P 43 – le peuple mal taillé
Nous sommes des pierres mal taillées
Nous sommes nos ébauches
Nous sommes nos peurs d’enfant
Nous regardons les nuages
p 42 – en travers de la gorge
Pardonne-moi ma belle
Mes humeurs de vieux chat
J’ai le monde
En travers de la gorge
De l’ego à revendre
Et mon impotence
À mettre une seconde devant l’autre
Est plus que patente
Je suis un Schtroumpf grognon
Qui découvre la vie
Dans un monopoly géant
Les barbots du sablier
Faire les poches du temps
en remplissant les siennes
de sable
nous sommes
les pickpockets
du compte à rebours
La forêt qui ne brûle jamais
Le soir je traverse
torche à la main
une forêt pleine
de questions
qui se balancent
doucement
aux branches
d'arbres inconnus
comme des silhouettes
de pendus
Le ciel comme enclume
Cet instant
de métal
entre le jour
et la nuit
Le silence
des dernières
branches
qui mangent
la lumière
Petit linge intime du ciel
Des trouées mauves
dans la toile noire
un scintillement glacé
qui s'installe
du tulle blanc
virant au rose
petit linge intime du ciel
le jour se lève
Au fond du bol
le café
au fond du ciel
le cafard
et la bêbête boit mon petit noir
C'est quoi les fraises bois?
Des bonbons sauvages.
Se taper sur l'épaule
pas de mot ou plutôt tous
tous les mots dans la paume
tous ceux qui manquent
qu'on ne prononce pas
quand on est un homme
si ce n'est en se tapant
silencieusement sur l'épaule
(Les mots sur l'épaule)
Nous apprenons à l'instant
le décès instantané
d'un petit matin frais
fauché en pleine course
par un quotidien trop pressé
Aux dernières nouvelles
le champ des possibles
s'écoule encore de son ventre
sur la chaussée