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EAN : 9782264069436
120 pages
10-18 (16/03/2017)
4.03/5   159 notes
Résumé :
Joseph, 37 ans, mène sa barque comme tout le monde. Atteindre le soir, le lendemain. La fin du mois. Les prochains congés. Finalement, rien n’a changé depuis l’enfance. Mais il n’est plus un enfant, il en a un, Noé, et le bateau tangue. La mère de l’enfant s’en va puis l’enfant à son tour – le temps des vacances.
Le baron perché se serait réfugié dans son arbre, Alexandre le Bienheureux dans son lit. Joseph, lui, commence par grimper dans le cerisier du ja... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
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Une affaire de nuages.
Un long poème sur l'instant qui passe et toutes nos journées perdues à se donner l'illusion. le café du matin. le travail. Les courses au supermarché. L'attente des congés payés. le pavillon, et son petit jardin. de temps en temps, une pizza.
Une banalité affligeante qui étrille nos rêves, qui tue l'amour.
Un jour, celle pour qui on aurait fait dix fois le tour de la terre, s'en va, déçue, amère, fatiguée. Elle s'en va sans se retourner, construire une autre vie ailleurs, en prenant le gosse par la main.
Joseph, 37 ans, n'a rien vu venir. Il n'a pas vu venir grand-chose dans sa vie. Il se retrouve seul, complètement vide de lui-même, à attendre le retour à heure fixe de Noé, le fils prodigue, celui qui illumine dans la grisaille.
Mais Joseph n'a pas dit son dernier mot. Il cherche à petits pas à ranimer ses rêves, à bousculer son quotidien trop sage. Et d'abord, prendre son temps. Cette impression de tenir tête à la tempête. Il le fait pour Noé. Pour essayer de retrouver son amour perdu, mais sans trop y croire.
Perché sur un cerisier, il va découvrir le monde qui l'entoure. Qu'il n'avait jamais pris la peine de regarder. Il va savourer chaque seconde qui passe. Il va s'ouvrir aux autres, à d'autres éclopés de la vie. Il n'attend plus rien des autres, même du visage rieur de la « voisine flute traversière ».
Noé peut vivre de ses rêves. de tous ses rêves. Son papa sera désormais là pour l'accompagner. Il en a de la chance.
Un beau livre qui, mine de rien, avec tendresse, et désespoir, et beaucoup d'amour, parle de nous.

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Le sourire de Noé à travers la vitre embuée lui rappelle à quel point son fils est sa bouée de sauvetage. Son nuage. Son équilibre. Même précaire. Vaciller. Espérer. Attendre le soir qui tarde, grimpé là-haut dans sa cabane. Pour seule compagnie la voisine flûte traversière qui le berce. Fuite en avant pour mieux se retrouver. Contempler le ciel et les nuages. S'étendre. Trouver refuge dans un arbre, les pieds suspendus, les yeux au ciel, le coeur en jachère. Parenthèse enchantée et enchanteresse...

Thomas Vinau n'est pas un écrivain mais un poète. Dans ce roman vibrant, hommage aux choses qui nous entourent et que l'on ne prend plus la peine de regarder, l'auteur dessine les mots, réenchante le quotidien et nous invite à un véritable voyage vers les nuages. Epuré, sensible, doux-amer, poétique, parfois mélancolique, ce roman ouvre le champ des possibles. Economie de mots et courtes phrases pour une profusion de sentiments. Thomas Vinau ne se raconte pas, il se lit.

La part des nuages... des étoiles dans les yeux...
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Il y a du Calvino chez Vinau.
Mais son Baron perché à lui, c'est Joseph.
Et en l'absence de son petit gars parti pour quelques jours chez sa mère, il va couci-couça Joseph.

Blotti dans la cabane au fond du jardin (non Francix, tu ne chanteras pas), retranché parmi les ramures du cerisier débonnaire, Joseph est en semaine buissonnière. Imperturbable errance d'un adulte en perte de repères.

Ça démarre nuageux, et puis ça grimpe aux arbres, bonjour là-haut, direction la lumière.

