je n'ai pas été émue par son récit mais éclairée. Bien sûr ses mots m'ont touchée mais ils m'ont surtout servi à comprendre, à peser le manque, à combler le vide. Les morts ont leur façon bien particulière d'accompagner les vivants, n'est-ce pas ?
« Je me sens heureuse quand je retrouve ses mimiques sur le visage de ses deux soeurs. Il est là, avec nous, parmi nous. »

Lien : http://mespetitesboites.net
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Comment donner mon avis sur ce livre d'Angélique Villeneuve ? Trouver des mots si légers qu'ils viendraient se poser sur les siens comme la vibration d'une aile de papillon ? Il y a ce livre, que j'ai lu il y a plusieurs mois, déjà, et que je continue de garder enserré dans ma poitrine. Il y a ce qu'il exprime et il y a tout ce qu'il fait résonner en moi. Il y a une auteure et il y a une mère. Il y a la mort et il y a la vie. Comment modeler tout cela en des phrases qui exprimeraient l'ensemble, l'intime, le littéraire et le réel, l'écriture et ses effets ? le plus facile serait de ne pas en parler du tout et de garder pour moi seule les tremblements qu'il a fait naître. Mais ce ne serait guère lui rendre hommage. Et, surtout, ce serait empêcher que mes mots puissent, chez chacun ou même chez un seul, susciter le désir de pénétrer dans cette Nuit de septembre et d'y trouver réconfort. Prétention de ma part, peut-être. Toutefois, il me semble essentiel d'avoir la possibilité de s'aventurer sur ce chemin de vie, que l'auteure, comme un nautonier qui infléchirait sa trajectoire, éclaire en sentinelle blessée.
La narratrice entre dans cette nuit de septembre lorsque son fils, à 21 ans, choisit de se suicider. Longue nuit d'une mère qui, dès lors, commence une quête douloureuse mais vitale. Comment est-on mère d'un enfant mort ? Habituée, par son métier d'écrivain, à faire confiance aux mots pour exprimer, pour explorer pensées, émotions et sentiments, elle utilise les pouvoirs de la langue et de l'écriture pour défricher les chemins de "l'après" avec toute la puissance que donne l'amour. Les mots deviennent ainsi les jalons d'un cheminement intérieur qui permet de reconstruire un être, sans oublier, sans rien occulter, mais en acceptant de plonger au plus dense de la souffrance. Cette capacité à poser les choses, pour mieux les décortiquer, dépouille la douleur de ce qu'elle a d'inconcevable, la circonscrit, en quelque sorte, comme pour l'apprivoiser, sans jamais la faire disparaître.
Amplifié par l'emploi de la deuxième personne du singulier, ce léger pas de côté permet de fouiller la force du lien, le chagrin solaire des souvenirs, les abysses de l'absence irrémédiable, la béance au coeur de la vie et, finalement, d'inscrire ses "pas dans un présent possible". Faire le récit de ces jours enténébrés, c'est aussi laisser filtrer la luminosité intense des bouffées de vie auxquelles le chagrin s'intègre. C'est faire le choix paradoxal de supporter l'insupportable et de préserver cette part de nuit, de garder à vif cette blessure sans que jamais elle ne vienne masquer la beauté du monde. Ne plus souffrir ne serait-ce pas oublier ? Si l'on refuse cet oubli, alors il faut accepter la douleur. Mais l'accepter sans résignation, sans larmoiements, sans impudeur, comme partie intégrante de ce que l'on est. L'accepter dignement, consciemment, parce que, sans doute, c'est là que continue de respirer l'enfant disparu.
Je sais déjà qu'aux moments de chaos, les mots d'Angélique Villeneuve seront là, toujours, et que cette luminosité qu'ils réfractent fera apparaître "les belles choses" et rendra les choses belles.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
De ça, on ne se remet pas.
Ces mots-là, si terribles, t'ont été dits aussi. De ça, on ne peut jamais se remettre.
Tu ne sais pas qui est ce "on" dont cette femme te parle, les yeux brillants soudain, s'il s'agit à demi-mot d'une mère, d'une "bonne" mère.
Faudrait-il, de surcroît, "se remettre" de ce que l'on vit ?

"en italique"
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Avant, bien longtemps avant ce jour-là, sans te sentir vraiment concernée tu avais lu ou entendu ces histoires à propos de la douleur.
On le disait, on l'écrivait, certains en tout cas le disaient, l'écrivaient, la douleur est une bête fidèle. Au moindre signe elle accourt, quand le monde déserte.
La douleur comme une créature.
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Depuis le tout début, depuis le jeudi de sa mort, d’invraisemblables questions toupillent dans ta tête.
Tu as deux filles vivantes, merveilleuses, mais combien tu as d’enfants, tu l’ignores.
Lorsqu’un enfant meurt, est-on toujours sa mère, est-ce qu’un enfant perd sa mère en même temps que la vie ?
Est-ce qu’un fils, tu en as encore un ?
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T'apercevant au loin dans la rue, ceux que dans ton quartier tu connais changent soudain de trottoir ou rebroussent chemin. On ne t'invite plus à dîner le soir, ne te donne plus rendez-vous au café de la place pour bavarder de tout, de rien. ...(page 36)
...car tu n'es plus un auteur, une amie, une voisine, le membre d'une parantéle, tu n'es même plus une femme. Tu es la mère d'un suicidé, la mère d'un enfant mort, tu n'es qu'un torrent noir aux rives affolantes. Rien d'autre. (Page 37)
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Il y a ces phrases qu'on t'a dites. Qu'ont certainement entendues toutes les femmes, tous les parents dans ton cas.
Il n'y a rien de pire que de perdre un enfant. Rien de plus éprouvant qu'un deuil après un suicide. Alors, il doit être terrible de cumuler les deux.
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Angélique Villeneuve, La Belle Lumière, éditions Le Passage
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