Et moi je découvre Thomas Vinau, ses lignes aérées comme des poèmes en prose, sensibles, évidentes et brutes, ironiques, mélancoliques et pourtant bien vivantes. Suivre Joseph dans ses journées de régression solitaire c'est comme sauter à nouveau dans les flaques et rallumer les étoiles, l'air de mine de rien.

« Ce livre est une fenêtre qui pousse dans les terrains vagues… »
C'est Vinau qui l'écrit à la fin du bouquin.
Vinau aime les terrains vagues.
Et TerrainsVagues aime Vinau.
Tout se tient.
Merci Pascal pour le partage : )

Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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J'aime tout chez Thomas Vinau.

Sa brièveté qui n'est jamais frustrante. Sa tristesse qui n'est jamais pesante.
J'aime les poètes qu'il fréquente- Lowry, Pessoa, Brautigan, Pirotte, Péret..

La part des nuages est comme son joli titre: un saut cotonneux dans un coup de blues, un coup de mou, un jour sans.

Huit jours, plutôt.

Une semaine sans son fils pour un papa fraichement -douloureusement?- divorcé. Une semaine sans Noé pour Joseph.

Un boulot qu'on n'aime plus, une femme qui ne vous aime plus, un enfant qu'on n'entend plus , une tortue, même, qu'on ne retrouve plus. Et la pluie qui a trop plu, qui plussoie tout ça de son vilain gris pluvieux....

Et pourtant quelle pêche il nous dépêche, ce livre-là!

J'aime Thomas Vinau parce qu'il a un véritable don d'enfance. Celui d'enchanter les moments gris.

Joseph est tout fragile, tout ébréché. Un grand enfant lucide. Son fils parti, il s'autorise à régresser. Il se fait des faux mots d'absence, il dévalise de bonbons la supérette, il déménage dans la cabane de Noé, en haut du cerisier. Il y sirote , il y fumote, il s'y dorlote.

Puis il descend de son arbre , il s'ouvre aux autres. Un compagnon charpentier déchu mais qui sait voir le monde d'en haut. Une flûtiste toute griffée qui rit et qui pleure. Et une tortue furieuse et fugueuse.

Tous ces petits mondes l'enrichissent et le remplissent. Le réjouissent.

J'aime Thomas Vinau pour ses mots légers, ses mots profonds, sa musique grave et tendre, qui chantonne en nous quand il fait silence, qui rayonne en nous quand il pleut.

J'aime Thomas Vinau qui dit si bien, si vite, les ruptures du quotidien, si juste, si près, les vertiges de la conscience, si fort, si chaud, la générosité des rencontres, la tendresse des animaux, la ferveur de la terre et la rêverie du ciel.

Et si haut, si loin, les nuages, là-bas, les merveilleux nuages...


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Dans le cadre de l'opération « j'ai encore pris un grand pied grâce à un billet lu sur babel » je remercie cette fois ci soazcongar.
Après « Imaginer la pluie » puis « Trouée dans les nuages », aucune raison de ne pas rester là haut puisque je m'y sens si bien. C'est maintenant « La part des nuages » qui vient mouiller mes côtes.

« Les choses arrivent sans qu'on les voie. Si les mauvais coups avaient des clochettes aux pieds on le saurait. C'est la faute à personne. Chacun obligé de mettre un jour devant l'autre. Pour être tout à fait sincère il avait un peu vu la grisaille pointer son nez. Une sorte de déception latente dans les yeux de sa femme »
Quelle banalité que cette histoire et pourtant…
Joseph aurait pu sombrer comme tant d'autres mais son petit Noé est là pour le sauver au milieu du déluge, pour lui éviter le naufrage en ouvrant l'arche de son coeur dans une tendre complicité.
Euh… oui bon, je sais que c'est pas terrible le truc de l'arche de son coeur et en fait la totalité de la phrase mais c'est pas mon truc ce genre de choses. Même si j'ai été touché, je ne suis pas « famille » du tout, donc je ne sais pas trop comment m'en sortir. En même temps c'est autre chose qui m'a embarqué dans ce bouquin alors pour ce qui est du « bon sentiment » … j'arrête là.

La part des nuages c'est la période que va passer Joseph sans son fils, parti une semaine chez sa mère. D'un manque, il va faire une force.
Thomas Vinau invite le lecteur à retrouver son âme d'enfant, à grimper aux arbres, dormir dans une cabane, à sauter dans les flaques, parcourir la vie sur des sentiers hors piste.
Une absence comme une révélation, la découverte d'une voie oubliée, celle d'une renaissance. de celle qui fait faire ce qui ne sa fait pas, ou plus, ou si peu, comme regarder les autres, s'y intéresser.
Et puis il y a cette rencontre avec un exilé de la vie qui fait du crépuscule un baume apaisant qui protègera des morsures de l'aube. le genre de rencontre où on est le maître du monde, ce monde que l'on refait comme seule la nuit le permet.
Un monde rempli de poésie, de celle qui transpire dans les courtes phrases de Thomas Vinau. Poétique et rythmé en même temps, quelle belle lecture.
Pères isolés, pères entourés, peu importe, impossible de ne pas embarquer dans ce merveilleux voyage.
Mamans seules ou pas, comment ne pas craquer devant tant de tendresse d'âme.
Bon, c'est vrai que pour les psycho rigides maniaco truc qui parleront d'immaturité du pôv mec qui promène sa tortue (s'appelle Odile la bébête et pas Caroline, preuve qu'il se laisse pas influencer le pôv mec) et dont le gamin n'est pas au lit à 19h pétante avec la raie bien au milieu et je sais pas quoi, ben perdez pas votre temps, ce bouquin n'arrangera pas votre ulcère, mais pour tous les autres, foncez, c'est tout court, tout frais, une vraie friandise qui laisse des traces de chocolat partout autour de la bouche.
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Citations et extraits (101) Voir plus Ajouter une citation
Ce jour-là ne fut le jour de rien. Justement. Pourtant il n'était pas pire que les autres. Pas de changement notable. Pas d'évènement. Aucune surprise naissante. Aucun début. Aucune fin. Aucun rebondissement. Rien de flagrant, si ce n'était sa concordance avec hier et demain. Lui, ne s'est pas levé transformé en cafard. Personne ne venait de mourir. Il n'a pas décidé de changer quelque-chose. Ni de faire comme avant. Ni de regarder autrement. Ni de regarder autre chose. Il s'est levé avec le jour. Il a suivi l'ascension graduée de la lumière. Il a couru derrière. Il a fait ce qu'il avait à faire. Conservé ce qui pouvait être conservé. Protégé les siens. Fait les courses. Ravalé ses insultes. Mis un pied devant l'autre. Il a été un homme. Un peu pénible. Un peu bon. Il ne fut ni honteux ni fier. Fatigué. Comme chaque soir. A l'abri comme chaque soir. Plutôt content que les choses se passent normalement.
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Repousser ce moment où l’instant capitule. Pousser des pieds la nuit. S’étirer tranquillement et prendre de la place. Se donner de la place. Là. Ici et maintenant. Entre chien et loup. Au mitan de la défaite et des rêves. Quel drôle de pli on prend à attendre de vivre. Quelle drôle de manière de courir ainsi après la fatigue et de laisser demain prendre la place d’aujourd’hui.
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Quand on s'intéresse un peu objectivement à la question, le champ des possibles donne le vertige. Des castors qui arrêtent des fleuves. L'eau qui peut fragmenter la roche. Gandhi qui libère un continent sans prendre les armes. La transplantation d'un cœur humain. Ça, ç'a de la gueule. Mais pour ce qui est parfois d'atteindre le soir, ou le lendemain. Ou trouver une raison de sourire. Ou un moyen de s'endormir un peu. Juste s'endormir un peu. Tranquillement. Paisiblement. Là, y a plus personne.
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On est des étincelles perdues, de la poussière d’étoile et de boue, l’espace entre deux doigts qui claquent, la distance entre le rien et le rien, éperdus et patraques, des dieux sans mode d’emploi, moins que des bêtes, un rire perdu dans la grande soupe cosmique, une allumette qui ne sait pas quand elle s’éteint.
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Il en faut peu parfois pour se sentir libre. Il y a des instants, des éclats, qui vous sauvent en un quart de seconde de la putréfaction spontanée. Allumer un feu. Atteindre le sommet d'une colline. Libérer un cerf-volant. Les dernières minutes d'un marathon. Le fruit cueilli en haut de l'arbre. La première clope. Toucher la main de celle qui. Une fuite effrénée dans les rues. Sécher les cours. Tenir tête à un gros bras. esquiver la police. Galoper. Atteindre en apnée l'autre bout de la piscine. Frauder. Résister. Arriver en haut de l'arbre. L'aube après une nuit blanche. Pisser dans un jardin. Appuyer sur l'accélérateur en laissant dans son dos les lumières de la ville. Danser avec une fille. Lever le poing dans une manifestation. Sauter du pont dans la rivière. Surprendre une bête sauvage. Explorer une maison abandonnée. Se perdre, drogué, dans la nuit. Marcher sur les mains. Aimer quelqu'un. Il en faut peu pour se sentir libre.
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Videos de Thomas Vinau (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Vinau
« Nul dieu ne t'aidera, nul programme, nul parti, nul bulletin de vote, nulle masse, nulle unité. Je suis le seul capable de m'aider. Et c'est en moi-même que j'aiderai tous les hommes dont les larmes débordent. » B. Traven est Traven Torsvan qui est Berick Torsvan qui est Otto Feige qui est Hal Croves, qui est Ret Marut, enfin, je crois. B. Traven est né un an avant la mort de Karl Marx, enfin, je crois. B. Traven est un romancier allemand et un activiste anarchiste, un de ces hommes de l'ombre au petit chapeau rond qui font bouger l'histoire sans perche à selfie. […] Il a pris un nom différent partout où il a fait de la prison. Il a fait de la prison partout où il a incité à la révolution. […] » (Thomas Vinau, 76 clochards célestes ou presque, Éditions le Castor Astral, 2016)
« L'homme qui a tant fait couler d'encre dans les dernières décennies de sa vie est mort le 26 mars 1969 dans la ville de Mexico à des âges différents, non sans avoir épuisé plusieurs identités dont aucune ne paraît être la vraie. le succès des romans de Traven […] a déclenché une « chasse » à un individu qui ne se laissait pas photographier […]. La seule chose prouvée est que B. Traven ne fait qu'un avec Ret Marut […]. […] le proscrit réussira à débarquer, dans des conditions ignorées, sur les côtes du Mexique au cours de l'été 1924. La vie qu'il va mener sous le nom de Torsvan, ingénieur américain, pour être moins mystérieuse, n'en reste pas moins secrète […]. […] Cet apatride sans identité obtient finalement la nationalité mexicaine en 1951. […] Il faut considérer le romancier […] comme un aventurier écrivain qui a passé la majeure partie de sa vie à égarer les soupçons – pour mieux enfoncer les preuves de son humanité comme autant de clous dans les têtes molles du siècle. […] » (B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018)
« […] Quoique mes oeuvres soient traduites en dix-sept langues, je n'ai ni maison ni argent et je ne possède qu'un minimum de vêtements indispensables. […] » (B. Traven, Lettre à Solidaridad Internacional Antifascista)
0:00 - L'art des Indiens 4:27 - 2e extrait 4:45 - 3e extrait 4:59 - 4e extrait 5:32 - Générique
Référence bibliographique : B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018
Image d'illustration : https://www.gettyimages.fi/detail/news-photo/traven-schriftsteller-d-portrait-im-profil-undatiert-news-photo/537147851
Bande sonore originale : Bensound - Tomorrow Tomorrow by Bensound is licensed under a CC BY 4.0 Attribution International license.
Site : https://www.bensound.com/royalty-free-music/track/tomorrow
#BTraven #LeGrosCapitaliste&AutresTextes #LittératureAllemande
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